Père Charles Mallard-C’est toi qui le dis
C’est toi qui le dis
Dimanche des Rameaux et de la Passion – Année A
Is 50, 4-7 ; Ps 21(22) ; Ph 2, 6-11 : Mt 26,14-27,66
Nous entrons aujourd’hui dans la semaine de la Passion, comme Jésus est entré à Jérusalem. Et, comme pour tracer le programme de ce que nous allons vivre et méditer, nous venons d’entendre le récit de ces jours. Au cours de sa Passion, Jésus croise beaucoup de personnages différents et au fur et à mesure qu’avancent les évènements il parle de moins en moins. Mais il y a une réponse qui revient trois fois : à Judas, à Caïphe et à Pilate, Jésus répond « C’est toi-même qui le dis » !
Tout d’abord Jésus répond à Judas qui lui demandait « serait-ce moi le traître ? ». Si le Seigneur avait répondu « oui », cela aurait pu laisser croire que Judas obéissait à une fatalité, à un destin. En répondant « c’est toi-même qui le dit », Jésus souligne la liberté de Judas. Il n’y avait aucune obligation à trahir. Si Judas trahit, c’est par manque d’amour. Et pour nous aussi, chaque fois que nous péchons, chaque fois que nous manquons d’amour pour le Seigneur, nous ne devons pas nous réfugier derrière une fatalité, des habitudes ou un trait de caractère. En répondant à Judas, Jésus nous rappelle notre liberté fondamentale d’aimer Dieu.
Ensuite Jésus répond à Caïphe qui lui demande « je t’adjure de nous dire si c’est toi le Christ, le Fils de Dieu ». Mais c’est une question piège, car le grand prêtre ne veut pas entendre la réponse de Jésus, il ne veut entendre que « non ». Alors Jésus le met face à sa contradiction, face à sa dureté du cœur. Caïphe est sourd à la parole de Dieu, il ne veut pas se laisser remettre en question. La seule parole qu’il veut entendre de Dieu c’est celle qui l’arrange. Celle qui correspond à ce qu’il pense. Et nous … qu’attendons-nous de la Parole de Dieu ? Est-ce que nous acceptons qu’elle nous dérange, qu’elle nous dise autre chose que ce que nous voulons entendre ? En répondant à Caïphe, Jésus nous invite à écouter humblement la Parole de Dieu, à nous laisser guider et instruire par elle, même quand elle nous dérange.
Enfin Jésus répond à Pilate qui lui demande « Es-tu le roi des Juifs ? » Drôle de question pour un gouverneur romain ! Il sait bien que légalement c’est Hérode Antipas qui est roi des juifs. Mais il rapporte la rumeur, ce qu’il a entendu dire. En répondant « c’est toi-même qui le dis » Jésus oblige Pilate à s’engager, à ne pas se cacher derrière les on-dit, à être lui-même et non pas celui qui suit la foule. Cela nous rappelle l’importance d’avoir une démarche personnelle. De ne pas suivre le chemin des modes ou des habitudes, mais de rencontrer Dieu avec notre cœur, personnellement, en nous engageant.
Alors, que ferons-nous au long de ces jours ? Accepterons nous d’aimer, d’écouter, de nous engager ou bien est-ce que nous essaierons de biaiser et de tricher avec le mystère de Dieu ? Évitons de suivre l’exemple de Judas, de Caïphe ou de Pilate. Ne nous mettons pas en situation de nous entendre dire par Dieu « c’est toi-même qui le dis ». Acceptons d’être libres d’aimer, soyons assez humbles pour écouter la Parole, ne nous cachons pas dans la foule de ceux qui pensent et vivent par procuration !
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous accompagne tout au long de cette semaine Sainte. Mère du Bel Amour, qu’elle nous apprenne à déployer la liberté qui permet d’aimer. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous rende disponibles à la Parole de Dieu. Secours des chrétiens, qu’elle soutienne notre fidélité, pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.