Père Charles Mallard-Partir de Dieu

Partir de Dieu
6° dimanche de Pâques – Année B
Ac 10, 25-26ss ; Ps 97(98) ; 1 Jn 4,7-10 ; Jn 15,9-17
Partir de Dieu, c’est déjà réaliser que c’est lui qui a l’initiative. Ce ne sont pas les hommes qui ont inventé Dieu, c’est Dieu qui s’est révélé aux hommes. Jésus d’ailleurs montre l’exemple : jamais il ne se présente comme l’origine, chaque fois il renvoie au Père : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimé ». Avant de donner, nous recevons, avant d’aimer nous sommes aimés. Sans doute la joie de Pâques est-elle celle de la victoire et de l’ouverture à la vie divine, mais elle est aussi la joie de découvrir dans la Passion non pas l’inévitable péripétie de l’histoire, mais la preuve de l’amour le plus grand qui soit : celui qui donne sa vie pour ses amis. La résurrection ne fait pas oublier le sacrifice : elle le révèle ! Nous ne croyons pas ce qui nous plait ou ce que nous comprenons, nous croyons ce que Dieu nous dit … c’est d’autant plus important que c’est bien ce que Jésus donne comme différence entre le serviteur et l’ami : « tout ce que j’ai entendu de mon Père je vous l’ai fait connaître ». Si nous ne voulons pas savoir ce que fait le Seigneur, nous restons des serviteurs alors qu’il nous appelle à être ses amis.
Ainsi partir de Dieu doit nous rendre vigilants à avoir une prière qui écoute avant de parler. Pourquoi nous prions le Notre Père ? Parce que Jésus nous l’a indiquée comme modèle de la prière. Quand nous récitons le chapelet, nous ne sommes pas invités à répéter des formules magiques mais à contempler les mystères de la vie du Seigneur en méditant les différents moments vécus par Marie. C’est bien parce que tout part de Dieu, que les célébrations de l’Église commencent par l’écoute de textes bibliques, et dans notre prière personnelle nous devons veiller, nous aussi à partir de la Parole de Dieu, en reprenant l’un des textes du jour, en nous souvenant de tel verset biblique ou d’un épisode de l’histoire sainte … comment Dieu peut-il nous répondre si nous ne le laissons pas parler ? Comment notre prière pourrait-elle devenir un dialogue et un cœur à cœur si nous ne sommes préoccupés que de ce que nous pouvons dire ?
Partir de Dieu c’est encore faire ce qu’il nous demande, être ce qu’il attend de nous. On est toujours un peu réticent de nos jours à entendre parler d’obéissance et de commandement surtout en matière religieuse, et pourtant c’est bien ce que Jésus dit : « vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande ». Il ne s’agit pas d’obéir comme un serviteur, mais d’obéir comme un ami, qui cherche à faire ce qui plait à l’autre. Et le commandement c’est de nous aimer comme le Seigneur nous a aimés. Non pas aimer comme dans les films ou les romans, mais aimer comme lui nous aime. Chaque fois que nous trouvons difficile d’aimer quelqu’un, demandons-nous comment Dieu l’aime : ça supprime beaucoup d’obstacles et ça purifie beaucoup d’idées fausses. Préférer la miséricorde au romantisme, c’est aussi une manière de partir de Dieu.
Comme saint Pierre à Césarée, laissons-nous surprendre par le don de Dieu, pour le laisser guider nos réactions et conduire nos vies, car c’est de lui que tout vient, c’est en lui que tout commence, c’est par lui que tout s’épanouit.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à partir du Seigneur et à suivre sa Parole. Reine des Saints qu’elle nous apprenne la fidélité ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende présents à la Présence ; Mère du Bel Amour qu’elle fasse battre nos cœurs au rythme du cœur de Dieu pour que nous demeurions en lui comme il demeure en nous et que nous resplendissions de la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !