Père Charles Mallard-Une parole puissante

Une parole puissante
3° dimanche du temps ordinaire – année B
Jo 3,1-5.10 / 1 Co 7,29-31 / Mc 1,14-20
En ce dimanche de la Parole, nous pouvons prendre le temps de méditer sur cette puissance de la Parole de Dieu. D’autant que dans l’évangile nous retrouvons la même dynamique : Simon et André, puis Jacques et Jean, « aussitôt » que Jésus les appelle, laissent tout et suivent le Seigneur. Là encore la parole transforme radicalement la vie et le cœur des hommes.
D’abord il s’agit d’une parole d’amour. On le comprend facilement pour l’appel des disciples, mais sans doute trouverez-vous un peu osé de qualifier de parole d’amour la menace de Jonas « encore quarante jours et Ninive sera détruite ». Déjà, en voyant la réaction de Dieu devant l’attitude des habitants, nous réalisons que la volonté du Seigneur n’était pas de détruire la ville mais de mettre fin aux conduites mauvaises. Trop souvent nous avons une vision romantique de l’amour. Comme si la flatterie était une parole d’amour ! Si vous attendez de la Parole de Dieu qu’elle vous conforte et vous console, si vous ne lisez dans la Bible que les textes qui vous plaisent, rappelez-vous du corbeau et du renard ! Certes l’amour console, mais il doit être aussi exigeant et juste. Parfois l’amour passe par le reproche, pour que l’autre cesse de faire le mal et qu’il ne s’enferme pas dans la médiocrité. Ne trions pas la parole de Dieu pour n’en garder que ce qui nous arrange. Le Seigneur sait mieux que nous ce dont nous sommes capables. Ce qui nous dérange est souvent une invitation à progresser, à révéler le meilleur de ce que nous sommes.
Ensuite il s’agit bien de la parole de Dieu, et non pas celle de celui qui la transmet. Dans la suite de l’histoire de Jonas (que je vous invite à lire en rentrant chez vous ou au moins cette semaine) on voit que le prophète s’agace de la miséricorde divine. S’il ne tenait qu’à lui, d’abord il n’aurait rien dit, et puis on voit bien qu’il fait le minimum et qu’il est dépassé par son message. Nous devons avoir confiance dans la parole qui nous est confiée, alors que souvent nous avons tendance à l’arranger pour qu’elle corresponde à ce que nous pensons ou à ce que nous comprenons. Il y a une sorte d’obéissance et de fidélité à la parole qui lui permettra d’agir au-delà de nos forces et de nos limites. Comme disait sainte Bernadette, nous sommes chargés de la dire, pas de la faire croire. Revenir aux textes, les relire en étant attentifs aux mots et aux expressions, c’est une manière de vérifier que nous ne l’avons pas déformée.
Enfin c’est une parole qui se propose et qui nous engage. Il y a quelque chose d’extraordinaire dans cette parole qui ne fait rien sans nous. Ce n’est pas une parole magique qui agit mécaniquement, qu’on le veuille ou non. Les habitants de Ninive auraient pu fuir, les disciples auraient pu négocier, ou même refuser. Chaque fois la puissance de la Parole se déploie dans le consentement de l’homme. Dans la tradition de la lectio divina, la méditation de la parole ne consiste pas simplement à réfléchir pour comprendre, mais ensuite à répondre et à décider. Si nous voulons accueillir la parole de Dieu en plénitude, après s’être demandé « qu’est-ce que ça veut dire ? », il faut se poser deux autres questions : « qu’est-ce que le Seigneur me propose ? » et « comment vais-je la mettre en pratique ? ».
Oui la parole de Dieu est puissante, car elle est sa parole d’amour qui nous dévoile son cœur et nous invite à partager sa vie, en nous encourageant, en nous consolant mais aussi en corrigeant ce qui nous diminue. C’est une parole qui nous est confiée pour que nous la fassions retentir, sans la déformer. C’est une parole qui se propose et nous implique car elle ne se déploiera qu’à la mesure de notre consentement.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre et à servir cette parole. Porte du Ciel qu’elle nous apprenne à reconnaître le cœur de Dieu. Temple de l’Esprit Saint, qu’elle soutienne notre fidélité. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à accueillir la puissance de la Parole, pour que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.