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Père Charles Mallard-17 janvier 2021 : La maison de Dieu n’est pas un hôtel

17 janvier 2021

La maison de Dieu n’est pas un hôtel

2° dimanche du Temps Ordinaire – Année B

1 S 3,3b-10.19  ; 1 Co 6,13b-15a.17-20 ; Jn 1,35-42

Nous sommes bien placés pour savoir qu’il n’y a pas que les fêtes dans la vie ! Il y a aussi ce temps ordinaire qui sans avoir l’éclat des moments exceptionnels, n’en constitue pas moins la charpente de l’existence, celle où s’éprouve dans l’austérité de la fidélité, la vérité de ce que nous sommes. Je ne sais pas si c’est un clin d’œil de l’Esprit Saint, mais les textes d’aujourd’hui évoquent un thème que nous avons eu le temps de connaître : la demeure, l’habitation. Il est vrai qu’il s’agit de la demeure de Dieu, plutôt que de la nôtre.

D’abord, il y a l’appel de Samuel. Celui-ci dormait dans le temple du Seigneur. On imagine bien qu’il y était en pension ou en apprentissage, et que son éducation se faisait à l’ombre du sanctuaire, au rythme des célébrations. On peut dire, sans tordre le texte ni trahir l’histoire, qu’il habitait dans la maison de Dieu. Or, il nous est dit que « Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur ». C’est même pour cela qu’il va trouver le prêtre Eli lorsqu’on l’appelle. Remarquons ce qu’il y a d’incongru à ce que celui qui habite la maison de Dieu ne le connaisse pas ! Comme nous l’avons entendu, ça ne va pas durer, et Samuel va apprendre à connaître le Seigneur. Mais nous voilà prévenu d’un premier aspect : si nous sommes appelés à demeurer en Dieu, c’est pour apprendre à le connaître. Il ne s’agit pas de cohabiter comme des étrangers qui s’ignorent, mais d’approfondir notre connaissance de celui qui nous rejoint et qui se tient à nos côtés. Comme pour le jeune Samuel, le témoignage de ceux qui nous entourent permet de nous introduire à la connaissance de Dieu, mais celle-ci devient personnelle quand nous disons cette belle prière suggérée par Eli : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ».

Ensuite, il y a l’histoire d’André et de l’autre disciple. Ils demandent à Jésus : « Maître, où demeures-tu ? » et Jésus les invite : « venez et voyez ». Or non seulement ils voient où il demeure, mais « ils restent auprès de lui ce jour-là ». Il ne s’agissait pas de satisfaire une curiosité postale pour connaître l’adresse du Seigneur, mais d’entrer dans une intimité qui prend le temps de durer. « Vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage » dit saint Paul dans la lettre aux Éphésiens. C’est le deuxième aspect de cette invitation à demeurer en Dieu : la fidélité et la persévérance. Si nous trouvons que la prière est longue comme une soirée de confinement ; quand nous sommes impatients des lenteurs de la vie spirituelle ou que le Seigneur tarde à exaucer nos demandes, souvenons-nous que Dieu ne nous demande pas de lui rendre une visite de courtoisie mais qu’il nous invite à demeurer avec lui. La foi se vit dans l’histoire et non pas dans l’instant : ce qu’il y a de meilleur se déploie dans le temps.

Enfin, dans la lettre aux Corinthiens, saint Paul a cette belle expression : « votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint ». C’est-à-dire qu’avant que nous demeurions en Dieu, c’est lui qui demeure en nous. Le secret de la sainteté c’est souvent d’accepter que Dieu nous prenne à contrepied de nos premières impressions, ou plutôt, il s’agit de se laisser transformer pour ressentir et savoir à la manière de Dieu qui n’est pas la manière du monde. Le troisième aspect de demeurer en Dieu, c’est la transformation qu’opère en nous sa présence. Comme la présence de Jésus dans la maison de Zachée a transformé son cœur, nous pouvons être transformés par la proximité du Seigneur si nous savons l’accueillir et lui faire une place dans nos vies. C’est ainsi que Simon est devenu Pierre lorsque Jésus posa son regard sur lui. Demeurer nous rapproche, et le rapprochement façonne la ressemblance.

La demeure de Dieu n’est pas un hôtel où chacun mène sa vie dans l’indifférence ou le hasard d’une rencontre éphémère. Elle est au contraire le lieu où nous pouvons mieux le connaître, dans la persévérance et la disponibilité à sa puissance, elle est l’invitation à habiter sa parole pour qu’il puisse, au rythme du temps, nous façonner à l’image et à la ressemblance de son cœur.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous apprenne à reconnaître l’appel du Seigneur. Trône de la Sagesse qu’elle soutienne notre fidélité. Refuge des pécheurs, quelle nous entraîne dans la puissance de l’Esprit, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles de siècles.

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