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Père Charles Mallard-Le début d’un nouveau temps

9 mai 2024

Le début d’un nouveau temps

Ascension du Seigneur – Année B

Ac 1,1-11 ; Ps 46 ; Ep 4,1-13 ; Mc 16,15-20

Nous fêtons aujourd’hui l’Ascension du Seigneur, nous nous souvenons qu’après être apparu pendant quarante jours aux Apôtres, « Jésus est monté aux cieux, assis à la droite du Père, d’où il viendra juger les vivants et les morts », comme nous le disons dans le Credo. L’événement a sans doute était plus spectaculaire pour les Apôtres que pour nous, mais il est tout autant significatif, pour eux comme pour nous.

C’est d’abord le début d’un temps d’attente. Paradoxalement, en nous souvenant que Jésus est parti, nous nous rappelons qu’il doit revenir ! C’est une dimension de notre foi à laquelle nous ne sommes pas toujours aussi sensibles que nous le devrions. Nous sommes parfois comme les apôtres à garder les yeux fixés sur le passé, alors que nos cœurs devraient être tendus vers l’avenir. Les hommes en blanc qui se tiennent devant les apôtres les invitent précisément à ce changement de direction. Il ne s’agit pas d’attendre en regardant ce qui nous a échappé, mais en s’appuyant sur la promesse. Jésus leur a promis qu’ils recevraient bientôt l’Esprit-Saint : c’est cela qui doit désormais les mobiliser. L’attente à laquelle nous invite l’Ascension ne s’appuie pas sur la nostalgie mais sur la promesse. Cette attente est donc faite de confiance et de fidélité. Confiance que la parole se réalisera et que le Seigneur reviendra, fidélité pour ne pas se décourager. En ouvrant le temps de l’attente du retour du Seigneur, l’Ascension inaugure en quelque sorte le temps de la foi.

C’est aussi le début du temps du témoignage. Dans les dernières paroles de Jésus que nous rapportent l’évangile et les actes des apôtres, on trouve cet envoi en mission : « vous serez mes témoins », « allez dans le monde entier ». L’Ascension invite à une ouverture. Jusqu’à présent, les apôtres avaient profité de la présence et de l’enseignement du Seigneur. Ils formaient un petit groupe confortable et rassurant. Mais on ne garde pas la mémoire du Seigneur en restant dans l’entre-soi, on garde la mémoire du Seigneur en proclamant partout l’évangile. Pourtant il ne s’agit pas seulement de parler mais aussi de vivre. C’est pourquoi saint Paul, quelques années plus tard, développe pour les Éphésiens la nature du témoignage : « ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix ». Le témoignage auquel nous invite l’Ascension ne se limite pas à des paroles ou à des idées, mais se manifeste aussi dans une manière de vivre. Il ne s’agit pas seulement de redire ce que Jésus a dit, mais d’agir comme Jésus a agi. En ouvrant le temps du témoignage de l’Évangile, l’Ascension nous confie le soin de la charité.

C’est encore le début d’une présence nouvelle du Seigneur. Saint Marc précise : « le Seigneur travaillait avec eux », un autre évangéliste nous rappelle que Jésus a promis « je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ». Il y a quelque chose de similaire entre l’expérience d’Emmaüs et l’expérience de l’Ascension. Lorsque les disciples reconnaissent Jésus à la fraction du pain, il disparaît à leur regard, car il est désormais présent dans l’eucharistie ; de la même manière lorsque Jésus disparait dans la nuée, sa présence ne se limite plus à ce que l’on en perçoit. « Il est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers » disait saint Paul. Loin d’être la fin d’une présence, l’Ascension est un élargissement de celle-ci. Ainsi, s’ouvre aujourd’hui le temps d’une nouvelle forme de prière. La prière après l’Ascension n’est pas l’effort pathétique de l’homme pour conjurer une absence, mais l’attention confiante à une présence qui nous accompagne dans le murmure d’une brise légère.

L’Ascension que nous fêtons aujourd’hui n’est pas tant une fin qu’un début. Elle est le début de l’attente qui nous invite à la foi, elle est le début de la mission qui nous appelle à aimer ; elle est le début d’une présence que nous pouvons rejoindre dans la prière.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du matin qu’elle nous garde nos cœurs dans la fidélité à la Parole de Dieu. Mère de l’Église qu’elle fortifie en nous l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende attentifs à la présence nouvelle, pour que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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