Père Charles Mallard-Le Seigneur est avec toi
Le Seigneur est avec toi
4° Dimanche de l’Avent – Année B
2 S 7,1-5.8b – 12.14a.16 ; Ps 88 ; Rm 16, 25-27 ; Lc 1,26-38
Cette année le calendrier liturgique est un peu serré : la quatrième semaine de l’Avent est réduite à sa plus simple expression : nous sortirons du quatrième dimanche pour entrer dans les célébrations de Noël. C’est dire que nous n’aurons pas beaucoup de temps pour méditer les textes que nous venons d’entendre ! Ce n’est pas pour autant qu’ils ne doivent pas préparer nos cœurs au mystère que nous allons célébrer. Il nous a été présenté deux grandes figures de l’histoire du salut : le roi David et la Vierge Marie. Or les deux récits commencent par la même remarque du prophète Nathan comme de l’ange Gabriel : « le Seigneur est avec toi ». Puisque nous allons fêter la naissance de l’Emmanuel – « Dieu avec nous », prenons le temps de voir comment nous pouvons vivre cette affirmation « le Seigneur est avec toi ».
D’abord c’est une présence discrète qui ne s’impose pas et qui ne se revendique pas. On peut noter que chaque fois c’est un autre qui remarque la présence de Dieu auprès de la personne. Parce qu’elle est discrète, la présence divine peut être ignorée ou négligée. Et nous savons, hélas, combien certains mettent tant d’efforts à gommer toute allusion à Jésus à l’occasion des fêtes qui deviennent celle de la fin d’année plutôt que celles de Noël. Souvent, même dans les familles, on considère que les célébrations religieuses viennent troubler les festivités familiales. Alors que l’on fête la présence de Dieu parmi nous, ceux qui la reconnaissent doivent s’effacer devant ceux qui l’ignorent ! « Le Seigneur est avec toi » est déjà un rappel du sens de Noël, une invitation à ne pas négliger celui nous rassemble et qui nous accompagne.
Pourtant il pourrait y avoir un contresens, celui que découvre le prophète Nathan. Que dit-il au roi David ? « Fais ce que tu veux puisque le Seigneur est avec toi ». Comme si la présence de Dieu était une assurance ou une permission. Mais la parole du Seigneur adressée à Nathan dans la nuit vient renverser les choses : ce n’est pas David qui construira une maison pour Dieu, c’est Dieu qui construira une maison pour David. La présence de Dieu n’est pas un instrument au service de nos projets, mais une invitation à participer à son projet. Trop souvent nous demandons à Dieu d’être d’accord avec nous, alors que c’est nous qui devons être d’accord avec lui. Demander une bénédiction, ce n’est pas demander que Dieu accepte ce que nous voulons faire, c’est demander que nous fassions la volonté de Dieu. Que de fois dans l’histoire du monde, comme dans notre cœur, nous avons fait de la présence de Dieu un étendard au lieu de la reconnaître comme une responsabilité.
C’est bien l’exemple que nous donne Marie dans le récit de l’Annonciation : « voici la servante du Seigneur ». Elle manifeste ainsi sa disponibilité à la présence de Dieu. Mais la suite de sa réponse nous dévoile un autre aspect important, celui du consentement : « que tout m’advienne selon ta parole ». Aux premières paroles de l’ange, elle avait demandé « comment cela va-t-il se faire ? » et l’on comprend que c’est une manière de dire : « qu’est-ce que je dois faire ? ». Et la réponse de Gabriel est admirable : « l’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre », en d’autres termes : « tu n’as rien à faire, juste à te laisser faire ». Une dynamique semblable à celle que dévoilait la réponse de Dieu au projet de David. La présence du Seigneur est une présence agissante qui nous propose de la laisser agir. Et il est souvent plus exigeant de se laisser faire que de faire soi-même !
Au moment où nous nous apprêtons à fêter la naissance de l’enfant dans la crèche, laissons retentir en nous la salutation « le Seigneur est avec toi ». C’est le rappel d’une présence qu’on pourrait négliger ; ce n’est pas un privilège mais une invitation ; une invitation à le laisser agir en faisant une place toujours plus grande à sa présence et sa puissance dans nos cœurs et dans nos vies.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Porte du Ciel qu’elle nous rende attentifs à la présence du Seigneur ; Trône de la Sagesse qu’elle nous apprenne à servir celui qui nous accompagne ; Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous rende disponibles à la puissance du Très-Haut pour que se déploie en nous le don de Dieu et que nous puissions demeurer en lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.