Homélie du Père Charles Mallard du 13 décembre 2020

Reconnaître celui qui est au milieu de nous
3° dimanche de l’Avent – Année B
Is 61,1-2a.10-11 ; 1 Th 5,16-24 ; Jn 1,6-8.19-28
La figure de Jean-Baptiste est véritablement une figure centrale du temps de l’Avent, ainsi les évangiles du 2ème et du 3ème dimanche évoquent toujours le Précurseur. Cette année, on peut même avoir l’impression que les textes se répètent, et il faut faire l’effort de regarder les références pour s’assurer que le prêtre ne s’est pas trompé de page ! Pourtant dans les paroles du Baptiste, il y a une parole étonnante sur laquelle il vaut la peine de s’arrêter : « au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ». Évidemment il ne s’agit pas de regarder son voisin d’un air suspicieux ou curieux, mais plutôt de réaliser que nous sommes invités à faire plus attention à la présence divine qui nous accompagne.
On peut passer à côté de quelqu’un sans le reconnaître pour plusieurs raisons : cela peut être par distraction : on pense à autre chose, on regarde ailleurs, du coup on ne le voit pas. On peut aussi passer à côté par ignorance si on ne sait pas à quoi il ressemble, comme quand on croise dans une foule une célébrité qu’on n’a jamais vue. On peut enfin passer à côté par préjugé : quand on pense par exemple qu’une telle personne ne pourrait avoir une allure si modeste ! Eh bien les conseils de saint Paul aux Thessaloniciens, dans la deuxième lecture, peuvent nous aider à ne pas passer à côté du Seigneur sans le reconnaître.
D’abord il invite à des attitudes spirituelles : « soyez dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance ». Il s’agit de tourner notre attention vers le Seigneur. Non pas comme on s’inquiète d’un personnage lointain, mais comme on côtoie un ami qui nous accompagne. Si l’on prie sans relâche, ce n’est pas pour se faire entendre d’un administrateur insensible ou d’un artisan débordé, mais c’est pour être présent à sa présence. Si l’on rend grâce en toute circonstance ce n’est pas pour développer un optimisme béat, mais pour reconnaître le don de Dieu et d’attacher à ce qu’il nous donne plutôt qu’à ce qui nous manque. Ainsi le signe que nous serons attentifs à celui qui se tient au milieu de nous c’est que nous demeurerons dans la joie, même dans les difficultés et les contrariétés. Peut-être pouvons-nous faire pendant ces prochaines semaines un effort d’action de grâces : pourquoi ne pas prendre la résolution de remercier chaque jour le Seigneur pour une belle chose que nous avons vécue ?
Ensuite l’apôtre des nations exhorte à certaines dispositions intellectuelles : « N’éteignez pas l’Esprit, ne méprisez pas les prophètes mais discernez la valeur de toute chose ». Il ne s’agit pas de faire de grandes théories, ni de savants calculs, mais de garder notre esprit tourné vers le Seigneur pour le connaître mieux. Comment pourrions-nous le reconnaître si nous n’apprenons pas à le connaître ? Dans le souffle de l’Esprit, dans la méditation des promesses, dans l’écoute de la parole, le temps de l’Avent est particulièrement propice à se laisser instruire par le Seigneur. Choisissons un verset, par exemple dans les textes de la liturgie, pour nous en souvenir régulièrement, pour en faire la devise de notre journée ou de notre semaine. Non pas pour enrichir notre culture biblique – même si c’est toujours une bonne chose – mais surtout pour permettre à celui qui a inspiré la Parole de nous guider et de nous faire grandir.
Enfin, parce qu’il ne suffit pas de tourner notre cœur et notre tête vers le Seigneur mais aussi notre vie, saint Paul termine par des conseils pratiques : « ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de toute espèce de mal ». Évidemment c’est ce que nous devrions faire tout le temps, mais nous savons malheureusement que nous avons encore des progrès à faire ! C’est concrètement que nous devons lutter contre nos préjugés sur le Seigneur : annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir les cœurs brisés, délivrer les captifs et libérer ceux qui sont prisonniers de leur souffrance, ça ne se fait pas dans de belles paroles, mais dans des gestes concrets. Le temps de l’Avent nous invite à cette purification de garder plus fermement le bien, de s’éloigner plus résolument du mal. Vérifions que nous n’avons pas déjà abandonné nos résolutions, mais que ceux qui nous entourent peuvent espérer par notre comportement cette année de bienfaits accordée par le Seigneur.
La remarque de Jean-Baptiste à ceux qui l’interrogent doit nous bousculer pour que nous ne passions pas à côté de celui qui est déjà au milieu de nous. La prière, spécialement d’action de grâces nous aidera à éviter la distraction spirituelle ; la docilité à la parole nous permettra d’éviter l’ignorance ; l’engagement et la droiture contribuerons à éviter les préjugés.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle alliance, qu’elle nous rende présents à la présence et reconnaissants du don de Dieu. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à nous laisser guider par l’Esprit Saint. Mère du Bel amour qu’elle nous encourage dans nos efforts pour témoigner de la bonté du Seigneur, afin que fleurisse là où nous sommes la justice et la louange pour les siècles des siècles.