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Père Charles Mallard-Le bien vainqueur du mal

20 février 2022

Le bien vainqueur du mal

7° Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

1 S 26, 2,7-9. 12-13. 22-23 ; Ps 102 (103) ; 1 Co 15, 45-49 ; Lc 6, 27-38

En entendant l’évangile d’aujourd’hui, je me suis fait la réflexion – bien impertinente – qu’il serait plus facile de disserter sur la culture des haricots rouges en Mongolie occidentale au Moyen-Âge que de prêcher sur ce texte ! Mais comme ce n’est pas le sujet de la Parole de Dieu (et que ce n’est pas non plus vraiment mon rôle de prêtre), nous tâcherons donc de ne pas reculer devant la difficulté et d’essayer de comprendre ce que le Seigneur veut nous dire à travers ces recommandations, même si elles sont un peu dérangeantes !

On peut remarquer trois grandes parties dans le texte que nous venons d’entendre. D’abord une série de demandes paradoxales et qui vont à l’encontre de nos réactions instinctives. La plus imagée étant celle de tendre l’autre joue. Ensuite il y a une série de remarques ponctuées par la question : « quelle reconnaissance méritez-vous ? » qui souligne que tout le monde aime ceux qui les aiment et font du bien à ceux qui leur en font. Enfin après l’invitation à imiter le Père des miséricordes, une dernière série de recommandations qui déclinent l’affirmation finale : la mesure dont vous vous servez pour les autres servira aussi pour vous.

La première partie, on pourrait l’appeler « répondre au mal par le bien ». Alors que spontanément on est tenté de répondre au mal par le mal, Jésus nous invite au contraire à aimer ceux qui ne nous aiment pas, à souhaiter du bien à ceux qui nous souhaitent du mal. Comme pour souligner l’importance de répondre au mal par le bien, Jésus souligne dans la deuxième partie qu’il est tout à fait normal de répondre au bien par le bien : ça n’est que justice, et même ceux qui n’écoutent pas la Parole de Dieu le font. On peut rapprocher ces deux parties de la deuxième lecture où saint Paul nous rappelle les deux modèles d’humanité : Adam et le Christ. Le premier vient de la terre, le deuxième vient du ciel. Répondre au bien par le bien, c’est la dynamique physique, celle d’Adam : ce n’est pas condamnable, bien au contraire, mais ça n’a rien de spirituel. C’est juste une première étape. Le Christ nous invite à aller au-delà, à entrer dans une dynamique spirituelle, celle du Très-Haut qui, comme le disait Jésus, est bon pour les ingrats et les méchants.

La dernière partie de l’évangile, nous conduit un peu plus loin. Il ne s’agit plus de répondre, mais de prendre l’initiative : « donnez on vous donnera ». Et même s’il est possible que l’on reçoive des autres, on comprend que c’est surtout de Dieu que nous devons attendre ce qui est promis. Car on est toujours dans cette même logique de vivre à la manière du Père. Personne n’a dit que c’était facile … surtout pour ce qui est de répondre au mal par le bien. Mais le rapprochement avec la première lecture et l’histoire de David peut nous aider. S’il refuse de tuer celui qui le poursuit c’est, dit-il, pour ne pas porter la main sur celui qui a reçu l’onction du Seigneur. C’est-à-dire que David a su reconnaître le don de Dieu chez celui qui n’en était pas digne, il a respecté le don de Dieu même quand celui qui l’a reçu ne le respectait pas. De la même manière, nous pouvons reconnaître la présence du Seigneur chez ceux qui nous contrarient. Non pas pour se plaindre que Dieu les préfère à nous, mais pour réaliser que le don de Dieu est fidèle même pour ceux qui ne lui sont pas fidèles. Il ne s’agit pas de dire que le mal est bien, il ne s’agit pas de penser que Dieu est du côté de nos ennemis, mais il s’agit de rester solide dans le bien, comme Dieu est fidèle dans sa bonté. Concrètement cela signifie que nous ne devons pas renoncer à prendre l’initiative du bien, que nous ne devons pas nous en lasser, même quand il s’agit de répondre au mal.

Aimer ses ennemis, ce n’est pas une morale paradoxale que Jésus nous demande, ce n’est pas non plus une folie sublime qu’il nous propose, c’est un chemin spirituel pour ressembler toujours plus à celui qui est venu du ciel nous révéler que le bien est plus fort que le mal, et que c’est lui seul qui dure. N’est-ce pas d’ailleurs ce que nous professons dans le mystère de Pâques ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel, qu’elle garde nos cœurs tournés vers le Seigneur pour que nous puissions lui ressembler toujours plus. Tour de David, qu’elle nous donne la force de répondre au mal par le bien pour que nous puissions témoigner de la Résurrection. Mère du Bel Amour, qu’elle nous guide dans le souffle de la miséricorde qui ne se lasse jamais de prendre l’initiative du bien, et qu’ainsi nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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