Père Charles Mallard-Les trois conversions
Les trois conversions
2eme dimanche de l’Avent – Année A
Isaïe 11, 1-10 ; Ps 71 ; Rm 15,4-9 ; Mt 3,1-12
D’abord il y a une conversion de principe. C’est ce que proposait le baptême de Jean. Cela demandait déjà une certaine bonne volonté, pour descendre de Jérusalem jusqu’à la vallée du Jourdain, pour reconnaître ses péchés et se faire plonger par lui dans le fleuve. C’est la conversion de la tête, le changement des idées. Cela correspond à entrer dans l’esprit de sagesse et de discernement. Il s’agit de se laisser guider par le Seigneur dans notre manière de vivre et dans notre vision du monde. Quelle est la place de Dieu dans nos habitudes ? Quelle est la place de Dieu dans nos pensées et dans nos opinions ? Combien de fois sommes-nous tentés de décider nous-mêmes de ce qui est juste et de ce qui ne l’est pas ? Est-ce que nous savons nous appuyer sur la Parole pour penser le monde et pour agir ? Non pas en cherchant une justification à ce qui nous arrange, mais pour apprendre ce qui nous dépasse … même quand nous pensons que nous maitrisons le sujet ! Saint Paul rappelait aux Romains « ce qui est écrit dans les livres saints l’a été pour nous instruire ». La place de la Parole de Dieu, et le respect qu’on lui porte, peuvent nous aider à mesurer notre besoin de cette première conversion.
Mais c’est une démarche qui peut rester un peu formelle, un peu théorique. La conversion ne peut pas en rester au niveau des principes, elle doit se traduire dans l’action. C’est pourquoi Jean Baptiste interpelle vigoureusement ce qui seraient tentés d’en rester à la première démarche : « produisez donc un fruit digne de la conversion ». Après la conversion de la tête il faut s’engager dans la conversion des mains. Retourner les mains pour passer de celui qui prend à celui qui donne. Cela correspond à entrer dans l’esprit de conseil et de force, qui nous guide concrètement dans les moments particuliers, pour savoir ce qu’il faut faire, et pour le faire. C’est peut-être l’aspect le plus évident de la conversion, mais ça n’est pas le plus facile. D’ailleurs saint Paul l’exprimait dans son invitation aux Romains : « accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu ». C’est souvent dans la qualité de nos relations les uns aux autres que l’on peut mesurer notre besoin de cette deuxième conversion … à condition de regarder tous les autres, et non pas seulement ceux avec qui c’est facile d’être en paix !
Enfin il y a une troisième conversion que nous indiquent les paroles du Baptiste lorsqu’il annonce le baptême dans l’Esprit et dans le feu. Une manière de dire à ceux qui sont là qu’ils ne sont pas au bout du chemin, qu’ils devront encore faire un effort pour accueillir Celui qui vient. C’est la conversion du cœur, celle qui correspond à l’esprit de connaissance et de crainte du Seigneur. Ce que l’on traduit traditionnellement par les dons de science, de piété et de crainte ou dit autrement de connaissance, d’affection filiale et d’adoration. C’est la conversion de la vie spirituelle qui est plus un consentement qu’une décision. Une conversion qui n’est jamais acquise une fois pour toute parce qu’il s’agit de vivre en Dieu et que la vie n’est pas une posture. C’est lorsqu’on réalise que la prière n’est pas un moment mais une respiration que l’on comprend la nécessité de cette conversion.
Alors n’hésitons pas à entrer dans le mouvement qu’indique Jean Baptiste pour préparer la venue de Celui qui vient. Approfondissons notre proximité à la Parole de Dieu pour vivre la conversion des idées. Faisons attention les uns aux autres pour vivre la conversion des actions. Laissons-nous conduire par l’Esprit reçu au baptême pour vivre la conversion du cœur qui nous fera partager la gloire du Seigneur.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous rende disponibles à l’esprit de sagesse et de discernement ; Mère du Bel Amour qu’elle nous rende attentifs à l’esprit de conseil et de force ; Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous entraine dans l’esprit de connaissance, d’affection filiale, pour que guidés par l’esprit d’adoration nous puissions contempler la lumière de la crèche qui brille dans la nuit de Bethléem et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.