Père Charles Mallard-Ce que demeurer implique
Ce que demeurer implique
5° dimanche de Pâques – Année B
Ac 9,26-31 ; Ps 21 (22) ; 1 Jn 3,18-24 ; Jn 15,1-8
« Demeurez en moi comme moi en vous », « celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ». La deuxième lecture et l’évangile résonnent du même thème de demeurer en Dieu, d’habiter en Dieu. L’expression fonctionne dans les deux sens : il nous faut demeurer en Dieu, et il faut aussi que Dieu demeure en nous.
Demeurer, c’est s’arrêter, rester, habiter avec quelqu’un, chez quelqu’un. C’est créer une intimité, un lien durable, un lien profond … Il ne s’agit pas seulement d’aller chez quelqu’un, ni même d’être hébergé, mais de créer une communauté de vie, de partager des moments plus personnels, d’être là au quotidien, de vivre ensemble même ce qui paraît anodin.
Or voilà qu’on nous annonce que Dieu demeure en nous, que Dieu reste avec nous. On pourrait imaginer qu’au regard de l’univers, nous ne sommes qu’une poussière, qu’une quantité négligeable. Que Dieu a des choses plus importantes que nous à s’occuper. Eh bien non, Dieu demeure en nous. Dieu habite en nous. C’est dans l’ordinaire de notre vie qu’il s’arrête, qu’il se dévoile et se révèle. Dieu demeure en nous, c’est en nous qu’on peut le trouver le plus facilement, que ceux qui ne le connaissent pas peuvent le rencontrer, que ceux qui l’ont perdu de vue peuvent le retrouver. Il répond toujours positivement à la prière d’Emmaüs : « reste avec nous Seigneur ».
Mais il y a l’autre aspect : c’est que nous sommes invités, nous aussi à demeurer en lui. Si nous le voulons nous pouvons nous arrêter auprès de lui, trouver en lui notre repos, nous dévoiler en lui. Nous pouvons être en Dieu, nous pouvons nous trouver en Dieu, nous pouvons nous retrouver en Dieu.
Ainsi, la demeure de Dieu parmi les hommes, l’église est un lieu d’intimité et de convivialité. Elle n’est pas une station-service où l’on se rend lorsqu’on a épuisé notre réserve d’Esprit Saint : on ne demeure pas dans une station-service ! Elle n’est pas un supermarché où l’on vient rechercher ce qui nous manque : on ne demeure pas dans un supermarché ! L’église est plutôt une maison de famille que l’on habite, un lieu familier où l’on est accueilli, où l’on a ses habitudes, où l’on se rassemble autour du Seigneur avec tous ceux qui partagent la même foi et le même amour.
Mais il ne s’agit pas seulement de demeurer avec Dieu, il faut aussi demeurer en Dieu se sentir chez nous en lui. Qu’est-ce que représente pour nous la Parole de Dieu ? Qu’est-ce que représente pour nous la prière ? Je rêve que chacun ouvre la Bible comme on ouvre un album de famille. Je rêve que lisant la Parole de Dieu, chacun de nous se sente non seulement en terrain connu, mais surtout en terrain familier … Prenons-nous le temps d’habiter cette Parole ? Dans toute maison il y a des pièces qu’on fréquente plus ou moins, de même dans la Bible il y a des textes qui nous reposent et des textes qui nous nourrissent, des textes qui nous purifient et des textes qui nous construisent, des textes auxquels nous revenons sans arrêt et des textes où nous entreposons ce dont on ne sait pas quoi faire. Invités à demeurer en Dieu nous sommes invités à habiter cette parole de Dieu dans toute la beauté de sa diversité. Et pareillement pour la prière. Les formes de prières sont variées … certaines sont comme un jardin secret d’autres comme un lieu de rencontre, certaines prières sont nécessaires au quotidien, d’autres sont plus exceptionnelles, d’autres encore sont notre trésor, ce qui est important c’est d’habiter la prière.
Ainsi voilà ce qui nous est proposé aujourd’hui pour accueillir le mystère de Pâques : demeurer en Dieu et laisser Dieu demeurer en nous. Être attentif à la présence divine en nous, apprivoiser et habiter les choses de Dieu.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est la Demeure de l’Esprit Saint, le Trône de la Sagesse, la Mère de l’Église, qu’elle ouvre nos cœurs à la présence de Dieu, qu’elle nous montre comment ouvrir nos vies à l’action de Dieu, qu’elle nous apprenne à demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.