Père Charles Mallard-Prier pour les défunts ?

homélie 2

Prier pour les défunts ?

2 Novembre 2025

Commémoration des fidèles défunts

Is 25, 6a.7-9 ; Ps 26(27) ; Rm 6, 3-9 ; Jn 14, 1-6

Au lendemain de la Toussaint, nous sommes invités à prier pour les fidèles défunts. Si la fête de tous les saints est une fête glorieuse, entrainante, exaltante, il faut bien reconnaître que la commémoration des fidèles défunts a une tonalité plus austère. Puisque cette année, elle tombe un dimanche, nous n’avons pas l’excuse du travail ou des engagements professionnels pour nous en dispenser ! Mais pourquoi évoquer les défunts le lendemain du jour où l’on contemple la foule innombrable des saints ?

D’abord pour réaliser que ce n’est pas la même chose : si tous les saints que nous avons célébrés sont décédés, pour autant toutes les personnes décédées ne sont pas saintes ! Certes, tous nous sommes destinés à la sainteté ; certes il y a beaucoup de saints anonymes qui ne sont pas inscrits au calendrier même dans sa version la plus complète ; certes il n’y a pas besoin de marquer la mémoire de l’histoire des hommes pour être saints … mais ça n’est pas automatique. La commémoration d’aujourd’hui nous invite à un certain réalisme, dans notre affection comme dans notre souvenir : on ne devient pas parfait au moment où l’on meurt ! Il ne s’agit pas de noircir la mémoire des défunts, mais humblement de reconnaître notre condition pécheresse. On voit sur certains cimetières l’inscription : « nous étions ce que vous êtes ; vous serez ce que nous sommes » … Dire que tous les défunts ne sont pas saints, ce n’est pas dire du mal de ceux pour qui nous prions, c’est reconnaître que nous avons un rôle à tenir pour que notre vie soit conforme au cœur de Dieu. « Je vous emmènerai pour là où je suis vous soyez vous aussi » disait Jésus dans l’évangile … encore faut-il que nous nous laissions emmener !

Mais si les deux célébrations sont différentes, elles ne sont pas éloignées. Au contraire : on peut difficilement faire plus proche que du jour au lendemain. Il y a donc un lien entre les deux, et le lien c’est que la Toussaint est le but de la commémoration des fidèles défunts : nous prions pour que les défunts deviennent saints. C’est même le sens de toute prière pour les défunts : les aider à entrer dans la plénitude de la gloire. Et cela nous enseigne quelque chose de très précieux pour la vie spirituelle : la temporalité, ou si vous préférez la progressivité. Trop souvent nous pensons les choses en oui et non, alors qu’il faudrait les penser en plus ou moins. Dit autrement : ceux qui ne sont pas saints, peuvent le devenir. Et c’est plutôt rassurant. L’avantage des défunts c’est qu’ils ne peuvent que progresser, tandis que nous, nous devons veiller à ne pas régresser ! Toujours est-il que la commémoration des fidèles défunts nous rappelle que nous sommes dans le temps. D’abord, cela veut dire que le monde et l’humanité n’ont pas commencé avec nous, aussi blessant que ce soit pour notre orgueil, et nous avons un devoir de fidélité pour ceux qui nous ont précédés. On parle beaucoup de devoir de mémoire, la célébration d’aujourd’hui en est une expression. Mais puisque nous sommes dans le temps, nous devons vivre notre relation à Dieu sous le signe de la progression … et même la mort n’empêche pas la progression.

