Père Charles Mallard-Fidèles plutôt que croyants

homélie 2

Fidèles plutôt que croyants

5 Octobre 2025

27° Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Ha 1,2-3 : 2,2-4 ; Ps 94 ; 2 Tm 1,6-8.13-14 ; Lc 17,5-10

Même s’il est probable que cela n’ait jamais existé, supposons une personne qui, entendant l’évangile de ce jour, se tiendrait devant un arbre pour lui commander d’aller se planter dans la mer. J’espère que chacun de nous devant une telle scène s’interrogerait sur la santé mentale de l’individu plutôt que de s’extasier sur sa foi ! Il est évident que Jésus utilise une image qui n’est pas à prendre au pied de la lettre. Mais qu’est-ce qui nous rendrait le plus perplexe ? Est-ce que ce serait la folie de croire qu’un arbre peut obéir à la parole d’un homme ou bien est-ce que ce serait l’incongruité de planter un arbre au milieu de la mer ? Dans une telle situation, qu’est-ce qui nous dérange le plus : l’impossibilité ou l’absurdité ? La réponse à cette question est peut-être révélatrice de notre conception de la foi. Mais laissons-nous instruire par la parole de Dieu que nous venons d’entendre.

Dans la première lecture, le prophète Habacuc, fait l’expérience de ce que les spirituels ont appelé le silence de Dieu : « combien de temps vais-je appeler sans que tu entendes ? ». Il a sans doute vécu la période troublée qui précède la chute de Jérusalem et l’exil à Babylone. Et il a beau prier, rien ne s’arrange ! C’est comme s’il demandait l’impossible. Qu’est-ce que le Seigneur lui répond ? Ce que Dieu promet, il faut l’attendre avec persévérance. Avec cette belle parole : « le juste vivra par sa fidélité ». C’est le premier aspect de la foi : la fidélité. Ceux qui ont la foi, ce ne sont pas tellement les croyants, ce sont les fidèles. Voilà pourquoi la foi a cette puissance de faire ce qui paraît impossible. Mais il ne s’agit pas d’une inconscience ou d’un acharnement, il s’agit d’une confiance dans la parole de Dieu. La foi chrétienne n’a déraciné aucun arbre, mais elle a construit des cathédrales, pacifié des peuples, fondé des écoles et des hôpitaux. Et souvent cela paraissait encore plus impossible que de planter un arbre dans la mer, et cela a demandé plus de patience et de persévérance qu’un spectacle sidérant !

D’ailleurs l’évangile vient apporter une précision importante. Les deux enseignements de Jésus ne sont pas rapprochés par hasard. Ils montrent deux aspects importants de la foi qui sont complémentaires l’un de l’autre comme les deux mouvements de la respiration. D’abord Jésus montre la puissance de la foi, et ensuite il rappelle qu’il ne s’agit pas d’un pouvoir qui nous appartiendrait et qui nous mériterait des privilèges. Quand on demande la foi, on ne demande pas le pouvoir de faire des miracles, on demande de faire ce que Dieu attend de nous.  Si la foi est une puissance étonnante elle est aussi un devoir ordinaire. Elle est à la fois audace de l’espérance et humilité de la charité. Si nous renonçons à la puissance, la foi devient routine sans ambition, rapidement fastidieuse ; si nous oublions le devoir, la foi devient un activisme orgueilleux, rapidement insupportable. La foi nous fait grandir dans l’humilité et la disponibilité au cœur de Dieu.

Enfin la lettre de saint Paul à Timothée révélait un troisième aspect de la foi : « ravive le don de Dieu » … Étonnant ! Le don de Dieu s’userait-il ? C’est que Dieu n’agit jamais à sens unique. Ce qu’il donne, nous devons le recevoir, et c’est plutôt notre accueil du don de Dieu que nous devons raviver. C’est pourquoi il y a toujours un aspect d’obéissance dans la foi, qui va de pair avec une dimension de responsabilité. « Nous sommes responsables de ce que nous apprivoisons » disait le petit prince, et c’est une dimension essentielle de la foi : elle nous implique, elle nous engage, même si nous n’en sommes pas l’origine. Voilà pourquoi saint Paul conclut : « garde le dépôt de la foi ». C’est le troisième aspect de la foi : elle n’est pas seulement une confiance que nous faisons en Dieu, elle est aussi une confiance que Dieu nous fait.

« Augmente en nous la foi » demandaient les apôtres à Jésus. C’est sans doute très beau, mais la Parole de Dieu nous fait comprendre que notre foi n’augmentera pas sans nous : elle est une confiance qui se manifeste par une fidélité persévérante et non pas par l’immobilisme ; elle est une puissance qui n’est pas un pouvoir et qui se vit dans l’humilité audacieuse ; elle est un don qui nous est confié et que nous recevons par l’engagement et l’obéissance.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés, qu’elle soutienne notre persévérance. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à agir selon le cœur de Dieu. Reine des Saints qu’elle nous accompagne tout au long de notre vie pour que gardant le dépôt de la foi nous puissions transmettre ce que nous avons reçu et qu’ainsi nous participions à la vie divine, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Publié le 28 septembre 2025

