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Père Charles Mallard-La famille, maison de Dieu

26 décembre 2021

La famille, maison de Dieu

Sainte Famille – Année C

1 S 1,20-22.24-28 ; Ps 83 ; 1 Jn 3,1-2.21-24 ; Lc 2,41-52

Si nous connaissons l’épisode de Jésus parmi les docteurs de la Loi, on peut être étonné que cet évangile nous soit proposé pour fêter la Sainte Famille. Certes la conclusion est plutôt sereine et exemplaire, mais elle contraste assez fortement avec les événements qui précèdent qui relèvent plutôt d’une certaine tension familiale ! Pourtant il ne faut pas trop vite séparer les deux parties de l’histoire, bien au contraire leur rapprochement est riche d’enseignement sur la vocation de la famille. En effet, Jésus affirme qu’il lui faut « être chez son Père » c’est-à-dire qu’il veut demeurer dans la maison de Dieu. Or il ne reste pas au Temple, il rejoint Marie et Joseph et demeure avec eux à Nazareth. Jésus ne grandira pas au Temple comme Samuel, ni aux déserts comme Jean Baptiste. C’est une manière de nous faire comprendre que la famille est aussi la maison de Dieu, elle est autant que le Temple ou le désert, un lieu où l’on peut demeurer en présence de Dieu.

C’est que la famille nous inscrit dans une histoire, elle est le lieu où se déploie la temporalité. La succession des générations nous rappelle que le monde n’a pas commencé avec nous et qu’il ne finira pas avec nous. Et il est touchant de noter que Jésus doit grandir en sagesse, en taille et en grâce. Cela nous rappelle que notre vie est marquée par la progression. Nous voudrions que tout arrive, tout de suite, alors que l’expérience montre que les choses se font le plus souvent petit à petit. Les parents ne sont pas les enfants, même si les parents ont été enfants, et que les enfants pourront être parents, mais chacun doit rester à sa place, chaque chose en son temps. Et c’est un enseignement très important pour la vie spirituelle : apprendre que nous pouvons être avec Dieu sans être Dieu, et que notre relation est marquée par le plus ou moins et non pas par le tout ou rien.

La famille est aussi un lieu où l’on aime ceux que l’on n’a pas choisi. Et pour comprendre et vivre l’amour de Dieu, il est très important de réaliser qu’on peut être aussi proche – et même parfois plus proche – de ceux qu’on n’a pas choisi que de ceux qu’on a choisi. Cela évite de tomber dans le piège de croire que tout dépend de nous. J’aime bien penser que lorsqu’ils retrouvent Jésus au Temple, Marie et Joseph se rendent compte qu’ils n’ont pas cherché leur fils au bon endroit, et que Jésus découvre que ses parents n’ont pas compris son intérêt pour les choses de Dieu. Parce qu’on ne choisit pas sa famille, il est peut-être plus facile d’y réaliser que l’autre est un mystère qu’il faut découvrir au risque d’être surpris, et avec lequel il faut composer. On fait un très grand progrès dans la vie spirituelle quand on accepte de continuer à aimer le Seigneur, même quand on ne le comprend pas.

Enfin la famille est aussi l’occasion de vivre un amour qui ne soit pas possessif. Ma famille n’est pas la famille qui m’appartient, mais la famille à laquelle j’appartiens. L’exemple d’Anne dans la première lecture est un beau modèle de cette disposition du cœur qui accepte que son fils ne soit pas à son service mais à celui de Dieu. C’est l’image des parents au service de la vocation de leur enfant. Et inversement, le Verbe de Dieu, lui par qui tout a été fait, accepte d’être soumis à un homme et à une femme pour découvrir le monde et la vie. L’amour qui n’est pas possessif est celui qui peut donner et se donner.

Évidemment, la vie se charge de nous cabosser et les familles ne sont pas toujours ce qu’elles devraient être. Mais ça n’est jamais une fatalité, et l’histoire de Jésus parmi les docteurs de la loi nous avertit de ne pas nous décourager des tensions ou des accrocs à l’image trop lisse dont nous rêvons. Si nous fêtons la Sainte Famille dans le dimanche de l’Octave de Noël, c’est pour nous encourager à prendre soin des familles, pour y découvrir une maison où Dieu aura la place que nous lui laisserons.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous apprenne la patience de la progression. Temple de l’Esprit Saint qu’elle soutienne nos familles pour qu’elles soient des demeures de Dieu. Mère du Sauveur qu’elle nous guide dans l’amour qui donne et se donne pour que nous puissions accueillir la Gloire de Dieu et resplendir de sa Paix, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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