Père Charles Mallard-Les libertés illusoires

Les libertés illusoires
13° Dimanche du Temps Ordinaire – Année C
1 R 19,16b.19-21 ; Ps 15 ; Ga 5,1.13-18 ; Lc 9,51-62
L’Apôtre parle d’abord de l’égoïsme. C’est que la liberté égoïste en prétendant n’obéir qu’à notre seul intérêt nous rend esclave de nos désirs. Celui qui veut être son seul maître se retrouve surtout son propre esclave. L’égoïsme nous enferme dans l’espace restreint de notre mesure. C’est une liberté limitée, comme une petite bulle de confort à l’image du terrier des renards ou du nid des oiseaux. Le Christ au contraire nous invite à la foi. Une confiance librement consentie dans sa parole qui élargit nos horizons aux dimensions du cœur de Dieu. A la manière d’Élisée recevant le manteau d’Elie, la foi nous entraîne dans le souffle de l’Esprit Saint.
Ensuite, l’évangile rapporte la consigne du Seigneur de ne pas regarder en arrière. C’est que la nostalgie est une autre illusion de liberté. Elle est d’autant plus terrible qu’elle agit comme un mirage en nous faisant croire que nous avons perdu ce qui nous attend ! La liberté nostalgique nous enchaîne au poids de l’histoire qui est d’autant plus lourd qu’elle nous fait rêver d’un passé idéal oubliant les épreuves et les difficultés surmontées. Au contraire le Christ appelle à contempler le Royaume de Dieu, qui est devant nous. C’est ce qu’on appelle la vertu d’espérance : reconnaître que notre avenir est en Dieu et que la plénitude de notre vie est à venir.
Enfin Jésus nous montre l’exemple dans la rencontre avec les samaritains qui refusent de le recevoir. Jacques et Jean prétendent alors faire tomber le feu du ciel pour marquer leur puissance, comme si la liberté se devait d’être une épreuve de force où l’on ne s’épanouit qu’en dominant les autres. Cette liberté agressive est aussi une illusion puisqu’elle précipite dans l’escalade de la violence où l’hostilité répondant à l’hostilité, la victoire demeure sous la menace de la revanche. Au contraire comme le rappelait saint Paul, le Christ nous invite à l’amour de charité qui consiste d’abord à se mettre au service les uns des autres. Et si le principal est de donner, quand l’un refuse, on part pour un autre village où d’autres accueilleront ce que les premiers n’ont pas voulu.
C’est la foi qui nous libère de la liberté égoïste, c’est l’espérance qui nous libère de la liberté nostalgique, c’est la charité qui nous libère de la liberté agressive. Puisque nous avons suivi le Christ faisons lui confiance : en nous ouvrant à la présence de Dieu il nous permet de ne pas nous enfermer dans la satisfaction de notre seul intérêt. Puisqu’il nous a promis la vie divine, avançons vers le Royaume de Dieu. Imitons son exemple en vivant sous le signe de l’amour et du service mutuel. Ne nous trompons pas de liberté mais rejetons les chaînes de l’égoïsme, de la nostalgie et des conflits pour être vraiment libres.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous apprenne à grandir dans la Foi. Porte du Ciel qu’elle nous soutienne dans l’Espérance. Mère du Bel Amour qu’elle nous accompagne en vivant dans la Charité pour que nous puissions accueillir le don de Dieu et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.