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Père Charles Mallard-Le mystère de la foi

11 avril 2021

Le mystère de la foi

2° Dimanche de Pâques – Année B

Ac 4,32-35 ; Ps 117 ; 1 Jn 5,1-6 ; Jn 20,19-31

Osons une question impertinente : à quel moment de la lecture de l’évangile avez-vous cessé d’écouter le texte ? Je vous avoue que, pour moi, la tentation était forte de décrocher en entendant que « Thomas n’était pas avec eux » … une petite voix insidieuse murmurait : « c’est bon, tu connais l’histoire, ça va se terminer par « ceux qui croient sans avoir vu ». Mais ceux qui parmi vous sont plus vertueux que moi, et qui ont écouté attentivement jusqu’au bout, savent que cette parole de Jésus n’est pas la fin du texte. C’est d’autant plus important que l’évangile se termine par une phrase qui nous est adressée, à nous, directement : « pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom ». Nous voilà donc invités à la foi.

Que nous faut-il pour croire ? Thomas réclamait de pouvoir toucher les mains et le côté du Seigneur. Mais d’après les paroles de Jésus, il lui a suffi de voir pour croire – comme pour les autres apôtres la semaine précédente, puisque Jésus leur a montré ses mains et son côté. Pourtant Jésus rajoute aussitôt « heureux ceux qui croient sans avoir vu » (c’est toujours avec une certaine émotion, que je réalise que le Seigneur a parlé de nous à ses disciples). S’il n’est donc pas nécessaire de toucher ni de voir pour croire, que nous faut-il donc ? Et bien il nous faut écouter. Écouter les signes qui ont été écrits dans ce livre, à savoir l’évangile selon saint Jean, mais aussi les autres évangiles, et plus généralement toute la Bible. La foi n’est pas une idée que nous partageons dans les grandes lignes, elle est l’accueil de la Parole de Dieu qui révèle la mission et la nature du Christ. Les théologiens aiment à dire que la foi est la réponse de l’homme à la Révélation, une révélation qui culmine dans le mystère de Pâques. Pour croire, nous n’avons pas besoin de grands discours et de belles idées, nous n’avons pas besoin non plus de miracles ou d’émotions fortes, pour croire nous avons besoin de plonger dans la Parole, de l’habiter en la connaissant mieux, de la goûter en la méditant plus fidèlement.

Mais à quoi cela sert-il de croire ? A avoir la vie en son nom, dit l’évangéliste ; et dans la deuxième lecture saint Jean précise : « celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ». C’est donc une nouvelle vie que nous ouvre la foi. Par ailleurs l’apôtre explique que nous reconnaissons cette nouvelle vie « lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements ». Et il rajoute « la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi ». Ça veut dire que la foi est une force pour choisir le Seigneur et accomplir sa volonté. Et nous savons que ce qui n’est pas toujours facile : ce n’est pas en suivant le cours de nos instincts, de nos émotions ou des opinions communes que nous nous rapprochons de Dieu. Le monde, ce n’est pas les autres, mais ce qui nous détourne du cœur du Père. Dès les premières pages de la Bible, nous sommes avertis : nous ne sommes pas faits pour vivre dans un jardin qui se constitue au hasard du temps ou aux caprices des vents, mais dans celui que le Seigneur Dieu a planté en Éden, ce jardin qu’on appelle de son nom grec « paradis » et dont le péché nous éloigne. Il y a toujours un choix à faire entre ce qui demeure et ce qui passe, entre ce qui épanouit et ce qui fane, entre ce qui accomplit et ce qui n’a pas de sens … et c’est la foi qui nous permet de nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu plutôt que de se laisser entraîner par l’esprit du monde.

Alors qu’est-ce Dieu désire ? vers quoi nous conduit-il ? Nous en avons un avant-goût dans la première lecture, la description que le livre des Actes des Apôtres fait de la première église. C’est la communion, « un seul cœur et une seule âme », non pas dans une utopie sentimentale, mais dans une solidarité concrète. Car la foi ne nous enferme pas sur nous-même, elle nous tourne vers les autres. Dès la première rencontre avec le Christ ressuscité, il y a la mission : « de même que le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie ». La foi n’est pas une technique de développement personnel, elle est une puissance de communion, dans la miséricorde et le partage. Le pape François disait, en commentant ce texte des Actes des Apôtres, que notre conversion n’était pas complète tant qu’elle n’arrivait pas jusqu’à nos poches. La foi ne peut pas rester dans la tête, elle ne réchauffe pas seulement le cœur, elle ouvre aussi nos mains. Peut-être trouverons-nous cela difficile, peut-être réaliserons-nous que nous avons encore des progrès à faire … Tant mieux ! Parce que c’est le signe que nous devons replonger dans la Parole de Dieu, pour fortifier notre foi et mettre en pratique ce que nous aurons entendu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous rende disponibles à ce que « tout se passe en nous selon la Parole ». Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à entendre l’annonce de la Bonne Nouvelle. Mère du Bon Conseil, qu’elle nous montre comment choisir l’Esprit de vérité. Miroir de la sainteté de Dieu, qu’elle nous entraîne dans le mystère de la foi, pour que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques et témoigner ensemble : Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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