Aller au contenu

Père Charles Mallard-Chasser les marchands de nos temples

7 mars 2021

Chasser les marchands de nos temples

Aujourd’hui, pas de prédication … on en profite pour fouiller dans les cartons et retrouver les archives. Après tout la Parole de Dieu est la même aujourd’hui qu’il y a 15 ans ! 

3eme dimanche de Carême – année B

Ex 20, 1-17 ; Ps 18 ; 1 Co 1,22-25 ; Jn 2,13-25

Dans notre chemin de Carême – et nous sommes maintenant pratiquement à la moitié de celui-ci – l’évangile nous montre Jésus en train de chasser les marchands du Temple. C’est un passage assez connu (sans doute parce qu’il est atypique : on n’a pas beaucoup l’habitude de voir Jésus se mettre en colère ! )

Essayons de comprendre le message de ce texte. Le temple c’est la maison de Dieu, c’est le lieu où l’on peut rencontrer le Seigneur. Or il se trouve que les marchands s’étaient installés là pour faciliter la rencontre, puisqu’on trouvait de quoi acheter tout ce qu’il faut pour faire les sacrifices (les animaux, mais aussi les pièces spéciales qui avaient cours seulement dans le Temple). Au départ il s’agit d’un service, mais voilà que ce service s’est transformé en trafic, ce qui était initialement rencontre avec Dieu est devenu le lieu de discussion, d’échanges entre les hommes.

Aujourd’hui, nous savons que nous pouvons rencontrer Dieu ailleurs qu’au Temple de Jérusalem. Notre Temple, c’est le Corps du Christ ressuscité, ce corps du Christ que nous recevons lorsque nous communion, ce corps du Christ qui est présent quand deux ou trois sont réunis en son nom … Mais nous continuons de lire ce texte parce qu’il nous prévient le danger qui nous guette de nous laisser à nouveau envahir par les marchands. Rappelez-vous ce que dit la fin de l’Evangile : beaucoup crurent en Jésus, mais lui n’avait pas confiance en eux, parce qu’il connaît le cœur de l’homme. Alors, est-ce que Jésus peut nous faire confiance ? Examinons les différents lieux où nous rencontrons Dieu et vérifions que nous ne les avons pas transformés en lieu de trafic.

Le premier lieu où nous rencontrons Dieu, c’est la prière. La prière que nous faisons, seul dans notre chambre, dans le secret de notre cœur, ou bien la prière que nous faisons ensemble à l’Eglise par exemple. Si nous n’y faisons pas attention, cette prière peut devenir un lieu de trafic. Quand nous prions seulement pour demander quelque chose et jamais pour remercier, notre prière n’est pas un acte d’amour, mais un acte de commerce, presque de chantage : je vais dire tant de Notre Père et tu me donneras tel ou tel résultat ! Comme si nous achetions à Dieu le cadeau qu’il veut nous faire, ou plutôt celui que nous voudrions avoir. L’un des signes que notre prière est encombrée par les marchands, c’est que nous parlons plus que nous n’écoutons. Alors nous sommes invités à faire un effort de prière.

Le deuxième lieu où nous rencontrons Dieu, c’est le cœur de notre cœur, c’est nous-mêmes, notre intelligence et notre esprit. Dans une de ses lettres Saint Paul nous dit : « ne savez-vous pas que vous êtes le Temple de l’Esprit ? » Mais là aussi nous pouvons être encombrés par un tas de marchands, par plein de trafics ! Le signe que nous sommes encombrés et que nous ne rencontrons plus Dieu en nous, c’est que nous devenons esclaves de nos passions, de nos besoins. Nous ne nous appartenons plus : c’est la nourriture, ou la télé, ou les jeux, ou les habits, ou le tabac qui commandent … Voilà pourquoi, nous sommes invités à chasser les marchands du cœur de notre cœur par un effort de jeûne et d’abstinence, de sobriété dans nos vies.

Le troisième lieu où nous rencontrons Dieu, ce sont les autres. « Ce que vous faites au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous le faites » dit Jésus. Mais là aussi nous pouvons laisser envahir ce Temple par les trafics. C’est ce qui arrive chaque fois que nous utilisons les autres à notre service, sans les respecter, comme si ce n’était que des objets un peu plus sophistiqués. Le signe que les marchands ont envahi le temple que sont les autres, c’est que nous préférons recevoir ou prendre, plutôt que donner et servir. Voilà pourquoi, pendant le temps du carême nous sommes invités à chasser ces marchands par un effort de partage.

Par la prière, par les privations, par le partage, nous sommes invités à chasser les marchands du temple dans nos vies, nous sommes invités à refaire le geste de Jésus, non pas physiquement avec des cordes, mais spirituellement. Que l’Esprit Saint qui a guidé Jésus et qui nous a été donné lors de notre baptême nous aide à nous purifier de nos trafics, pour que nous puissions vraiment rencontrer Dieu … même si cela apparaît parfois comme folie ou comme faiblesse, mais en vérité il s’agit de se laisser guider par la puissance de Dieu et par la sagesse de Dieu, car « la folie de Dieu est plus sage que l’homme et la faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme ».

Faire défiler vers le haut