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Père Charles Mallard-Le don de Dieu, clé de la joie éternelle

19 novembre 2023

Le don de Dieu, clé de la joie éternelle

33° Dimanche du Temps Ordinaire – Année A

Pv 31,10-13. 19-20.30-31 Ps 127 1 Th 5,1-6 Mt 25,14-30

La parabole des talents ! Elle a fait couler beaucoup d’encre et beaucoup de salive … Elle est tellement connue qu’elle a donné au mot « talent » qui désignait une somme d’argent, le sens que l’on connaît aujourd’hui de qualité personnelle. Mais ce que l’on retient généralement c’est plutôt le sort du troisième serviteur, que par un réflexe de miséricorde – honorable mais mal placée – on a tendance à plaindre, alors que la parabole nous invite assez clairement, me semble-t-il, à ne pas l’imiter !

Il y a chez ce troisième serviteur quelque chose de tragique. Il ne reçoit pas ce que lui confie le maître. Non qu’il soit oublié de la distribution, mais il s’empresse de s’en décharger en l’enterrant. Il n’utilise pas ce qu’on lui donne ; il ne le pas fait fructifier ; et lorsqu’il rend des comptes, il le présente en disant « ton bien » alors que le maître considère que c’est « son talent ». Il ne s’agissait pas d’un prêt, mais d’un don. La meilleure preuve est que le premier serviteur est désigné comme celui qui en a dix : ce qui signifie qu’il a tout gardé. Mais alors, pourquoi demander des comptes si l’argent a été donné ? Tout laisse à penser que ce qui intéresse le maître, ce n’est pas tant le profit réalisé que le comportement des serviteurs. Il demande des comptes pour vérifier que les serviteurs sont capables de partager sa condition, qu’ils peuvent « entrer dans sa joie ».

Ainsi les talents sont l’image du don de Dieu, de ce qui nous est confié pour nous préparer à entrer dans la joie du Seigneur, c’est-à-dire dans la vie éternelle. Qu’on en ait plus ou moins, qu’on en ait cinq ou deux ou un, c’est chaque fois la clé du Royaume qui nous est confié, une clé qui ne s’utilise pas en la cachant sous terre, mais en la déployant.

Par exemple, les talents que nous confie le Père, c’est la vie. Une vie qui n’est pas faite pour être enterrée, une vie qui n’est pas une parenthèse de l’existence ; mais une vie qui est faite pour se déployer selon le cœur de Dieu, c’est-à-dire dans l’amour. Des générations de philosophes ont disserté sur le sens de la vie, l’évangile nous propose de faire l’expérience d’une vie faite pour aimer, pour donner et se donner. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que le Père nous confie, c’est l’amour.

De la même manière, les talents que nous confie le Fils, c’est la Révélation. On ne réalise pas à quelle point cette Parole est précieuse. Mais elle n’est pas donnée pour être inscrite dans un livre qui prendra la poussière sur nos étagères. La Parole est faite pour être vécue et mise en pratique : c’est elle qui nous indique qu’il vaut mieux donner que prendre, c’est elle qui nous propose de préférer souffrir que faire souffrir ; qui nous rappelle que l’amour grandit par le pardon et que même la souffrance peut être une occasion d’aimer en plongeant dans le mystère de Pâques. C’est la foi qui nous permet d’accueillir et de déployer la Parole reçue. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que le Fils nous confie, c’est la foi.

Enfin les talents que nous confie l’Esprit Saint, ce sont les charismes. Ce qu’il suscite en nous pour le bien de tous. Ces charismes ne sont pas donnés pour flatter notre orgueil ou être enfermés dans des logiques de performances ou de spécialisations. Les charismes sont les appels de l’Esprit à anticiper le Royaume des Cieux, en partageant concrètement la saveur de la Bonne Nouvelle, en rendant accessible la joie de notre Seigneur. C’est ainsi que les charismes permettent l’espérance, qui n’est ni un trait de caractère, ni la préférence pour l’hypothèse positive, mais l’aspiration confiante à participer au Royaume des Cieux. Les talents que nous pouvons gagner avec ceux que l’Esprit Saint nous confie, c’est l’espérance.

Bien loin d’être un enseignement économique ou social, la parabole des talents nous interroge sur ce que nous faisons des dons de Dieu. N’écoutons pas les paroles du troisième serviteur, ne pensons pas que le Seigneur est un maître exigeant qui nous demanderait de récolter ce qu’il n’a pas semé, de ramasser ce qu’il n’a pas dispersé. Au contraire, imitons plutôt les deux premiers serviteurs qui reçoivent le don pour l’épanouir. Le don de Dieu n’est pas destiné à être inutile, mais à être déployé pour que nous puissions entrer dans la joie du Royaume. Savons-nous recevoir le don de la vie et l’épanouir en amour ? Savons-nous recevons le don de l’Évangile et l’épanouir en foi ? Savons-nous recevoir le don des charismes et l’épanouir en espérance ?

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bon Conseil, qu’elle nous apprenne à déployer dans la vie ce qui fait grandir la charité. Arche de la Nouvelle Alliance, qu’elle nous montre comment accueillir la Parole pour affermir notre foi. Reine des Saints, qu’elle dispose nos cœurs au souffle de l’Esprit pour que nous puissions témoigner de l’espérance et entrer dans la joie de notre Seigneur, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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