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Père Charles Mallard-Le mystère de la communion

18 août 2024

Le mystère de la communion

20* Dimanche du Temps Ordinaire – année B

Pv 9,1-6 ; Ps 33 ; Ep 5,15-20 ; Jn 6,51-58

Nous poursuivons le discours du pain de Vie, dans le quatrième évangile. Bien évidemment cela évoque pour nous l’eucharistie. A l’époque où saint Jean rapporte ces paroles, c’était aussi le cas. Depuis au moins une cinquantaine d’années déjà, les chrétiens se réunissaient pour – comme le disait saint Paul dans la lettre aux Éphésiens – dire des psaumes, des hymnes, célébrer le Seigneur et rendre grâce à Dieu. Si l’apôtre rappelle les paroles du Seigneur, c’est bien pour que ceux qui les entendent puissent reconnaître le mystère du corps et du sang du Christ dans la fraction du pain.

C’est donc le mystère de la présence réelle qui nous est rappelé aujourd’hui. Et l’expérience montre que ce n’est pas inutile. En vérité, il faut veiller, lorsqu’on va communier, à ce que notre attitude et nos dispositions soient respectueuses et cohérentes avec ce que nous allons recevoir. Cela ne peut pas être un geste banal et machinal. La réponse « Amen » avant de le recevoir n’est pas facultative, c’est le minimum que nous pouvons faire pour reconnaître le sens de ce que nous allons vivre. Et franchement je dois vous avouer que je suis parfois assez perplexe quand je vois la manière dont certains communient. Cela dit, c’est au Seigneur de juger, et à chacun de s’examiner.

Pour revenir à l’évangile, l’incompréhension de la foule n’a rien d’étonnant. Ils n’avaient pas suivi le catéchisme sur le mystère de la présence réelle. Mais, quand on examine la réponse de Jésus à leur question, on s’aperçoit que le Seigneur ne répond pas à la question du « comment » mais à la question du « pourquoi ». Ce qui nous renvoie non plus tellement au mystère de la présence, mais au mystère de la communion. Pourquoi donc le Christ nous donne-t-il sa chair à manger ?

D’abord pour que nous ayons la vie éternelle. Saint Irénée disait que, par l’eucharistie Dieu mettait en nous des semences de la Résurrection. Quand nous communions, c’est la vie éternelle qui est nourrie en nous. Sans doute, l’Esprit travaille en nous et la semence grandit nuit et jour, qu’on dorme ou qu’on se lève. Mais au moment où l’on reçoit cette semence, n’est-il pas opportun d’y faire attention, de vérifier que nous sommes une bonne terre, où elle va pouvoir germer et fructifier ? Accueillir le mystère de la communion, c’est d’abord tourner nos cœurs vers la vie éternelle, creuser en nous le désir de cette plénitude, grandir dans l’espérance. Il ne serait pas inconvenant de faire un acte d’espérance juste après avoir communier.

Ensuite Jésus affirme : « celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui ». Le mystère de la présence appelle la présence à cette présence. Est-ce que nous sommes attentifs au Seigneur présent réellement en nous quand nous avons communié ? Je me souviens d’une grande cérémonie, où il y avait eu beaucoup trop d’hosties consacrées, et les ciboires avaient été déposés à la sacristie. La sacristine – c’était il y a longtemps dans une autre église – la sacristine était affolée et disait, « mais il y a le bon Dieu partout ». En fait, c’est vrai aussi au moment de la communion, mais à ce moment-là, le bon Dieu est d’abord en nous … n’est-ce pas à ce lieu que nous devons être attentifs ? Inutile de regarder ailleurs ce qui est en nous !

Enfin Jésus explique : « de même que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi ». Il y a donc entre Lui et nous une relation semblable à celle entre le Père et Lui ! Quel grand mystère que cette participation à la vie trinitaire. C’est bien à ce moment-là que nous sommes remplis de l’Esprit Saint, pour reprendre l’expression de saint Paul. Le mystère de la communion c’est une plongée dans le mystère trinitaire … ça vaut la peine de prendre le temps de le méditer et de le goûter !

Ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages, disait Saint Paul. Nous qui venons à la table dressée par la Sagesse, seront-nous assez attentifs pour accueillir le mystère de la présence réelle et assez disponible pour vivre le mystère peut-être plus grand encore de la communion ? Saurons-nous après avoir communier, tourner nos yeux vers la vie éternelle, nos cœurs vers la présence du Christ en nous, nos vies vers la vie trinitaire qui nous est ouverte ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle fasse résonner en nous la promesse de la résurrection. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende attentifs à la présence qui vient à nous. Porte du Ciel qu’elle nous entraîne dans le grand souffle de l’Esprit pour que nous puissions participer à la vie divine, et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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