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Père Charles Mallard-Préparer la rencontre

5 décembre 2021

Préparer la rencontre

2° Dimanche de l’Avent – Année C

Ba 5,1-9 ; Ps 125 ; Ph 1,4-6.8-11 ; Lc 3,1-6

Dans ce temps de l’Avent qui nous prépare à la présence du Seigneur, la figure de Jean-Baptiste qui a préparé la prédication de Jésus semble toute indiquée comme guide et modèle. D’autant que l’évangile nous rappelait comment celui-ci accomplissait l’invitation du prophète Isaïe à faciliter la venue du Seigneur. Puisqu’il s’agit de se disposer à la rencontre avec Dieu, je me suis souvenu, qu’outre cette invitation à la conversion, nous avions un autre moyen qui nous a été indiqué par Jésus pour nous disposer à cette rencontre : la prière qu’il a donnée à ses disciples. Voyons ce que peut nous faire comprendre la résonnance entre l’annonce d’Isaïe et le Notre Père.

Tout commence par la demande : « préparez les chemins du Seigneur » qui rejoint la prière « que ton nom soit sanctifié ». C’est en quelque sorte la première étape qui nous rappelle le but de notre démarche : désirer la rencontre. On ne prépare pas le chemin de celui qu’on ne veut pas voir, on ne sanctifie pas le nom de celui qu’on ignore. Le temps de l’Avent est déjà un temps où nous creusons en nous le désir de Dieu.

Ensuite « rendez droits ses sentiers » résonne avec le souhait « que ton règne vienne ». D’une certaine manière on passe de la théorie à la pratique, de la parole aux actes. C’est important de désirer la présence de Dieu, mais ça ne peut pas rester un vœu pieux, et nous comprenons bien que cela nous engage à vivre selon sa Parole, ce qui implique de nous investir, de relever les manches comme le cantonnier qui rectifie un sentier. L’attente du temps de l’Avent n’est pas une attente passive, elle est une attente active où l’on change des choses dans nos vies.

En priant sincèrement « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » nous mesurons le ravin qui doit être comblé entre ce que nous faisons et ce que Dieu veut. Il y a souvent entre la terre et le ciel un abîme auquel nous ne devons pas nous résigner. Même s’il n’est pas en notre pouvoir de le combler, nous pouvons veiller à ne pas le creuser. La conversion à laquelle nous invite l’Avent est déjà une manière de remplissage. Par exemple, remplir notre temps de prière : que Dieu ne soit pas le grand absent de cette période qui nous conduit à Noël.

Comment se répondent la demande sur le pain quotidien et la promesse que les montagnes et les collines seront abaissées ? Peut-être est-ce le signe d’un retournement dans nos cœurs et nos attitudes. Car il y a des obstacles que nous pourrions être tentés de nous obstiner à franchir par nos propres forces, comme nous pourrions considérer que Dieu n’a rien à voir avec notre subsistance. Or dans la vie spirituelle, vient toujours un moment où nous devons accepter de ne pas avoir la maîtrise de tout. Pour prendre une image : il faut accepter de donner la pioche à Dieu tout en gardant la pelle. Renoncer à prendre pour apprendre à recevoir. C’est un autre aspect de la conversion : s’appuyer sur le Seigneur plutôt que sur nos propres forces.

Ceux qui ont malheureusement fait l’expérience des conflits, comprendrons facilement que l’invitation à pardonner pour être pardonner est une façon de sortir de la complexité des passages tortueux de l’histoire. Plus qu’à toute autre période peut-être, le temps de Noël est celui où les difficultés de relations pèsent tout particulièrement. La conversion, par son appel au pardon et à la réconciliation nous indique les moyens d’une simplification selon le cœur de Dieu.

Si le Seigneur « ne nous laisse pas entrer en tentation », la vie devient plus douce et « les chemins rocailleux sont aplanis ». Voilà un bon motif de vigilance pour ce temps de l’Avent : éviter ce qui blesse ou fait souffrir, pour nous et pour les autres. La tentation est toujours une aspérité : et ce n’est pas en y succombant qu’on l’évite, bien au contraire. Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation disait Jésus à ses disciples … c’est aussi l’invitation qui nous est faite pour ce temps de l’Avent

Enfin, pour que « tout être vivant voit le salut de Dieu », il faut bien qu’il « nous délivre du mal ». A travers la promesse et l’espérance, nous retrouvons cette invitation au désir, non plus seulement le désir de Dieu mais celui de sa présence et de notre proximité. Comme le disait saint Paul aux Philippiens, il s’agit de mener jusqu’à son achèvement ce que Dieu a commencé en nous, et que « son amour nous fasse progresser de plus en plus dans la pleine connaissance […] pour discerner ce qui est important ».

Nous voilà déjà bien engagé dans ce chemin de l’Avent pour que soit facilité notre rencontre avec le Seigneur au jour de son avènement. Une rencontre à laquelle nous nous entraînons en veillant à faire ce que nous devons faire, et à laisser à Dieu la place qui lui revient.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle nous indique le chemin du Seigneur en acceptant que résonne en nous sa Parole. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à quitter la robe de tristesse et de misère pour revêtir le manteau de la justice de Dieu. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle prépare nos cœurs et nos vies à la Gloire de l’Éternel pour que nous puissions demeurer en Lui comme Il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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