Enfin la Toussaint n’est pas seulement le but de la commémoration des fidèles défunts, elle en est aussi le moyen. Il est providentiel qu’en cette année jubilaire tournée vers l’espérance, la commémoration des fidèles défunts soit célébrée le dimanche. Cela nous rappelle que si la sainteté est l’objectif de notre vie, on y parvient par la communion. Le repas préparé par le Seigneur, qu’annonçait Isaïe, n’est pas le but d’une course où le premier arrivé est le premier servi : c’est ensemble que nous avançons vers la table du Seigneur, c’est en s’aidant et se soutenant mutuellement que nous trouverons notre place dans le cœur de Dieu. C’est le sens de l’indulgence jubilaire, où nous puisons dans le trésor de la charité des saints ce qui permet aux défunts de les rejoindre. Je me souviens d’une personne qui me disait « je ne fais plus dire de messes pour mes grands-parents : j’ai demandé pour eux l’indulgence plénière ». Ça ne fait pas beaucoup les affaires du curé, qui voit se réduire les intentions de messes, mais la démarche est juste, théologiquement et spirituellement ! Les deux célébrations d’hier et d’aujourd’hui sont comme les deux faces du même mystère de la foi qui ouvre à l’espérance grâce à la charité : la face où l’on reçoit, la face où l’on donne ; la face où l’on est invité à l’espérance, la face où l’on permet l’espérance

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs qu’elle déploie la miséricorde de Dieu sur ceux qui attendent la plénitude de la gloire. Secours des chrétiens qu’elle fortifie les efforts de ceux qui sont encore en chemin. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne, à la suite du Christ, dans l’assemblée des saints pour que notre cœur batte au rythme du cœur de Dieu et que nous puissions prendre place avec tous ceux qui nous ont précédés au repas du Seigneur, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Publié le 19 octobre 2025

Père Charles Mallard-Prier pour les défunts ?

Prier pour les défunts ?

2 Novembre 2025

Commémoration des fidèles défunts

Is 25, 6a.7-9 ; Ps 26(27) ; Rm 6, 3-9 ; Jn 14, 1-6

Au lendemain de la Toussaint, nous sommes invités à prier pour les fidèles défunts. Si la fête de tous les saints est une fête glorieuse, entrainante, exaltante, il faut bien reconnaître que la commémoration des fidèles défunts a une tonalité plus austère. Puisque cette année, elle tombe un dimanche, nous n’avons pas l’excuse du travail ou des engagements professionnels pour nous en dispenser ! Mais pourquoi évoquer les défunts le lendemain du jour où l’on contemple la foule innombrable des saints ?

D’abord pour réaliser que ce n’est pas la même chose : si tous les saints que nous avons célébrés sont décédés, pour autant toutes les personnes décédées ne sont pas saintes ! Certes, tous nous sommes destinés à la sainteté ; certes il y a beaucoup de saints anonymes qui ne sont pas inscrits au calendrier même dans sa version la plus complète ; certes il n’y a pas besoin de marquer la mémoire de l’histoire des hommes pour être saints … mais ça n’est pas automatique. La commémoration d’aujourd’hui nous invite à un certain réalisme, dans notre affection comme dans notre souvenir : on ne devient pas parfait au moment où l’on meurt ! Il ne s’agit pas de noircir la mémoire des défunts, mais humblement de reconnaître notre condition pécheresse. On voit sur certains cimetières l’inscription : « nous étions ce que vous êtes ; vous serez ce que nous sommes » … Dire que tous les défunts ne sont pas saints, ce n’est pas dire du mal de ceux pour qui nous prions, c’est reconnaître que nous avons un rôle à tenir pour que notre vie soit conforme au cœur de Dieu. « Je vous emmènerai pour là où je suis vous soyez vous aussi » disait Jésus dans l’évangile … encore faut-il que nous nous laissions emmener !