Père Charles Mallard-Fidèles plutôt que croyants

Fidèles plutôt que croyants

5 Octobre 2025

27° Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Ha 1,2-3 : 2,2-4 ; Ps 94 ; 2 Tm 1,6-8.13-14 ; Lc 17,5-10

Même s’il est probable que cela n’ait jamais existé, supposons une personne qui, entendant l’évangile de ce jour, se tiendrait devant un arbre pour lui commander d’aller se planter dans la mer. J’espère que chacun de nous devant une telle scène s’interrogerait sur la santé mentale de l’individu plutôt que de s’extasier sur sa foi ! Il est évident que Jésus utilise une image qui n’est pas à prendre au pied de la lettre. Mais qu’est-ce qui nous rendrait le plus perplexe ? Est-ce que ce serait la folie de croire qu’un arbre peut obéir à la parole d’un homme ou bien est-ce que ce serait l’incongruité de planter un arbre au milieu de la mer ? Dans une telle situation, qu’est-ce qui nous dérange le plus : l’impossibilité ou l’absurdité ? La réponse à cette question est peut-être révélatrice de notre conception de la foi. Mais laissons-nous instruire par la parole de Dieu que nous venons d’entendre.

Dans la première lecture, le prophète Habacuc, fait l’expérience de ce que les spirituels ont appelé le silence de Dieu : « combien de temps vais-je appeler sans que tu entendes ? ». Il a sans doute vécu la période troublée qui précède la chute de Jérusalem et l’exil à Babylone. Et il a beau prier, rien ne s’arrange ! C’est comme s’il demandait l’impossible. Qu’est-ce que le Seigneur lui répond ? Ce que Dieu promet, il faut l’attendre avec persévérance. Avec cette belle parole : « le juste vivra par sa fidélité ». C’est le premier aspect de la foi : la fidélité. Ceux qui ont la foi, ce ne sont pas tellement les croyants, ce sont les fidèles. Voilà pourquoi la foi a cette puissance de faire ce qui paraît impossible. Mais il ne s’agit pas d’une inconscience ou d’un acharnement, il s’agit d’une confiance dans la parole de Dieu. La foi chrétienne n’a déraciné aucun arbre, mais elle a construit des cathédrales, pacifié des peuples, fondé des écoles et des hôpitaux. Et souvent cela paraissait encore plus impossible que de planter un arbre dans la mer, et cela a demandé plus de patience et de persévérance qu’un spectacle sidérant !

D’ailleurs l’évangile vient apporter une précision importante. Les deux enseignements de Jésus ne sont pas rapprochés par hasard. Ils montrent deux aspects importants de la foi qui sont complémentaires l’un de l’autre comme les deux mouvements de la respiration. D’abord Jésus montre la puissance de la foi, et ensuite il rappelle qu’il ne s’agit pas d’un pouvoir qui nous appartiendrait et qui nous mériterait des privilèges. Quand on demande la foi, on ne demande pas le pouvoir de faire des miracles, on demande de faire ce que Dieu attend de nous.  Si la foi est une puissance étonnante elle est aussi un devoir ordinaire. Elle est à la fois audace de l’espérance et humilité de la charité. Si nous renonçons à la puissance, la foi devient routine sans ambition, rapidement fastidieuse ; si nous oublions le devoir, la foi devient un activisme orgueilleux, rapidement insupportable. La foi nous fait grandir dans l’humilité et la disponibilité au cœur de Dieu.

Enfin la lettre de saint Paul à Timothée révélait un troisième aspect de la foi : « ravive le don de Dieu » … Étonnant ! Le don de Dieu s’userait-il ? C’est que Dieu n’agit jamais à sens unique. Ce qu’il donne, nous devons le recevoir, et c’est plutôt notre accueil du don de Dieu que nous devons raviver. C’est pourquoi il y a toujours un aspect d’obéissance dans la foi, qui va de pair avec une dimension de responsabilité. « Nous sommes responsables de ce que nous apprivoisons » disait le petit prince, et c’est une dimension essentielle de la foi : elle nous implique, elle nous engage, même si nous n’en sommes pas l’origine. Voilà pourquoi saint Paul conclut : « garde le dépôt de la foi ». C’est le troisième aspect de la foi : elle n’est pas seulement une confiance que nous faisons en Dieu, elle est aussi une confiance que Dieu nous fait.

« Augmente en nous la foi » demandaient les apôtres à Jésus. C’est sans doute très beau, mais la Parole de Dieu nous fait comprendre que notre foi n’augmentera pas sans nous : elle est une confiance qui se manifeste par une fidélité persévérante et non pas par l’immobilisme ; elle est une puissance qui n’est pas un pouvoir et qui se vit dans l’humilité audacieuse ; elle est un don qui nous est confié et que nous recevons par l’engagement et l’obéissance.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés, qu’elle soutienne notre persévérance. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à agir selon le cœur de Dieu. Reine des Saints qu’elle nous accompagne tout au long de notre vie pour que gardant le dépôt de la foi nous puissions transmettre ce que nous avons reçu et qu’ainsi nous participions à la vie divine, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Publié le 28 septembre 2025

