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Père Charles Mallard-La Parole dans nos vies

23 janvier 2022

La Parole dans nos vies

3° Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Ne 8,1-4a. 5-6. 8-10 ; Ps 18 ; 1 Co 12,12-30 ; Lc 1,1-4 ; 4,14-21

Depuis quelques années, le 3ème dimanche du temps ordinaire est consacré à la parole de Dieu, et l’on peut dire que cette année nous sommes particulièrement gâtés par les textes de la liturgie puisque, comme dans un effet larsen où le miroir reflète sa propre image, la première lecture et l’évangile parlent de la lecture de la parole. Voyons donc ce qu’ils nous enseignent sur la place de la Parole de Dieu dans notre vie.

On a parfois tendance à se dire que c’est un peu compliqué, et qu’il faut quand même être aidés pour en comprendre le sens. Pourtant la Parole dit souvent beaucoup plus que ce que nous entendons, et il n’y a pas besoin de faire de longues études pour améliorer notre culture biblique. Il suffit souvent d’écouter attentivement. Par exemple, sans tricher en regardant vos missels, de quoi parlait l’évangile ? De Jésus à la synagogue de Nazareth … Certes. Mais nous avons aussi entendu le début de l’évangile de Saint Luc : « Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous … ». Il serait dommage de passer rapidement sur ces quelques phrases qui nous renseignent sur les circonstances dans lesquels le troisième évangile a été écrit : ce n’est pas le premier puisque « beaucoup ont entrepris de composer un récit », il ne s’agit pas de notes prises pendant la vie de Jésus, mais de l’enseignement des apôtres : « d’après ce que nous ont transmis ceux qui furent les témoins oculaires » ; Luc a cherché à se renseigner : « après avoir recueilli avec précision des informations ». On peut aussi deviner à travers le nom de Théophile, que Luc écrit pour des gens de culture grecque ; de la même manière dans la première lecture, puisque les lévites traduisent ce que lit Esdras, on comprend qu’à ce moment-là, au retour de l’Exil, le peuple ne parle plus l’hébreu dans lequel était écrite la Loi. Le premier effort que nous devons faire pour apprivoiser la Parole de Dieu, c’est de la lire, de la scruter attentivement, ce qui nous permet de ne pas en rester à nos impressions mais de l’écouter en vérité et de découvrir les indices qui nous aideront à mieux la comprendre.

Évidemment la Bible n’est pas pour nous un simple objet de curiosité, elle est une parole vivante. L’évangile se terminait par le commentaire de Jésus : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». Bien sûr, on pense à l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe que le Seigneur venait de lire. Pourtant le passage n’était pas au futur, mais au présent. Et si le présent d’Isaïe s’accomplit des siècles plus tard au temps de Jésus, on peut comprendre que ce présent est aussi le nôtre. La parole n’est pas une parole morte mais une parole vivante, elle n’est pas une parole du passé, mais une parole du présent. Aussi nous pouvons méditer la parole, c’est-à-dire voir comment la parole de Dieu nous concerne nous aussi. L’invitation d’Esdras vaut pour nous aussi : « la joie du Seigneur est votre rempart ». De la même manière, les indications de saint Paul nous concernent : « vous êtes corps du Christ, et chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps ». C’est par la méditation de l’Écriture que nous pouvons entendre la Parole que Dieu nous adresse aujourd’hui.

Alors, entendant la Parole de Dieu nous sommes invités à transformer notre vie. Ce qui nous conforte nous encourage, mais ce qui nous touche nous met en mouvement. Pour améliorer notre relation à Dieu, pour améliorer aussi nos relations les uns aux autres. Il y a toujours des indications concrètes qui nous permettent de progresser. Dieu ne nous enferme jamais dans un face à face hypnotique, mais il nous tourne vers ceux qui nous entourent. « L’Esprit du Seigneur m’a consacré […] il m’a envoyé » disait Isaïe. La deuxième lecture nous guidait évidemment sur notre manière d’être en église. Et même dans la première lecture il y avait cette ouverture : « envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt ». Quand nous avons aimé un film ou un roman, on aime bien partager avec d’autres ce qui nous a plu et ce qui nous a intéressé … Pourquoi la lecture de la Bible échapperait-elle à cette dimension de partage ? C’est la nature de l’église que d’être convoquée, c’est-à-dire appelée dehors ; ce qui souligne à la fois la primauté de la Parole qui est à l’origine de tout puisqu’elle appelle, et le mouvement auquel elle nous somme invités, d’être « en sortie » comme dirait le pape François.

N’hésitons pas à approfondir notre relation à la Parole de Dieu. Prenons le temps de la scruter pour mieux la connaître ; laissons-la retentir dans nos cœurs pour qu’elle éclaire nos vies ; laissons-nous conduire par son souffle pour qu’elle nous transforme.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à écouter ce que le Seigneur dit ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle éveille nos cœurs à la Parole qui s’accomplit ; Buisson Ardent qu’elle nous fasse rayonner de l’Évangile pour que nous puissions demeurer en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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