Père Charles Mallard-La grâce de l’unité

La grâce de l’unité
7° Dimanche de Pâques – Année C
Ac 7, 55-60 ; Ps 96 (97) ; Ap 22, 12-14 ; 16-17.20 ; Jn 17, 20-26
D’abord, il y a quelque chose de bouleversant au début : Jésus dit qu’il « ne prie pas seulement pour ceux qui sont là – c’est-à-dire les apôtres qui assistent au dernier repas – mais encore pour ceux qui grâce à leur parole, croiront en moi » … donc nous ! Ainsi Jésus prie pour nous. Avant même que nous n’existions, Jésus a prié pour nous ! C’est suffisamment impressionnant pour qu’on regarde ce qu’il demande. « Qu’ils soient un ». Jésus demande au Père pour nous la grâce de l’unité ! Ça, il le répète tellement qu’on ne peut pas l’ignorer ! Peut-être d’ailleurs que s’il le répète autant c’est que c’est important ! Pourquoi donc demande-t-il que nous soyons unis ? « Pour que le monde croie que tu m’as envoyé » … donc c’est notre crédibilité comme témoins qui est en jeu. S’il fait cette prière de manière aussi insistante, c’est aussi parce que ça n’est pas si facile que ça. Quels moyens avons-nous pour cette unité, en plus de la grâce ? Jésus en cite deux : « je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée » et aussi « je leur ai fait connaître ton nom et je le ferai connaître » … Comme ce n’est pas si facile d’être unis entre nous, voyons si nous ne négligeons pas ces moyens que le Seigneur nous a donnés.
La première raison pour laquelle nous ne sommes pas assez attentifs à l’unité, ça peut être l’ignorance. Négliger le nom que le Seigneur nous a fait connaître, autrement dit le visage de Dieu qu’il nous révèle. Parfois nous sommes plus attachés à autre chose qu’à Dieu : attachés à notre confort ou à notre tranquillité, attachés à nos idées ou à nos valeurs, nous trouvons plus simple ou plus urgent d’aller notre chemin que de vivre l’unité avec des gens qui ne sont pas comme nous, que nous ne connaissons pas ou qui nous dérangent. Si nous ne sommes pas prêts à rechercher l’unité en tout c’est peut-être que nous ne contemplons pas le Seigneur assez attentivement. Dans la première lecture, le témoignage d’Etienne commence justement par la contemplation : « voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Cela vaut la peine de remettre le Seigneur au centre de notre prière dans la contemplation.
Mais, pour être honnête, il faut reconnaître que nous n’avons pas toujours les meilleures réactions pour garder l’unité et qu’il nous arrive d’être agressifs, parfois même sans le vouloir. Les psychologues soulignent que ça vient d’une sorte de peur, souvent inconsciente, peur de ne pas être reconnus, de ne pas être respectés, de ne pas être estimés à notre juste valeur. Si nous avons cette peur en nous, c’est peut-être parce que nous négligeons la Gloire que Jésus nous a donnée. Nous recherchons chez les autres ce qu’ils ne peuvent pas nous donner alors que Jésus nous l’a déjà donné. Si nous voulons diminuer la rugosité de nos caractères et de nos réactions, cela vaut la peine de replonger plus résolument dans le don de Dieu. Etienne nous donne un bel exemple de cette consécration : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ». Voilà une attitude que nous ne devons pas nous lasser de faire et refaire. N’hésitons pas à apprendre par cœur une prière d’abandon pour nous garder dans cet esprit de consécration.
Cela dit … évidemment … le plus souvent, le problème vient des autres ! Malgré notre bonne volonté il est parfois difficile de rester calme et de ne pas répondre à la provocation surtout de la mauvaise foi ! Là encore Etienne nous montre l’exemple : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché ». Le pardon est directement lié à la mission du Christ. L’unité n’est pas tant le témoignage de l’existence de Dieu que de la mission du Seigneur. Il n’est pas venu triompher du monde par la force, mais il l’a vaincu dans le don de sa vie. Le pardon est sans doute le secret de l’unité puisqu’il est la clé de l’amour. Nous savons bien qu’il s’agit là du cœur de notre foi, il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’on ne doive pas s’attendre à en être dispensé !
L’insistance de la prière de Jésus pour que nous soyons unis est le signe de son importance, la difficulté à le vivre est une invitation à creuser en nous le désir de sa présence et à nous joindre à l’appel de l’Esprit et de l’Épouse qui disent « viens ! ». Par la contemplation, la consécration et le pardon, nous entrons dans la prière de ceux qui désirent l’eau de la vie promise par celui qui témoigne : « je viens sans tarder ».
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle tourne nos regards vers le mystère de Dieu qui nous unis dans son amour. Refuge des pécheurs, qu’elle renforce notre disponibilité à la Gloire que Jésus nous a donnée. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à suivre le chemin de miséricorde que le Christ a tracé pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.