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Père Charles Mallard-Le salut comme une brise légère

13 août 2023

Le salut comme une brise légère

19° dimanche du Temps Ordinaire – Année A

1 R 19, 9a.11-13a ; Ps 84 (85) ; Rm 9,1-5 ; Mt 14,22-33

Le dimanche, la première lecture est choisie pour faire écho à l’évangile. Ainsi l’histoire d’Elie sur l’Horeb attire notre attention sur la dimension de rencontre avec le Seigneur dans l’aventure de Pierre sur la mer déchaînée. Ni Elie, ni Pierre ne sont des débutants en la matière. On peut même dire qu’ils ont déjà l’expérience de la vie spirituelle. Pourtant ils vivent une étape nouvelle, qui purifie leur cœur et les faits progresser dans la connaissance du Seigneur.

On peut distinguer trois moments dans l’évangile : l’apparition de Jésus marchant sur une mer agitée par le vent ; la marche de Pierre sur les eaux à l’appel du Seigneur ; et enfin le dénouement. Cela évoque les trois grandes étapes du salut et illustre des stades de la relation entre Dieu et nous.

D’abord il y a la création. Alors qu’ils ont peiné toute la nuit contre un vent contraire et une mer qu’on devine agitée, les disciples voient Jésus venir vers eux en marchant sur les eaux. C’est l’image de Dieu maître des éléments, du créateur dominant la création. C’est le premier lieu de la rencontre entre l’homme et Dieu : lorsque l’on se trouve dépassé par le monde qui nous entoure. Cela peut être l’émerveillement devant la beauté d’un paysage ou la finesse de la nature, l’étonnement devant l’infiniment grand ou l’infiniment petit, ce sentiment qui nous fait pressentir que nous ne sommes ni le centre ni le maitre de l’univers. Pourtant il y a quelque chose de bouleversant dans cette rencontre : prenant conscience de sa petitesse et de sa fragilité l’homme craint le Créateur et se cache comme Adam et Eve dans le jardin des origines, ou il s’affole comme les disciples dans la barque, imaginant que ce qui les dépasse leur est hostile.

Aussi faut-il un deuxième moment, celui de la révélation : « Confiance, n’ayez pas peur ». Une phrase qui pourrait résumer toute la parole de Dieu au long des siècles. C’est le deuxième lieu de la rencontre, celui de l’alliance, figurée par le dialogue entre Pierre et Jésus. Il y a une sorte de contrat : « si c’est bien toi, ordonne-moi de venir », chacun a sa part : Dieu appelle et l’homme répond. C’est l’étape de la Loi, d’une prière où l’on s’efforce d’échanger avec le Seigneur. Je fais ceci, tu fais cela. Mais le problème c’est la persévérance ! Après un moment d’enthousiasme, vient la fatigue ou la distraction. Comme Pierre qui regarde la force du vent au lieu de fixer le Seigneur, comme Elie découragé fuyant le courroux de la reine après avoir massacré ses amis les faux prophètes !

C’est pourquoi vient le troisième moment, celui du Salut. Jésus étend la main et saisit Pierre qui s’enfonçait, comme sur l’icône de la Résurrection il étend la main pour saisir Adam enseveli dans les eaux de la mort. La prière n’est plus un contrat mais un appel : « Seigneur, sauve-moi ! ». Le Salut n’est ni l’ouragan qui fend les montagnes, ni la récompense de nos bonnes actions, mais le murmure de la brise légère qui répond au soupir de l’humanité. Il ne s’impose pas, il ne se mérite pas, il s’accueille dans la confiance.

Alors, nous, où en sommes-nous ? Avons-nous réalisé que nous ne sommes pas le centre du monde, mais que la création nous révélait le créateur ? Encore faut-il éviter de se tenir à distance, impressionné par ce qui nous dépasse ! Avons-nous entendu la Parole de Dieu qui nous invite à entrer dans l’alliance ? Encore faut-il éviter de se laisser distraire par les difficultés de la vie qui nous font oublier la présence du Seigneur ! Acceptons-nous d’aller jusqu’au Salut, de l’implorer en se laissant saisir par le Christ pour que nous puissions prier dans le cœur à cœur où compte d’abord la présence de celui qu’on aime et qui aime, pour que la nature ne soit plus un spectacle mais le lieu de la contemplation et de l’adoration ? D’une certaine manière, chacune de ces étapes est nécessaire. Demandons à l’Esprit Saint de nous éclairer pour que nous puissions discerner le pas que nous pouvons faire aujourd’hui, le lieu où nous pourrons aller pour grandir dans la présence de Dieu.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin, qu’elle nous apprenne à reconnaître la présence du Seigneur. Trône de la Sagesse, qu’elle fasse résonner en nos cœurs la Parole de Dieu. Reine de la Paix, qu’elle nous accompagne jusqu’au murmure de la brise légère qui nous entraine à la suite du Christ, pour que nous puissions demeurer en lui, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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