Mais si les deux célébrations sont différentes, elles ne sont pas éloignées. Au contraire : on peut difficilement faire plus proche que du jour au lendemain. Il y a donc un lien entre les deux, et le lien c’est que la Toussaint est le but de la commémoration des fidèles défunts : nous prions pour que les défunts deviennent saints. C’est même le sens de toute prière pour les défunts : les aider à entrer dans la plénitude de la gloire. Et cela nous enseigne quelque chose de très précieux pour la vie spirituelle : la temporalité, ou si vous préférez la progressivité. Trop souvent nous pensons les choses en oui et non, alors qu’il faudrait les penser en plus ou moins. Dit autrement : ceux qui ne sont pas saints, peuvent le devenir. Et c’est plutôt rassurant. L’avantage des défunts c’est qu’ils ne peuvent que progresser, tandis que nous, nous devons veiller à ne pas régresser ! Toujours est-il que la commémoration des fidèles défunts nous rappelle que nous sommes dans le temps. D’abord, cela veut dire que le monde et l’humanité n’ont pas commencé avec nous, aussi blessant que ce soit pour notre orgueil, et nous avons un devoir de fidélité pour ceux qui nous ont précédés. On parle beaucoup de devoir de mémoire, la célébration d’aujourd’hui en est une expression. Mais puisque nous sommes dans le temps, nous devons vivre notre relation à Dieu sous le signe de la progression … et même la mort n’empêche pas la progression.

Enfin la Toussaint n’est pas seulement le but de la commémoration des fidèles défunts, elle en est aussi le moyen. Il est providentiel qu’en cette année jubilaire tournée vers l’espérance, la commémoration des fidèles défunts soit célébrée le dimanche. Cela nous rappelle que si la sainteté est l’objectif de notre vie, on y parvient par la communion. Le repas préparé par le Seigneur, qu’annonçait Isaïe, n’est pas le but d’une course où le premier arrivé est le premier servi : c’est ensemble que nous avançons vers la table du Seigneur, c’est en s’aidant et se soutenant mutuellement que nous trouverons notre place dans le cœur de Dieu. C’est le sens de l’indulgence jubilaire, où nous puisons dans le trésor de la charité des saints ce qui permet aux défunts de les rejoindre. Je me souviens d’une personne qui me disait « je ne fais plus dire de messes pour mes grands-parents : j’ai demandé pour eux l’indulgence plénière ». Ça ne fait pas beaucoup les affaires du curé, qui voit se réduire les intentions de messes, mais la démarche est juste, théologiquement et spirituellement ! Les deux célébrations d’hier et d’aujourd’hui sont comme les deux faces du même mystère de la foi qui ouvre à l’espérance grâce à la charité : la face où l’on reçoit, la face où l’on donne ; la face où l’on est invité à l’espérance, la face où l’on permet l’espérance

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs qu’elle déploie la miséricorde de Dieu sur ceux qui attendent la plénitude de la gloire. Secours des chrétiens qu’elle fortifie les efforts de ceux qui sont encore en chemin. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne, à la suite du Christ, dans l’assemblée des saints pour que notre cœur batte au rythme du cœur de Dieu et que nous puissions prendre place avec tous ceux qui nous ont précédés au repas du Seigneur, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Publié le 19 octobre 2025

Père Charles Mallard-Prier pour les défunts ?

homélie 2

Prier pour les défunts ?

2 Novembre 2025

Commémoration des fidèles défunts

Is 25, 6a.7-9 ; Ps 26(27) ; Rm 6, 3-9 ; Jn 14, 1-6

Au lendemain de la Toussaint, nous sommes invités à prier pour les fidèles défunts. Si la fête de tous les saints est une fête glorieuse, entrainante, exaltante, il faut bien reconnaître que la commémoration des fidèles défunts a une tonalité plus austère. Puisque cette année, elle tombe un dimanche, nous n’avons pas l’excuse du travail ou des engagements professionnels pour nous en dispenser ! Mais pourquoi évoquer les défunts le lendemain du jour où l’on contemple la foule innombrable des saints ?

