Père Charles Mallard-Les exigences de la foi

Les exigences de la foi
20° Dimanche du Temps Ordinaire – Année C
Jr 38,4-6. 8-10 ; Ps 39 ; He 12,1-4 ; Lc 12,49-53
Pour autant l’évangile n’en reste pas moins dérangeant puisque Jésus décrit sa mission non pas en termes de paix et d’apaisement mais de divisions. Sans doute en scrutant attentivement le texte pouvons-nous comprendre qu’il y a un aspect rhétorique dans les exemples puisqu’il illustre une division à trois contre deux, par trois divisions à un contre un ! On pourra toujours ergoter sur l’arithmétique évangélique : le sens n’est certainement pas à chercher dans une lecture trop littérale.
Ce que l’on retient du texte, et d’ailleurs aussi des autres textes que nous avons entendus, c’est cette impression que la foi chrétienne, la suite du Christ, la relation à Dieu est loin d’être un long fleuve tranquille et qu’il faut s’attendre plutôt à des difficultés qu’à des facilités.
La première question que l’on peut se poser est de savoir pourquoi Jésus prend des exemples dans la famille. Idéalement la famille est plutôt le lieu d’une certaine douceur, d’une certaine sérénité, d’une certaine sécurité. Mais les fractures qui sont décrites renvoient à des différences de génération. Et voilà un indice pour nous faire comprendre la première exigence chrétienne. La foi n’est pas de l’ordre de la tradition familiale, elle ne s’inscrit pas dans la fatalité génétique. Je me souviens d’une personne qui se justifiait : « je suis témoin de Jéhovah parce que mes parents l’étaient ». C’est contre ce genre de raisonnement que l’évangile nous met en garde. Tant mieux si les parents transmettent la foi à leurs enfants … c’est même un devoir pour les parents chrétiens d’essayer, mais ça n’a rien d’automatique. La foi ne se transmet pas comme un héritage mais comme un témoignage. Les paroles de l’évangile nous disent que la foi implique un choix personnel que chacun doit faire, et que personne ne peut faire à notre place.
Les mésaventures de Jérémie que rappelaient la première lecture, posent une autre question sur les raisons de la fidélité. Le prophète est condamné pour des raisons politiques, au sens de l’opportunité : les princes l’accusent de démoraliser ceux dont ils ont besoin pour leur projet. En revanche celui qui va le sauver a un argument tout autre : « c’est mal ». Il ne s’agit donc plus de politique mais de morale ; et ce n’est parce qu’une chose est légale qu’elle est bonne. Voici donc une autre exigence chrétienne : la foi n’est pas de l’ordre de l’opportunité ni de l’intérêt social. L’attachement au Seigneur relève de la justice et donc du bien ou du mal. Tout au long de l’histoire, les saints ont pris le contrepied de l’opinion générale ou des habitudes communes. Non par goût de la provocation, mais par fidélité à la parole de Dieu. Ainsi l’exemple de Jérémie nous montre que la foi implique un choix moral, même quand la situation est difficile.
Enfin la lettre aux Hébreux invite aussi à dépasser des difficultés, à l’exemple du Christ et de « l’immense nuée de témoins » qui nous entourent. Mais si on lit attentivement le texte, on comprend qu’il ne s’agit pas tant d’affronter des habitudes ou des persécutions, il s’agit surtout de lutter contre le péché. La troisième exigence que souligne le texte est intérieure, elle se joue au cœur de notre cœur, c’est ce que l’on appelle le combat spirituel. Pour lutter contre le découragement, il faut garder les yeux fixés sur Jésus qui est à l’origine et au terme de la foi. Ainsi nous sommes invités à un choix non seulement personnel, non seulement moral, mais aussi spirituel.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du bon conseil qu’elle nous montre comment choisir le Christ en toutes circonstances. Consolatrice des affligés qu’elle nous garde fidèles à la Parole dans les difficultés. Secours des chrétiens qu’elle nous soutienne dans le combat spirituel, pour que nous demeurions unis au Seigneur qui nous appelle à sa gloire, dès maintenant et pour les siècles des siècles.