Homélie du Père Charles Mallard pour l’entrée dans l’Avent 2020

Entretenir le désir de Dieu
1° dimanche de l’Avent – Année B
Is 63, 16b-17.19b ; 64,2b-7; 1 Co 1,3-9 ; Mc 13,33-37
Pour entretenir en nous le désir de Dieu, les textes que nous venons d’entendre suggèrent plusieurs moyens.
D’abord il y a le texte d’Isaïe, avec ces formules magnifiques : « Pourquoi nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? » ; « reviens, à cause de tes serviteur » ; « Ah si tu déchirais les cieux ! ». C’est la première expression du désir : demander. Si l’on ne demande pas ce que l’on veut, personne ne sait qu’on le veut … et l’on peut l’oublier nous-mêmes ! Réclamer est le premier moyen pour creuser le désir. Les enfants le savent bien, et les manifestants aussi ! Mais nous nous doutons bien qu’il ne s’agit pas de favoriser les caprices, ni même d’encourager à la revendication. C’est sur un tout autre plan que nous sommes appelés : celui de la prière. Le temps de l’Avent est un temps où nous devons intensifier notre prière. Non pas en quantité, en multipliant nos doléances, mais en qualité, en vivant de manière plus intense cette prière qui est le cœur de la foi chrétienne : « Viens Seigneur Jésus ». C’est très bien que la messe nous manque et qu’on le fasse savoir, mais ça ne doit pas nous faire oublier que c’est d’abord le Seigneur que nous attendons, et c’est sa présence que nous désirons. Faisons attention à ce que le désir des moyens ne nous fasse pas oublier le désir du but !
Ensuite il y a la lettre de saint Paul. Aux Corinthiens qui avaient un peu oublié le but de leur foi, l’apôtre des nations rappelle les grâces qu’ils ont reçues. C’est le deuxième moyen d’entretenir le désir de Dieu : le souvenir de la promesse. Car la mémoire du passé n’a d’intérêt que si elle éclaire le futur. Le rappel de ce que nous avons déjà, augmente en nous le désir de ce qui n’est pas encore. Ainsi, plus on se souvient du don de Dieu, plus on est impatient de ce qui doit venir et donc plus on est attentif à l’attendre. Le temps de l’Avent est un temps qui nous invite à plonger plus profondément dans la connaissance et la méditation de la Parole de Dieu. Il ne s’agit pas de se livrer à un exercice d’érudition, mais de se laisser apprivoiser par l’Esprit Saint, de se laisser façonner par le Seigneur. La Bible devrait devenir pour nous comme une maison, comme un monde familier qui nous guide et nous entraîne. Pendant ces jours qui nous séparent de Noël, prenons le temps de fréquenter un peu plus et un peu mieux la Parole de Dieu.
Enfin il y a l’exhortation de Jésus : « Prenez garde, restez éveillés ». Jésus prend l’image du maître qui a confié sa maison à ses serviteurs et qui peut revenir à tout moment de son voyage. Ce n’est pas la première fois que Jésus nous prévient que son retour ne sera pas un rendez-vous soigneusement noté dans notre agenda, mais une surprise qui ne doit pas nous prendre au dépourvu. Aussi la troisième manière d’entretenir le désir de Dieu, c’est la vigilance. Il nous faut être vigilant à rester ce que le Seigneur nous a demandé d’être. « Il a fixé à chacun son travail » dit l’évangile. On comprend que le maître entend trouver chacun à la tâche qui lui a été confiée. C’est pourquoi l’Avent est un temps de conversion, un temps où nous essayons de faire mieux ce que nous devons faire, un temps où nous essayons d’être plus ce que nous devons être. Car, malheureusement, le péché nous détourne du cœur de Dieu, il nous distrait de notre vocation et il nous fait oublier ce que Dieu nous a demandé. Pendant l’Avent, se convertir, c’est se ressaisir, revenir à l’essentiel.
Nous voici donc au début de ce chemin qui doit faire grandir en nous le désir de la présence divine. Comme un signal, l’Avent nous rappelle à la vigilance : demander avec plus d’insistance la venue du Seigneur dans la prière ; garder plus fidèlement la promesse en méditant la parole de Dieu ; rester attentif à devenir ce que nous sommes, pour que le Seigneur nous trouve prêt quand il viendra.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle soutienne notre prière ; Fille de Sion qu’elle nous apprenne à méditer toute chose dans notre cœur ; Mère du Bel amour qu’elle nous guide sur le chemin de la sainteté pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.