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Père Charles Mallard-Ascension du Seigneur : Le Christ remplit l’Univers

13 mai 2021

Le Christ remplit l’Univers

Ascension du Seigneur – Année B

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 4,1-13 ; Mc 16,15-20

Comme chacun sait nous fêtons aujourd’hui l’Ascension du Seigneur, c’est-à-dire le moment où, après être apparu aux apôtres pendant les quarante jours qui suivaient sa résurrection, Jésus fut enlevé au ciel pour s’asseoir à la droite du Père. L’événement nous est rapporté dans les Actes des Apôtres, comme dans l’évangile selon saint Marc, avec quelques détails différents comme pour nous prouver que l’un n’a pas copié sur l’autre ! Saint Paul aussi y fait allusion dans le passage que nous avons entendu de sa lettre aux Éphésiens. Il en donne sinon la raison, du moins la conséquence : « il est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers ». L’image est belle de la lumière qui éclaire plus largement à mesure qu’elle s’élève ; mais voyons ce que signifie pour nous le fait que le Christ remplisse l’univers.

C’est d’abord notre vie que le Seigneur remplit, à condition que nous acceptions de nous mettre au rythme de Dieu. Il est remarquable que la dernière consigne de Jésus aux apôtres soit de ne pas quitter Jérusalem mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. On serait presque tenté de soupirer en se disant « encore attendre ». Ces dix jours entre l’Ascension et la Pentecôte sont l’entrainement à se rendre disponible pour l’Esprit de Dieu. C’est d’autant plus important que nous avons toujours tendance à vouloir reprendre les choses en mains. On écoute la Parole, on s’efforce de comprendre ce que le Seigneur demande, on accepte avec ferveur la mission, et l’on est prêt à partir … mais il faut encore attendre d’avoir reçu la force d’en-haut. Les disciples doivent accepter de ne pas connaître « les temps et les moments que le Père a fixé de sa propre autorité » ; c’est encore la même attitude : accepter de dépendre de Dieu, renoncer à savoir ce que nous n’avons pas besoin de connaître pour témoigner. Le Seigneur n’est pas seulement celui qui nous envoie ou nous donne des consignes, il remplit notre vie si nous acceptons de nous mettre à son rythme en nous rendant disponibles au don de l’Esprit.

Ce sont aussi nos relations que le Seigneur peut remplir si nous entendons l’invitation de saint Paul à « garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix ». Car le don de Dieu n’est pas une force qui nous serait donnée individuellement, comme on vient faire le plein à une station-service, c’est un souffle qui nous rassemble et nous unit dans la construction du corps du Christ. La vie chrétienne ce n’est pas chacun pour soi et Dieu pour tous, c’est ensemble que nous parviendrons à l’unité dans la foi, à la plénitude et à la perfection de notre humanité. Il n’y a pas de communion au Seigneur sans communion entre nous. L’Ascension marque en quelque sorte le passage du Christ à l’Église, non pas comme une alternative ou un remplacement mais comme l’extension de cette présence qui ne remplit pas seulement nos cœurs mais aussi nos relations. Et le signe de cette extension, c’est notre charité : « beaucoup d’humilité, de douceur et de patience » pour reprendre les mots de l’apôtre.

C’est encore notre monde que le Seigneur veut remplir, par notre témoignage qui – si l’on en croit les signes que rapporte saint Marc n’est pas seulement ce que l’on dit, mais aussi ce que l’on fait. Sans doute ne faut-il pas en rester trop à la lettre de ces signes : ne vous amusez pas à taquiner les serpents ou à boire n’importe quoi : ce serait confondre la foi et l’imprudence ! Quand saint Benoit a été préservé du poison que lui avaient préparé les moines d’un monastère mécontents de l’avoir pour abbé, il n’a pas rien bu : le verre s’est cassé quand il a prié au début du repas – l’histoire est une bonne publicité pour le bénédicité ! Les signes qui accompagnent ceux qui deviennent croyants, ce sont surtout la force du bien et la douceur de la miséricorde. Le signe que l’évangile est annoncé ce ne sont pas les guerres ou les intolérances, mais les œuvres d’éducation, d’assistance et de soin qui permettent à l’humanité de se trouver mieux, à la vie de grandir, à la paix de s’étendre.

Si nous fêtons aujourd’hui l’Ascension du Seigneur, ça n’est pas pour rester à regarder le ciel mais pour nous souvenir que Jésus est monté au-dessus de tous les cieux afin que la lumière de Pâques remplisse l’univers. Laissons donc le Christ remplir nos cœurs en vivant au rythme de Dieu pour nous rendre disponible à sa Promesse. Laissons le Christ remplir nos relations en gardant l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Laissons le Christ remplir notre monde en proclamant l’évangile par la charité.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Temple de l’Esprit Saint, qu’elle creuse en nous l’attente du don de Dieu. Mère de l’Église qu’elle fortifie notre unité. Buisson Ardent qu’elle nous fasse rayonner de l’Amour du Seigneur pour que retentisse jusqu’aux extrémités de la terre l’annonce de l’Évangile : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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