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Père Charles Mallard-Annoncer l’évangile

4 février 2024

Annoncer l’évangile

5° Dimanche du Temps Ordinaire – Année B

Jb 7,1-4.6-7 ; Ps 146 ; 1 Co 9,16-19.22-23 ; Mc 1,29-39

Il y a comme une résonnance de l’évangile dans la deuxième lecture. Comme Jésus, saint Paul affirme l’importance et le caractère prioritaire de l’annonce de l’évangile. Sans doute n’est-ce pas étonnant de trouver un écho des paroles du Seigneur dans l’enseignement de saint Paul, c’est même le contraire qui serait surprenant. Mais il est assez rare au temps ordinaire que la deuxième lecture et l’évangile (qu’on lit parallèlement en continu) évoquent le même thème. Accueillons la coïncidence comme un appel de l’Esprit Saint à voir comment « annoncer l’évangile »

La première chose … et on le comprend facilement, c’est l’aspect d’enseignement. Il ne s’agit pas de se raconter soi-même, mais de transmettre une parole qui nous a été confiée. « J’annonce l’Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, sans faire valoir mes droits de prédicateur » dit l’Apôtre. En disant cela, il nous fait comprendre que l’annonce de l’évangile relève de la vie chrétienne, et que ce n’est pas réserver à certains. Il faut oser dire – parfois à contre-courant de l’opinion majoritaire – la Parole de Dieu. Cela suppose évidemment de la connaître, pour être sûr de dire l’évangile et non pas simplement notre opinion ou nos idées.  Cet aspect est particulièrement important de nos jours. La foi, l’évangile, ne vont pas de soi dans notre monde. Alors que dans un passé encore assez récent, on pouvait supposer que tout le monde connaissait l’évangile, nous réalisons que ce n’est plus le cas, et ceux que nous côtoyons ont besoin que quelqu’un leur dise ce qu’est réellement la Parole de Dieu prononcée en Jésus, celle à laquelle nous avons répondu par la foi et en laquelle nous croyons. J’aime contempler l’image de Jésus face aux apôtres qui lui disent « Seigneur tu as beaucoup de succès, tout le monde te cherche », et qui leur répond que l’annonce de la Bonne Nouvelle est prioritaire, qu’elle doit être annoncée aussi à d’autres et qu’elle passe avant sa propre popularité. C’est un bel exemple de la liberté qu’exige l’annonce de la Parole ! Le premier effort que nous devons faire pour annoncer l’évangile, c’est l’effort de dire l’Évangile, parfois humblement, parfois dans l’adversité, mais ne jamais y renoncer.

Mais il ne suffit pas de parler de Dieu … il faut aussi parler à Dieu. Et c’est sans doute la raison pour laquelle Jésus se retire pour prier, dès le petit matin. Une autre manière d’annoncer l’évangile, c’est la prière et en particulier la liturgie. Célébrer le mystère de Dieu, ensemble. Dans la liturgie, on ne se contente pas de dire le mystère, on le vit, on y participe. Si nous voulons annoncer l’évangile, si même, comme dit saint Paul, nous voulons y avoir part, il faut aussi prendre le temps de prier. Prier en contemplant le mystère de ce Dieu qui nous aime et qui se donne à nous ; prier pour le monde, comme nous le faisons dans la prière universelle, par exemple, mais comme nous pouvons le faire dans le secret de notre chambre, au cœur de notre cœur. Notre baptême nous a rendu capables de prier, nous devons veiller à accomplir ce que nous sommes. La prière est une porte ouverte sur le ciel, elle rend le mystère de Dieu réellement présent sur la terre. Rien de grand dans l’Église – et sans doute aussi dans l’humanité – ne s’est fait sans prière. C’est le deuxième effort que nous devons faire, la deuxième manière d’annoncer l’Évangile : Prier.

Enfin, après l’enseignement, après la liturgie, la troisième manière d’annoncer l’évangile, c’est d’imiter le Seigneur qui guérit les malades et chasse les esprits mauvais. Sans doute nous n’imaginons pas pouvoir guérir des fièvres, juste en tendant la main. Mais Saint Paul nous montre comment cet aspect de l’annonce de l’évangile peut nous concerner : « je me suis fait le serviteur de tous […] je me suis fait tout à tous ». Ce troisième aspect de l’évangélisation s’appelle la diaconie. Il est des fièvres comme la solitude ou la tristesse qu’une main tendue peut fort bien guérir. Tout au long de l’histoire, les chrétiens se sont fait serviteurs, cherchant à soulager les maladies et les souffrances. Ce service de l’humanité rend crédibles les paroles que nous prononçons, et mets en œuvre le mystère que nous célébrons, c’est la raison pour laquelle ce troisième aspect est aussi important que les deux autres.

Annoncer l’évangile suppose donc de dire, de prier et de servir. Certes il y a des gens qui spontanément seront plus doués, et plus enclins, à l’un ou l’autre de ces aspects, et c’est vrai que c’est ensemble, en Église, dans la complémentarité des charismes que nous évangélisons. Mais aucun de nous n’est dispensé de dire, de prier ou de servir.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est la Vierge de l’Annonce, qu’elle nous apprenne à porter toujours plus fidèlement la Parole de Dieu. Elle qui est la Demeure de l’Esprit Saint, qu’elle nous montre comment nous tenir en présence de Dieu dans la prière. Elle qui est la Mère de Miséricorde, qu’elle ouvre nos yeux à ceux de nos frères qui ont besoin d’une main tendue pour accueillir dans leur vie la force de la Résurrection. Et qu’ainsi nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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