Père Charles Mallard-Le regard clé de l’unité
Le regard clé de l’unité
26ème dimanche du Temps Ordinaire – Année A
Ez 18, 25-28 ; Ps 24 (25) ; Ph 2,1-11 ; Mt 21,28-32
Il me semble que la parabole que nous venons d’entendre est assez facile à comprendre : il vaut mieux faire sans dire que dire sans faire ! Le texte d’Ézéchiel en première lecture ajoutait un autre aspect : ce qui compte c’est la fin ; il ne suffit pas de bien commencer, il faut aussi bien finir ! Sans doute, si ces enseignements sont faciles à comprendre, ils sont plus délicats à mettre en pratique. Mais ça, personne ne peut le faire à notre place. Est-ce que pour autant l’homélie va déjà s’arrêter ? Au risque de décevoir certains, ce serait un peu dommage. Non pas pour le prestige (tout relatif) du prédicateur, mais parce que nous pouvons profiter que la première lecture et l’évangile ne nécessitent pas de longs commentaires pour nous arrêter sur la deuxième lecture.
Car c’est un très beau texte qui nous a été proposé. Un de ces textes qu’on devrait presque savoir par cœur. Saint Paul commence par montrer la voie de la plénitude. Il ne s’agit pas simplement de participer aux prières et aux activités de l’Église, même si c’est très important et très honorable. Pour que la joie soit parfaite il faut aussi rechercher l’unité. Autant il est relativement aisé de prendre de bonnes habitudes, de se mettre à l’écoute et à l’école de la parole de Dieu ; autant, garder l’unité avec ceux qui nous entourent demande un effort constamment renouvelé. Pour prendre une image, il est plus facile de circuler tout seul qu’au milieu d’une foule, plus on est entouré plus il faut être vigilant ! Quels sont donc les points d’attention pour être et rester unis ?
Tout d’abord renoncer aux intrigues et à la vantardise. Celui qui cherche à se montrer, à passer en premier ou à conduire systématiquement les autres à ce qu’il veut, ne contribue pas à l’unité. On ne pourra jamais maintenir l’unité si l’on attend que les autres se règlent sur nous, il faut au contraire s’efforcer de faire attention aux autres. Saint Paul a une expression très forte sur le sujet : « avoir assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à nous-mêmes ». Et il nous donne l’exemple du Christ. Lui qui était de condition divine, lui qui aurait pu revendiquer d’être traité à l’égal de Dieu, il s’est dépouillé, il a pris la condition des hommes, et dans celle-ci la place du plus petit, du plus méprisé, puisqu’il a accepté de mourir, et de mourir sur une croix.
Cet exemple du Christ nous montre qu’il ne s’agit pas d’être inférieur ou de se mépriser : l’unité se joue dans le regard que nous portons sur les autres. On ne peut pas être unis à quelqu’un qu’on regarde de haut, ce qui va nous garder dans l’unité, c’est de savoir contempler le don de Dieu chez l’autre, de voir en lui l’image et la ressemblance du Père. Bien sûr, il y a aura des moments où cette image sera difficile à reconnaître, brouillée par les conflits et les défauts. Mais quand une image est floue, ce n’est pas toujours à cause du brouillard, c’est aussi parfois à cause des lunettes de celui qui regarde !
Alors, aujourd’hui, laissons-nous interpeller par les mots de l’apôtre. Après tout, œuvrer pour l’unité n’est-ce pas travailler à la vigne du Seigneur ? Mais recherchons-nous l’unité ? Est-ce que nous voulons travailler à l’unité ? Elle est la plénitude de la joie et la perfection de notre vocation. Si nous n’avons pas cette passion pour l’unité, il est temps de se repentir comme le premier fils, et de s’engager dans cette voie. Comment ? Nous avons vu que la clé de l’unité c’est le regard que nous portons sur les autres. Si nous réalisons que nous prenons un peu tout le monde de haut, si nous avons l’impression de valoir mieux que ceux qui nous entourent, ce n’est pas la peine d’en rechercher les raisons : il n’y a que des mauvaises raisons ! Il vaut mieux prendre le temps de contempler la mission du Christ et de suivre son exemple : ne pas revendiquer un rang, même justifié, mais accepter de prendre la condition de serviteur pour entrer dans la dynamique de Pâques, où nous avons été baptisés, et qui nous conduira à la plénitude de notre humanité !
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole est à la mettre en pratique. Elle qui s’est reconnue l’humble servante du Seigneur, qu’elle nous apprenne à lutter contre toute forme d’orgueil et d’arrogance. Elle qui est le Refuge des pécheurs, qu’elle nous montre ce que nous devons faire pour nous convertir et nous éloigner des attitudes qui nous égarent. Elle qui est la Mère de l’Église, qu’elle nous accompagne dans notre chemin vers l’unité pour que nous puissions avancer vers le Royaume, vers le rassemblement de tous en Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.