Père Charles Mallard-La bonne nouvelle de la nuit
La bonne nouvelle de la nuit
Messe de la Nuit de Noël
Is 9, 1-6 ; Ps 95 (96) ; Tt 2,11-14 ; Lc 2,1-14
Nous voici dans la nuit de Noël, réunis par l’appel du Seigneur, pour écouter la parole de Dieu, pour recevoir le don de sa vie. Nous voici dans la nuit de Noël comme le peuple dont parlait Isaïe, ce peuple qui marchait dans les ténèbres et qui a vu se lever une grande lumière. Nous voici dans la nuit de Noël comme les bergers qui gardaient leurs troupeaux dans la région de Bethléem et qui ont vu l’ange du Seigneur leur annoncer une bonne nouvelle, « qui sera une joie pour tout le peuple ».
Quelle est cette nouvelle ? Quelle est cette lumière ? C’est d’abord la naissance d’un sauveur, c’est l’annonce d’une libération. Et là, certains commencent à décrocher. Un sauveur ? Une libération ? De quoi ? Bien sûr, ce ne sont pas les difficultés qui manquent, mais est-ce vraiment le moment d’en parler ? Ne vaut-il pas mieux, aujourd’hui oublier un peu nos misères pour profiter du charme de cette nuit ? Pourtant, obstinément, la Parole de Dieu nous invite à ne pas nous réfugier dans une parenthèse d’insouciance. Nous passerions à côté du message de Noël, si nous oubliions que le Christ est venu nous sauver. Car nous avons besoin d’un sauveur. Certains préféraient se débrouiller tout seuls et n’avoir besoin de personne ; d’autres s’efforcent de composer avec les contrariétés de la vie. Mais ni l’illusion de l’insouciance, ni la vanité de la suffisance, ni la tristesse de la résignation ne permettent de vivre le mystère de cette nuit. Dieu est venu pour nous, il est venu pour nous aider. Noël c’est d’abord une main qui se tend vers nous et que nous pouvons saisir.
Le signe de cette bonne nouvelle, est un nouveau-né, emmailloté et couché dans une mangeoire. « Un enfant nous est né, un fils nous est donné » proclamait Isaïe. Ce n’est pas la victoire d’un type sympathique qui inspire confiance ; ce n’est pas la destruction d’une prison terrifiante ou la défaite d’un tyran détesté … le signe du salut est un nouveau-né, fragile et inconnu, un petit être qui nous attendrit et nous sollicite. Noël vient casser le rêve d’une solution magique, qui arrive tout d’un coup, sans que n’ayons rien à faire. La puissance de Dieu prend du temps pour se déployer, elle ne nous écrase pas par sa force, mais se confie à notre patience et à notre fidélité. Le mystère de Noël c’est aussi ce Seigneur vulnérable et humble qui nous engage et commence à nous sauver en nous demandant de prendre soin de ce qu’il nous apporte. Dieu n’attend pas de nous que nous capitulions devant sa grandeur mais que nous le rejoignions dans son humilité.
Et voilà qu’aux paroles de l’ange se joint le chœur d’une troupe céleste innombrable pour proclamer « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ». C’est en quelque sorte la conclusion de la bonne nouvelle, le prélude de la joie pour tout le peuple. Car Noël est bien la naissance du Prince de la Paix. Une paix que les nations cherchent à imposer par la force sans jamais y parvenir vraiment ; une paix entre nous qu’on paye parfois au prix de la résignation, jusqu’à ce que la situation devienne insupportable ; une paix du cœur que trop souvent on confond avec l’insensibilité. Pourtant le chant des anges nous révèle que la paix est la face terrestre de la gloire divine, et l’enfant de la crèche proclamera : « heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu ». C’est le cœur du mystère de cette nuit : en se faisant petit enfant, le Christ établit la nouvelle alliance entre le ciel et la terre : il n’y a pas de paix sans Dieu, il n’y a pas de paix sans nous. Et ce que nous avons à faire, c’est renoncer aux convoitises, vivre avec justice et piété, être ardent à faire le bien, comme disait saint Paul. La Nativité du Seigneur n’est pas un spectacle romantique à contempler, c’est l’invitation à une grande et belle aventure : celle de la vie en Dieu.
Oui, aujourd’hui nous est né un sauveur, il se présente à nous comme un petit-enfant couché dans une mangeoire, il nous rejoint pour que nous le rejoignons et que la Gloire de Dieu au plus haut des cieux résonne dans la paix sur la terre aux hommes qu’il aime.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Trône de la Sagesse, qu’elle nous apprenne à accueillir la main que Dieu nous tend. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage à prendre soin du Don de Dieu. Reine de la Paix, qu’elle nous fortifie dans l’espérance qui nous fait vivre à l’horizon de la Gloire de Dieu pour que nous demeurions en Lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.