Père Charles Mallard-Fidèles plutôt que croyants

homélie 2

Fidèles plutôt que croyants

5 Octobre 2025

27° Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Ha 1,2-3 : 2,2-4 ; Ps 94 ; 2 Tm 1,6-8.13-14 ; Lc 17,5-10

Même s’il est probable que cela n’ait jamais existé, supposons une personne qui, entendant l’évangile de ce jour, se tiendrait devant un arbre pour lui commander d’aller se planter dans la mer. J’espère que chacun de nous devant une telle scène s’interrogerait sur la santé mentale de l’individu plutôt que de s’extasier sur sa foi ! Il est évident que Jésus utilise une image qui n’est pas à prendre au pied de la lettre. Mais qu’est-ce qui nous rendrait le plus perplexe ? Est-ce que ce serait la folie de croire qu’un arbre peut obéir à la parole d’un homme ou bien est-ce que ce serait l’incongruité de planter un arbre au milieu de la mer ? Dans une telle situation, qu’est-ce qui nous dérange le plus : l’impossibilité ou l’absurdité ? La réponse à cette question est peut-être révélatrice de notre conception de la foi. Mais laissons-nous instruire par la parole de Dieu que nous venons d’entendre.

Dans la première lecture, le prophète Habacuc, fait l’expérience de ce que les spirituels ont appelé le silence de Dieu : « combien de temps vais-je appeler sans que tu entendes ? ». Il a sans doute vécu la période troublée qui précède la chute de Jérusalem et l’exil à Babylone. Et il a beau prier, rien ne s’arrange ! C’est comme s’il demandait l’impossible. Qu’est-ce que le Seigneur lui répond ? Ce que Dieu promet, il faut l’attendre avec persévérance. Avec cette belle parole : « le juste vivra par sa fidélité ». C’est le premier aspect de la foi : la fidélité. Ceux qui ont la foi, ce ne sont pas tellement les croyants, ce sont les fidèles. Voilà pourquoi la foi a cette puissance de faire ce qui paraît impossible. Mais il ne s’agit pas d’une inconscience ou d’un acharnement, il s’agit d’une confiance dans la parole de Dieu. La foi chrétienne n’a déraciné aucun arbre, mais elle a construit des cathédrales, pacifié des peuples, fondé des écoles et des hôpitaux. Et souvent cela paraissait encore plus impossible que de planter un arbre dans la mer, et cela a demandé plus de patience et de persévérance qu’un spectacle sidérant !

D’ailleurs l’évangile vient apporter une précision importante. Les deux enseignements de Jésus ne sont pas rapprochés par hasard. Ils montrent deux aspects importants de la foi qui sont complémentaires l’un de l’autre comme les deux mouvements de la respiration. D’abord Jésus montre la puissance de la foi, et ensuite il rappelle qu’il ne s’agit pas d’un pouvoir qui nous appartiendrait et qui nous mériterait des privilèges. Quand on demande la foi, on ne demande pas le pouvoir de faire des miracles, on demande de faire ce que Dieu attend de nous.  Si la foi est une puissance étonnante elle est aussi un devoir ordinaire. Elle est à la fois audace de l’espérance et humilité de la charité. Si nous renonçons à la puissance, la foi devient routine sans ambition, rapidement fastidieuse ; si nous oublions le devoir, la foi devient un activisme orgueilleux, rapidement insupportable. La foi nous fait grandir dans l’humilité et la disponibilité au cœur de Dieu.

Enfin la lettre de saint Paul à Timothée révélait un troisième aspect de la foi : « ravive le don de Dieu » … Étonnant ! Le don de Dieu s’userait-il ? C’est que Dieu n’agit jamais à sens unique. Ce qu’il donne, nous devons le recevoir, et c’est plutôt notre accueil du don de Dieu que nous devons raviver. C’est pourquoi il y a toujours un aspect d’obéissance dans la foi, qui va de pair avec une dimension de responsabilité. « Nous sommes responsables de ce que nous apprivoisons » disait le petit prince, et c’est une dimension essentielle de la foi : elle nous implique, elle nous engage, même si nous n’en sommes pas l’origine. Voilà pourquoi saint Paul conclut : « garde le dépôt de la foi ». C’est le troisième aspect de la foi : elle n’est pas seulement une confiance que nous faisons en Dieu, elle est aussi une confiance que Dieu nous fait.

« Augmente en nous la foi » demandaient les apôtres à Jésus. C’est sans doute très beau, mais la Parole de Dieu nous fait comprendre que notre foi n’augmentera pas sans nous : elle est une confiance qui se manifeste par une fidélité persévérante et non pas par l’immobilisme ; elle est une puissance qui n’est pas un pouvoir et qui se vit dans l’humilité audacieuse ; elle est un don qui nous est confié et que nous recevons par l’engagement et l’obéissance.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Consolatrice des affligés, qu’elle soutienne notre persévérance. Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à agir selon le cœur de Dieu. Reine des Saints qu’elle nous accompagne tout au long de notre vie pour que gardant le dépôt de la foi nous puissions transmettre ce que nous avons reçu et qu’ainsi nous participions à la vie divine, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Publié le 28 septembre 2025