Père Charles Mallard-Un comportement digne de l’évangile
Un comportement digne de l’évangile
25° Dimanche du Temps Ordinaire – Année A
Is 55,6-9 ; Ps 144 (145) ; Ph 1,20c-24.27a ; Mt 20,1-16a
La conclusion de la deuxième lecture est assez poignante et elle nous interpelle : « Quant à vous, ayez un comportement digne de l’Évangile du Christ ». Voilà une parole que nous ne devons pas entendre distraitement mais qui doit nous aiguillonner et nous guider. Encore pour cela faut-il écouter et méditer cet évangile. Puisque nous avons entendu la parabole des ouvriers de la dernière heure, voyons ce qu’elle nous propose comme comportement digne de l’Évangile du Christ.
Tout d’abord, il y a cette invitation d’aller travailler à la vigne du Seigneur. Le premier comportement qui nous est demandé est un engagement. Il ne s’agit pas d’une posture ni même d’une rencontre fût-elle affectueuse, il s’agit de se mettre au service, de participer à l’œuvre du Père, de collaborer à la préparation du Royaume. Les ouvriers de la parabole nous montrent trois manières d’accueillir cette invitation : dans l’alliance, à l’image de ceux qui ont convenus avec le maître le salaire de la journée ; dans la confiance en la promesse, à l’image de ceux à qui le maître a promis « ce qui est juste » ; dans la foi en la personne elle-même, comme les ouvriers de la dernière heure qui s’engagent sur les seules paroles « allez à ma vigne, vous aussi ». Ainsi, il y a plusieurs manières d’entendre l’appel du Seigneur, plusieurs manières de s’engager, mais tous ont relevé les manches et sont allés travailler à la vigne.
Ensuite le texte suggère un comportement à éviter. Celui des ouvriers de la première heure qui récriminent. Qu’est-ce qui motive leur revendication ? Ce n’est pas ce qu’ils ont reçu, puisque c’est ce qui était convenu. Ce n’est même pas le fait de recevoir la même chose que les autres, c’est le fait que les autres reçoivent la même chose qu’eux : « tu les traites à l’égal de nous ». Ce comportement à éviter, ce comportement indigne de l’évangile, c’est de regarder les autres en se considérant supérieur, c’est d’estimer que l’on vaut mieux que les autres. C’est d’ailleurs l’un des dangers de l’engagement : croire que cela nous élève au-dessus de nos frères. Sans doute l’engagement et le service nous rendent meilleurs, mais meilleur que ce que l’on était et non pas meilleur que les autres !
D’où l’importance du troisième comportement digne de l’Évangile que suggère la parabole : imiter le maitre de la vigne qui considère ses ouvriers pour ce qu’ils sont avant de les mesurer à ce qu’ils font. En donnant à chacun la même chose, le maitre manifeste l’égalité fondamentale de tous, indépendamment de leur utilité. Le Christ nous invite ainsi à considérer l’image de Dieu en ceux que nous rencontrons, à rebours d’une vision utilitariste qui ne s’intéresserait qu’à ce que l’autre peut nous apporter. Ce n’est pas un encouragement à ne rien faire : le maitre n’est pas allé distribuer des deniers dans la rue. Mais c’est un rappel de la dignité de tout homme, généreusement aimé par le Seigneur. Nous sommes ainsi invités à partager le regard de Dieu sur chacun. Ce qui vaut d’ailleurs tant dans nos relations que sur nous-mêmes, lorsque la vie ou les circonstances nous empêchent de faire ce que nous voudrions : c’est nous que le Seigneur aime, et non pas ce que nous faisons.
« Ayez un comportement digne de l’Évangile » nous demandait saint Paul, la parabole des ouvriers de la dernière nous désigne au moins trois comportements dignes de ce que nous avons reçu : l’engagement au service de l’œuvre de Dieu, l’humilité qui évite de se croire supérieur aux autres, et le respect de la dignité humaine en toute circonstance.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Humble servante du Seigneur, qu’elle nous rende disponibles à l’appel de Dieu ; Consolatrice de ceux qui souffrent, qu’elle nous encourage à rester en tenue de service ; Refuge des pécheurs qu’elle affermisse notre confiance dans le cœur de Dieu pour que nous puissions reconnaître sa présence et en resplendir dès maintenant et pour les siècles des siècles.