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Père Charles Mallard-Rien à comprendre et tout à vivre

30 mai 2021

Rien à comprendre et tout à vivre

Fête de la Sainte Trinité – Année B

Dt 4,32-34. 39-40 ; Ps 32 (33) ; Rm 8,14-17 ; Mt 28,16-20

Comme si, après la Pentecôte, l’Église ne se résignait pas à revenir trop rapidement au temps ordinaire, nous commençons aujourd’hui la série des Solennités : la Trinité puis ce sera la Fête-Dieu et enfin le Sacré Cœur. Nous avons donc entendu dans l’évangile l’envoi en mission que rapporte saint Matthieu, avec cette évocation du baptême au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. C’est un témoignage émouvant de la foi dans le Dieu unique et trine, témoignage qui nous rappelle qu’avant même que les mystiques les plus savants aient cherché à expliquer le mystère de Dieu, celui-ci marque depuis toujours la vie chrétienne.

Parler de la Trinité, c’est déjà parler de quelque chose qui nous dépasse, difficile voire impossible à expliquer sinon à comprendre. En vérité puisqu’il s’agit de Dieu lui-même c’est le contraire qui serait inquiétant ! Vouloir que Dieu soit comme on l’imagine ou comme on le pense, c’est prendre le risque de croire à un dieu que l’on s’est fabriqué. Le texte de la première lecture nous invitait à cette attitude fondamentale de la foi qui est l’étonnement devant le cœur de Dieu. « A-t-on déjà vu cela ? » demande Moïse en évoquant l’aventure du peuple au désert depuis la sortie d’Égypte. Quand Dieu révèle son cœur, il dépasse tout ce l’homme a pu imaginer. La Trinité participe à la surprise de la Révélation. La foi commence peut-être quand on se laisse étonner par ce que Dieu découvre de lui-même, d’autant qu’il le découvre non pas dans un discours qui tombe du ciel, mais dans la simplicité de la vie. Car c’est en voyant Jésus vivre et ressusciter que l’on comprend que Dieu n’est pas seulement le Père à qui l’on s’adresse, mais aussi le Fils venu pour nous sauver et l’Esprit qui nous garde dans la fidélité. On peut faire de très savantes études pour expliquer que Dieu soit Père, Fils et Saint-Esprit, on a même inventé pour cela des mots compliqués qui pourraient servir au capitaine Haddock – mais ultimement, comme aiment à le rappeler les professeurs de théologie, dans la Trinité, il n’y a rien à comprendre et tout à vivre.

C’est en quelque sorte ce que montrait la deuxième lecture qui nous plonge justement dans la vie divine : « vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils, et c’est en lui que nous crions “Abba” c’est-à-dire Père ». Parler de la Trinité, c’est donc aussi parler de quelque chose qui nous entraîne. Car nous découvrons que nous sommes en quelque sorte le quatrième de la Trinité. Peut-être avons-nous été trop habitués à l’appellation d’enfants de Dieu, et nous ne voyons plus ce qu’il y a d’unique et d’inouï dans cette affirmation. Pourtant cela transforme la religion, en changeant notre regard sur Dieu, en modifiant nos dispositions, en modelant nos attitudes. Découvrir Dieu comme Père, change notre regard car il nous considère comme des enfants et non pas comme des esclaves ; se laisser conduire par l’Esprit modifie nos dispositions car nous n’agissons pas de notre propre chef, mais poussé et envoyé par le Seigneur; se conformer au Fils modèle nos attitudes pour que nous l’imitions toujours plus et lui ressemblions toujours mieux. Contempler la Trinité, ce n’est pas regarder par le trou d’une serrure céleste pour observer la vie des Trois qui sont Un ; c’est se laisser entraîner par le tourbillon d’amour qui a créé le Ciel et la Terre et qui nous attend de toute éternité.

Et justement, parce que la Trinité nous entraîne, parler de la Trinité c’est aussi parler de ce qui nous implique comme le manifestait l’évangile qui rappelle notre mission. Le Christ est présent avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde, mais c’est à nous de faire de toutes les nations des disciples, en leur apprenant à observer ce qu’il nous demande. Il ne s’agit pas de dire mais de retentir, il ne s’agit pas de montrer mais de rayonner. La transmission de la révélation du cœur de Dieu ne se transmet pas comme on passe un ballon ; elle se partage comme une invitation ou un apprentissage. Reconnaître la Trinité, nous provoque au témoignage par la présence et la fidélité. Si toute notre prière est marquée au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, c’est qu’il ne s’agit pas d’une idée mais d’une vie qui rythme notre vie et transforme notre existence.

En cette fête de la Sainte Trinité, acceptons ce qu’il y a d’unique dans le mystère qui nous révèle la gloire de Dieu ; laissons-nous entraîner dans l’aventure de la vie divine, engageons-nous résolument à la suite du Christ pour que l’évangile résonne là où nous sommes et que l’humanité puisse se rassembler dans l’Unité du Père et du Fils et du Saint-Esprit.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous conduise au cœur du Père ; Temple de l’Esprit Saint, qu’elle nous rende disponibles au souffle de Dieu ; Mère du Bel Amour, qu’elle nous garde unis au Christ pour que nous puissions demeurer en Lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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