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Père Charles Mallard-Pentecôte 2021 : Le fruit de l’Esprit de vérité

23 mai 2021

Le fruit de l’Esprit de vérité

Pentecôte – Année B

Ac 2,1-11 ; Ps 103 ; Ga 5,16-25 ; Jn 15,26

Cinquante jours après Pâques, nous fêtons la Pentecôte, non pas comme la fin d’un temps mais comme la plénitude du don de Dieu. Ainsi s’accomplit la promesse du Seigneur, et l’Église commence sa mission pour témoigner du Ressuscité et annoncer à tous les peuples les merveilles de Dieu. Comme le rappelait saint Paul, l’Esprit Saint est celui qui nous guide et nous conduit pour que nous puissions rester fidèles au cœur de Dieu.

Dans sa lettre aux Galates, l’Apôtre des nations évoque le fruit de l’Esprit. Après avoir détaillé la liste des horreurs qu’il nous faut éviter, il énumère ce que déploie en nous celui que le Christ appelle l’Esprit de vérité. Essayons donc de voir plus précisément ce fruit de l’Esprit pour mieux reconnaître son action dans nos vies, mais aussi pour mieux comprendre quelle est cette vérité vers laquelle il nous conduit.

Il y a d’abord ce qui concerne notre situation, ce qu’on pourrait appeler nos états d’âme au sens le plus positif de l’expression : amour, joie et paix. Ainsi se révèle la vérité de ce que nous sommes. Car nous ne sommes faits pour l’indifférence ou le conflit, nous sommes faits pour aimer. Bien sûr, on n’aime pas tout le monde de la même façon, parce que chacun est différent, mais si nous sommes des êtres de relation, c’est pour avoir de bonnes relations. Si nous voulons vérifier que nous nous laissons conduire par l’Esprit Saint, vérifions que nos relations les uns avec les autres peuvent s’inscrire dans l’échelle de l’amour. De la même manière la joie et la paix sont de bons indicateurs pour mesurer notre épanouissement. Attention cependant à ne pas se tromper : il ne s’agit pas de ce qui nous entoure mais de ce qui nous habite. Bien sûr il est plus facile de ressentir de la joie et de goûter la paix si nous sommes dans de bonnes conditions, sans trop de contrariétés ou d’adversité. Mais la vraie joie et la vraie paix ne viennent pas de l’extérieur, mais de l’intérieur. C’est au cœur de notre cœur que l’Esprit déploie sa présence, ce qui d’ailleurs permet que la joie et la paix soient plus fortes et plus durables.

Il y a ensuite les fruits qui concernent nos dispositions : patience, bonté, bienveillance. Il s’agit de ce qui nous permet d’accueillir la vérité du monde et des autres. La patience – qui n’est pas tant la capacité à attendre que celle à supporter – la patience, donc, est ce qui nous permet de résister à ce qui ne devrait pas être ; la bonté est ce qui nous permet de contribuer à l’épanouissement d’un monde selon le cœur de Dieu ; la bienveillance est ce qui nous permet de préférer ce qui vient de la grâce plutôt que ce qui vient du péché. En entrant dans ces dispositions nous partageons l’attitude du Seigneur vis-à-vis du monde, lui qui supporte le mal sans y consentir, qui œuvre à la progression du bien et qui préfère toujours nous sauver que nous condamner.

Enfin, l’Esprit fait fructifier en nous ces forces que sont la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi. Ce sont autant de manières de servir la vérité. Dans la mentalité biblique, la vérité est en effet ce qui dure et non pas seulement ce qui apparaît à un moment. C’est ainsi que la fidélité permet que notre parole soit vraie et que nos engagements soient solides : c’est la fidélité qui fait apparaître la vérité profonde de ce que nous prétendons. La douceur est la véritable force, la violence n’étant que l’agitation de la faiblesse. Souvenons-nous de ce que disait Jésus : « heureux les doux, ils posséderont la terre ». Enfin la maîtrise de soi permet que ce soit bien nous qui agissions, et non pas un sentiment ou une émotion, que nous pourrions regretter aussi vite que nous les avons ressentis.

Puisque nous sommes invités aujourd’hui à nous souvenir du don de Dieu pour nous rendre plus disponibles à l’Esprit de vérité, laissons-nous conduire par lui dans l’amour, la joie et la paix ; laissons-nous guider dans la patience, la bonté et la bienveillance, laissons-le nous fortifier dans la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle ouvre nos yeux à la lumière bienheureuse qui vient remplir le cœur de ceux qui l’attendent. Temple de l’Esprit Saint qu’elle ouvre nos cœurs au Consolateur souverain, l’hôte très doux de nos âmes. Mère du Bel amour qu’elle ouvre nos vies à la puissance divine qui baigne ce qui est aride et guéris ce qui est blessé, pour que nous puissions resplendir de la présence de Dieu et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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