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Père Charles Mallard-Le chemin eucharistique d’Emmaüs

23 avril 2023

Le chemin eucharistique d’Emmaüs

3* Dimanche de Pâques – Année A

Ac 2,14.22b-33 ; Ps 15 ; 1 P 1,17-21 ; Lc 24,13-35

Après l’apparition à Thomas, l’Église nous propose de continuer notre méditation du mystère pascal en entendant le récit des disciples d’Emmaüs. Il est remarquable que ce soit à la fraction du pain que les disciples reconnaissent Jésus. Nous savons que dans le langage des premiers chrétiens la fraction du pain est le premier nom de l’eucharistie. Et il n’a pas manqué de commentateurs pour remarquer que l’ensemble du texte reprend le déroulement d’une messe :

Il y a d’abord ce chemin de Jérusalem à Emmaüs, chemin sur lequel les disciples sont amenés à confier au Seigneur tout ce qui fait leur vie : leurs espoirs et leurs interrogations, leurs joies et leurs tristesses. Et c’est bien le sens de la liturgie pénitentielle par laquelle nous commençons notre célébration. Ensuite il y a le temps où Jésus leur explique dans l’Écriture tout ce qui le concernait, comme une liturgie de la Parole semblable à ce que nous vivons en ce moment. Puis il y a cette belle prière des disciples « reste avec nous car le soir approche et déjà le jour baisse ». C’est aussi le sens de la prière universelle : inviter le Seigneur à manifester sa présence dans les obscurités du monde.

La deuxième partie de l’histoire se déroule à table, comme notre célébration se continue à l’autel. C’est la liturgie de l’Eucharistie, au cours de laquelle « le Seigneur prend du pain, dit la bénédiction, le rompt et le leur donne ». C’est à ce moment qu’ils le reconnaissent, mais il disparaît à leur regard. Étrange présence qui se donne au moment où elle se dérobe. Sans doute ce récit nous permet-il de comprendre que refaire les gestes du Seigneur au soir de sa passion n’est pas un simple souvenir, une commémoration nostalgique, mais le moment où nous sommes invités à reconnaître une nouvelle forme de présence. Le Christ ressuscité est désormais présent de manière mystérieuse dans la fraction du pain. C’est ce que nous exprimons par notre foi en la présence réelle, présence étonnante qui se donne en se dérobant. Enfin le récit s’achève sur le retour des disciples à Jérusalem. Eux qui s’éloignaient de l’Église, ils la retrouvent et y sont confirmés dans leur expérience : « C’est vrai le Seigneur est ressuscité », alors ils peuvent témoigner à leur tour de ce qu’ils ont vécu. Ainsi l’Eucharistie nous conforte dans l’Église et nous invite à prendre notre part du témoignage.

À travers le chemin d’Emmaüs, l’évangile nous permet de comprendre ce que nous vivons dans l’Eucharistie. Nous réalisons aussi l’importance de chaque moment qui permet d’aller jusqu’au bout de la rencontre qui nous est proposée. À chaque étape, en effet, les disciples auraient pu agir différemment et l’histoire aurait été différente. Quand Jésus leur demande « de quoi discutez-vous en marchant », ils auraient pu hausser les épaules en disant « si tu ne sais pas ce qui est arrivé ces jours-ci, tu ne peux pas comprendre ». Ils auraient pu aussi se draper dans leur susceptibilité offensée quand Jésus leur dit « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire » et ne pas écouter ce qu’il leur expliquait de toute l’Écriture. Ils auraient pu poliment prendre congé de leur compagnon de route à l’arrivée au village. Ils auraient pu rester perplexes quand il disparut en se demandant « mais où est-il passé ? ». Enfin ils auraient pu enfin aller se coucher après toutes ces émotions … mais quel sens tout cela aurait-il eu ?

Et pour nous ? Comment parcourons-nous ce chemin d’Emmaüs auquel nous invite la messe ? La liturgie pénitentielle est-elle une simple formalité, le préambule de la messe qui nous permet d’arriver en retard, ou bien est-ce le temps où nous déposons devant Dieu tout ce qui a fait notre vie cette semaine ? Profitons-nous de la liturgie de la Parole pour scruter les Écritures et découvrir ce que nous n’avons pas encore compris ? La prière universelle est-elle l’occasion d’inviter le Seigneur dans notre vie ? Est-ce que nous nous laissons guider par le Christ lors de la liturgie eucharistique pour rendre grâce et reconnaître : « notre cœur n’était-il pas brûlant en nous ? » Enfin, à l’issue de la célébration, quel chemin reprenons-nous ? Celui de la tranquillité du foyer ou celui de l’empressement à partager ce que nous avons vécu ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à parcourir avec un cœur sincère, le chemin qui nous est proposé chaque dimanche pour rencontrer le Christ ressuscité. Elle qui est la Porte du Ciel, le Trône de la Sagesse et la Demeure de l’Esprit Saint, qu’elle ouvre nos yeux à la présence de Celui qui nous rejoint pour que nous vivions en Lui. Et qu’ainsi notre vie résonne de la bonne nouvelle de Pâques : Le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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