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Père Charles Mallard-La Parole de Dieu et nous

29 août 2021

La Parole de Dieu et nous

22° Dimanche du Temps Ordinaire – Année B

Dt 4,1-2.6-8 ; Ps 14 ; Jc 1,17-18.21-22 ; Mc 7,1-23

Il y a dans les textes que nous venons d’entendre une belle cohérence entre la première lecture et la deuxième, alors que généralement, le dimanche c’est plutôt avec l’évangile que résonne la première lecture. Tant le livre du Deutéronome que la lettre de saint Jacques nous invitent à considérer notre relation à la Parole de Dieu en rappelant qu’elle sera notre fierté et notre témoignage si nous l’accueillons, la gardons et la mettons en pratique. Apparemment en revanche Jésus invite à une plus grande liberté, comme un appel à l’intériorité qui viendrait relativiser l’observation scrupuleuse des rites de purification. Pourtant le contraste n’est qu’apparent, et pour s’en convaincre il nous suffira de remarquer que Jésus répond aux pharisiens en citant la parole de Dieu dans le livre d’Isaïe. D’ailleurs ce qu’il leur reproche c’est de faire passer les traditions des hommes avant le commandement de Dieu : on peut difficilement invoquer cet évangile pour se dispenser de la Parole de Dieu ! Essayons donc de reprendre ce qui nous est dit pour mieux comprendre ce qui nous est demandé.

Il y a d’abord la vision que propose Moïse : la Loi sera « votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples » qui s’écrieront : « il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation ». Une manière d’affirmer que non seulement on peut être fier de la Parole, mais qu’elle suscitera l’admiration de tous. Et voilà qui nous interroge sur le regard que l’on porte à la Parole de Dieu. Est-elle vraiment notre trésor ? Sommes-nous convaincus qu’il n’y a pas de sagesse plus haute, d’intelligence plus pénétrante que la Parole de Dieu ? Est-ce que nous ne sommes pas tentés parfois d’aller chercher des leçons de vie dans les sagesses orientales ou les auteurs à la mode quand ce ne sont pas les commentaires des journalistes ou les conseils des horoscopes ? Nous avons sans doute un effort à faire pour replacer la Bible au centre et au sommet de nos repères. A vrai dire, la foi commence par cette admiration pour la Parole de Dieu. Il ne s’agit pas de mépriser ce qu’il peut y avoir de bon dans l’expérience des hommes, mais de réaliser que la Parole reste pour nous une référence indépassable.

Ensuite il y a le conseil de saint Jacques : « mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion ». Car il ne s’agit pas de rester bouche-bée devant de beaux discours ou des idées sublimes. La Révélation est un guide, et cela n’a pas de sens de prendre un guide et de ne pas le suivre. Elle est une invitation qui attend de nous une réponse ; elle est une promesse que l’on n’accueille en vérité que si on l’accepte. Le problème c’est qu’en général on préfère ce qui nous conforte plutôt que ce qui nous dérange. Évidemment, il est plus agréable de s’entendre dire « tu as raison » que « tu devrais changer ». Pourtant la Bible n’est pas là pour décrire ce que nous faisons, mais pour indiquer ce que nous devons faire. Et si nous n’arrivons pas facilement à faire ce que Dieu demande, ça ne veut pas dire qu’il a tort. Ce qui est grave ce n’est pas de devoir progresser mais de se croire arrivé. Si l’écoute de la Parole de Dieu ne change rien dans nos vies, il y a de fortes chances que nous soyons dans l’illusion ! Une foi sans charité ne serait pas une vraie foi, disait Benoit XVI, ce serait une foi morte.

Enfin la réponse de Jésus aux pharisiens nous fait comprendre que la pratique de la parole de Dieu ne se limite pas à l’accomplissement de rite ou à de gestes extérieurs – aussi vénérables et estimables soient-ils. « Leur cœur est loin de moi » disait déjà le Seigneur par la bouche d’Isaïe. Il ne s’agit pas d’être des chrétiens de façade mais de cœur. Sans doute faire de bonnes actions aide à rester fidèles et jamais Jésus n’a encouragé personne à faire n’importe quoi, mais il y a une illusion plus subtile que celle de vivre dans sa tête, c’est de vivre dans l’apparence, de jouer un rôle, et de ne pas consentir en vérité à ce nous montrons de nous-mêmes.

C’est au plus intime de nous que la parole doit changer les choses. Pour cela, il faut savoir admirer la parole, il faut vouloir la pratiquer, il faut enfin l’habiter. C’est quand nous voulons ce que le Seigneur veut que le don de Dieu s’épanouit, que la Promesse s’accomplit et que l’Alliance resplendit.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse qu’elle encourage notre foi pour que nous fassions toujours plus confiance à la parole du Seigneur. Consolatrice des affligés qu’elle soutienne notre charité pour que nous puissions toujours mieux accomplir la volonté de Dieu. Reine des Saints qu’elle fortifie notre espérance pour que notre cœur batte au rythme du Cœur de Dieu et que nous demeurions en lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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