D’abord pour réaliser que ce n’est pas la même chose : si tous les saints que nous avons célébrés sont décédés, pour autant toutes les personnes décédées ne sont pas saintes ! Certes, tous nous sommes destinés à la sainteté ; certes il y a beaucoup de saints anonymes qui ne sont pas inscrits au calendrier même dans sa version la plus complète ; certes il n’y a pas besoin de marquer la mémoire de l’histoire des hommes pour être saints … mais ça n’est pas automatique. La commémoration d’aujourd’hui nous invite à un certain réalisme, dans notre affection comme dans notre souvenir : on ne devient pas parfait au moment où l’on meurt ! Il ne s’agit pas de noircir la mémoire des défunts, mais humblement de reconnaître notre condition pécheresse. On voit sur certains cimetières l’inscription : « nous étions ce que vous êtes ; vous serez ce que nous sommes » … Dire que tous les défunts ne sont pas saints, ce n’est pas dire du mal de ceux pour qui nous prions, c’est reconnaître que nous avons un rôle à tenir pour que notre vie soit conforme au cœur de Dieu. « Je vous emmènerai pour là où je suis vous soyez vous aussi » disait Jésus dans l’évangile … encore faut-il que nous nous laissions emmener !

Mais si les deux célébrations sont différentes, elles ne sont pas éloignées. Au contraire : on peut difficilement faire plus proche que du jour au lendemain. Il y a donc un lien entre les deux, et le lien c’est que la Toussaint est le but de la commémoration des fidèles défunts : nous prions pour que les défunts deviennent saints. C’est même le sens de toute prière pour les défunts : les aider à entrer dans la plénitude de la gloire. Et cela nous enseigne quelque chose de très précieux pour la vie spirituelle : la temporalité, ou si vous préférez la progressivité. Trop souvent nous pensons les choses en oui et non, alors qu’il faudrait les penser en plus ou moins. Dit autrement : ceux qui ne sont pas saints, peuvent le devenir. Et c’est plutôt rassurant. L’avantage des défunts c’est qu’ils ne peuvent que progresser, tandis que nous, nous devons veiller à ne pas régresser ! Toujours est-il que la commémoration des fidèles défunts nous rappelle que nous sommes dans le temps. D’abord, cela veut dire que le monde et l’humanité n’ont pas commencé avec nous, aussi blessant que ce soit pour notre orgueil, et nous avons un devoir de fidélité pour ceux qui nous ont précédés. On parle beaucoup de devoir de mémoire, la célébration d’aujourd’hui en est une expression. Mais puisque nous sommes dans le temps, nous devons vivre notre relation à Dieu sous le signe de la progression … et même la mort n’empêche pas la progression.

Enfin la Toussaint n’est pas seulement le but de la commémoration des fidèles défunts, elle en est aussi le moyen. Il est providentiel qu’en cette année jubilaire tournée vers l’espérance, la commémoration des fidèles défunts soit célébrée le dimanche. Cela nous rappelle que si la sainteté est l’objectif de notre vie, on y parvient par la communion. Le repas préparé par le Seigneur, qu’annonçait Isaïe, n’est pas le but d’une course où le premier arrivé est le premier servi : c’est ensemble que nous avançons vers la table du Seigneur, c’est en s’aidant et se soutenant mutuellement que nous trouverons notre place dans le cœur de Dieu. C’est le sens de l’indulgence jubilaire, où nous puisons dans le trésor de la charité des saints ce qui permet aux défunts de les rejoindre. Je me souviens d’une personne qui me disait « je ne fais plus dire de messes pour mes grands-parents : j’ai demandé pour eux l’indulgence plénière ». Ça ne fait pas beaucoup les affaires du curé, qui voit se réduire les intentions de messes, mais la démarche est juste, théologiquement et spirituellement ! Les deux célébrations d’hier et d’aujourd’hui sont comme les deux faces du même mystère de la foi qui ouvre à l’espérance grâce à la charité : la face où l’on reçoit, la face où l’on donne ; la face où l’on est invité à l’espérance, la face où l’on permet l’espérance

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Refuge des pécheurs qu’elle déploie la miséricorde de Dieu sur ceux qui attendent la plénitude de la gloire. Secours des chrétiens qu’elle fortifie les efforts de ceux qui sont encore en chemin. Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne, à la suite du Christ, dans l’assemblée des saints pour que notre cœur batte au rythme du cœur de Dieu et que nous puissions prendre place avec tous ceux qui nous ont précédés au repas du Seigneur, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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Publié le 19 octobre 2025