Père Charles Mallard-Choisir le bon pasteur

Choisir le bon pasteur
4° dimanche de Pâques – Année B
Ac 4,8-12 ; Ps 117 ; 1 Jn 3,1-2 ; Jn 10,11-18
Le quatrième dimanche de Pâques, nous sommes toujours invités à entendre un évangile qui nous rappelle que le Christ est le Bon Pasteur. Et l’on sait que c’est un titre qui est cher aux chrétiens, au point d’ailleurs que les premières images de Jésus, spécialement dans les catacombes romaines, le représentent justement sous l’aspect d’un berger. Mais quel rapport cela a-t-il avec le mystère de la Résurrection ? et qu’est-ce que cela implique pour nous ? C’est le jour où jamais pour essayer de répondre à ces questions.
L’évangile que nous venons d’entendre explicite bien le lien entre le bon berger et le mystère de Pâques : « le vrai berger donne sa vie pour ses brebis » dit le Seigneur. Ainsi, Jésus nous fait comprendre qu’il n’est pas de ces maitres spirituels mercenaires qui s’enfuient à la première difficulté, ou qui se tiennent à distance des dangers. Il n’est pas un conseiller qui refuse de payer, bien au contraire ! Son sacrifice montre l’intérêt et l’attention qu’il nous porte. Entre parenthèse, la résurrection montre aussi sa puissance. Car il ne suffit pas que le berger reste sur place pour affronter le loup : s’il se fait dévorer avant les brebis, le geste a beau être sublime, le résultat est décevant ! Ainsi le mystère de Pâques nous manifeste que l’on peut se fier au Christ, « qu’il n’y a aucun autre nom donné aux hommes qui puisse nous sauver » comme disait saint Pierre devant les chefs du peuple et les anciens. Reconnaître le Seigneur comme le Bon Pasteur de nos vies est une expression de notre foi.
Mais Jésus ne revendique pas seulement son dévouement comme preuve de sa mission. Le Bon Pasteur est aussi celui qui connais les brebis et que les brebis connaissent. Il y a donc une qualité de relation entre le berger et le troupeau, une relation que Jésus compare à sa relation au Père. C’est, dans un registre différent, ce que saint Jean explique dans la deuxième lecture, avec cette belle conclusion : « nous serons semblables à lui car nous le verrons tel qu’il est ». Nous savons que dans le Bible, la connaissance des personnes est de l’ordre de l’amour et du rapprochement. Il ne s’agit pas de quelque chose d’intellectuel, mais d’un dynamisme qui conduit à l’unité. Ainsi le Bon Pasteur ne regarde pas son troupeau batifoler dans les champs, mais il le conduit jusqu’à sa demeure. De la même manière, la résurrection nous ouvre les portes de la vie éternelle. C’est pourquoi suivre le Bon Pasteur est aussi un acte d’espérance.
Enfin Jésus évoque les autres brebis, celles qui ne sont pas de cet enclos. C’est un rappel de la dimension universelle de la mission du Seigneur, il est venu pour tous, et il rassemble dans l’unité les enfants de Dieu dispersés, et pas seulement le petit groupe sympathique qui gravite autour de nous. Mais c’est aussi un appel à l’accueil et à la mission. Quel sens y aurait-il à ce que le berger fasse venir d’autres brebis si celles qui sont déjà dans le troupeau les rejettent ? On ne peut pas suivre le Christ sans accueillir ceux qu’il conduit. Le Bon berger demande à ses brebis d’avoir un cœur qui batte au rythme du sien. Proclamer que Jésus est le Bon Pasteur, c’est encore un engagement à la charité.
L’image qui nous est proposée aujourd’hui du Christ Bon Pasteur n’est pas une fantaisie champêtre ou une figure poétique, c’est une invitation à plonger résolument dans le mystère de Pâques pour le reconnaître par la foi, pour le suivre dans l’espérance, pour le proclamer par la charité.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Secours des Chrétiens qu’elle nous apprenne à choisir celui qui a donné sa vie pour nous ; Trône de la Sagesse qu’elle nous guide dans la connaissance de celui qui nous connaît ; Mère du Bel Amour qu’elle nous accompagne dans l’unité du cœur de Dieu pour que retentisse la Bonne Nouvelle du matin de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !