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Père Charles Mallard-Choisir le meilleur

29 septembre 2024

Choisir le meilleur

26° Dimanche du Temps Ordinaire – Année B

Nb 11,25-29 ; Ps 18 ; Jc 5, 1-6 ; Mc 9, 38-48

Voilà un évangile contrasté ! Il commence par un appel à la tolérance et finit par un catalogue d’exigences radicales. « Celui qui n’est pas contre nous est pour nous », quel bel exemple de bienveillance qui prend à contrepieds celui qui voudrait confisquer le bien et le soumettre à une habilitation préalable. Comme si un groupe avait le monopole de la puissance de Dieu. C’était un peu la même histoire au temps de Moïse, quand Josué prétend empêcher Eldad et Médad de prophétiser sous prétexte qu’ils n’étaient pas au bon endroit au bon moment. A l’inverse, lorsque Jésus évoque les différentes punitions de mettre une meule au cou avant de jeter à la mer, de couper une main ou un pied, d’arracher un œil, on sera facilement enclin à trouver la chose un peu exagérée !

On peut remarquer d’abord que Jésus invite à être tolérant avec les autres et exigeant envers nous, alors qu’il faut reconnaître que souvent nous avons tendance à être plutôt exigeant envers les autres et tolérant avec nous ! On se trouve facilement des excuses et l’on minore ce que l’on fait de mal, tandis qu’il est difficile d’accepter ce que les autres font et qui n’entre pas dans nos schémas. Cela dit, pour être honnête, les deux situations sont différentes. Jésus ne dit pas d’accepter que les autres fassent n’importe quoi, mais que l’œuvre de Dieu ne soit pas soumise à notre contrôle. Ensuite il ne nous demande pas d’être des héros d’ascétisme ou des modèles de vertu, mais de prendre tous les moyens pour éviter le péché. Si tolérance il y a, c’est pour le bien ; si exigence il y a, c’est contre le mal !

Ainsi le contraste dans l’évangile n’est qu’apparent, car l’enjeu est toujours le même : c’est Dieu. La parole nous invite à ne pas nous tromper sur ce qui est le plus important. Même dans la lettre de saint Jacques, le problème dénoncé ce ne sont pas tant les richesses que l’injustice par laquelle elles ont été acquises. Les textes que nous avons entendus nous rappellent que le don de Dieu passe avant l’organisation, que la justice passe avant le confort, que la vie éternelle passe avant la santé. Cela ne signifie pas que l’organisation, le confort ou la santé soient de mauvaises choses, mais il faut veiller à ce qu’elles restent à leur place, qui n’est pas la première.

Car il y a une échelle du bien, il y a des choses qui sont meilleures que d’autres choses qui restent bonnes. La valeur n’est pas en noir et blanc. Parfois le choix n’est pas entre le bien et le mal, mais entre le meilleur et le bien. Vous allez me dire « et parfois il faut choisir entre le mal et le pire » … en fait non. C’est une illusion logique, pas une réflexion morale : s’il vaut mieux éviter le pire, il est toujours préférable de choisir le bien ! C’est d’ailleurs ce que montrent les conseils de Jésus à la fin de l’évangile : le pire c’est la géhenne, qu’il faut éviter à tout prix, mais ce qu’on choisit ce n’est pas d’être manchot, estropié ou borgne, ce que l’on choisit c’est le bien qui est la vie éternelle : ça ne sert à rien de perdre une main, un pied ou un œil, si c’est pour continuer à pécher ! C’est d’ailleurs sans doute la raison pour laquelle même les plus radicaux n’ont jamais pris à la lettre ce que Jésus disait : ils ont vite compris que ce n’était pas suffisant pour éviter le péché !

Le cœur de l’enseignement de la parole aujourd’hui, c’est bien de nous inviter à reconnaître ce qui est le plus important ; et le plus important, ce qu’il y a de préférable par-dessus tout, c’est la vie éternelle, c’est le don et la présence de Dieu. Reconnaître que Dieu est ce qu’il y a de plus important, implique parfois d’être dérangé dans nos habitudes, parce que si Dieu nous respecte infiniment, il ne nous obéit pas. Reconnaître que Dieu est ce qu’il y a de plus important implique aussi de discerner sa présence dans nos relations en prenant soin de ceux qu’il aime. Reconnaître que Dieu est ce qu’il y a de plus important implique enfin de ne pas tiédir dans le combat spirituel et de tout faire pour éviter ce qui nous éloigne de lui.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui a su accueillir le message de l’ange lors de l’Annonciation, qu’elle nous rende disponibles à l’imprévu de Dieu. Elle qui a désigné Jésus aux serviteurs des noces de Cana, qu’elle nous apprenne à mettre le Seigneur au cœur de nos relations. Elle qui n’a jamais eu aucune complaisance avec le péché, qu’elle nous fortifie dans le combat spirituel pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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