Père Charles Mallard-Pour que la rencontre transforme
Pour que la rencontre transforme
3° Dimanche de Carême – Année A
Ex 17,3-7 ; Ps 94 ; Rm 5,1-2.5-8 ; Jn 4,5-42
Au cœur du Carême, l’histoire de Jésus et de la Samaritaine permet de dessiner l’itinéraire d’une rencontre qui transforme le cœur et la vie de ceux qui s’approchent du Seigneur.
Tout commence par un étonnement. Étonnement de la femme de Samarie devant cet homme qui s’adresse à elle « toi, un juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » ; étonnement aussi lorsqu’il prétend pouvoir donner de l’eau alors qu’il n’a rien pour puiser et que le puits est profond. Cet inconnu est bien mystérieux et son attitude est déconcertante. Mais elle évite l’indifférence ou le mépris, elle accepte de s’étonner et l’étonnement est la clé de la disponibilité. Disponibilité à la rencontre, disponibilité à la transformation. C’est la première étape qui nous est proposée : accepter de sortir de nos certitudes ou de nos habitudes pour nous laisser étonner par la parole de Dieu. Ce n’est pas toujours confortable, parce que cela implique de reconnaître qu’on ne comprend pas et que l’on est un peu dépassé. Mais si nous pensons savoir déjà tout ce que le Seigneur veut nous dire, comment pourrait-il nous instruire ? Si nous pensons maitriser la vie spirituelle, comment pourrions-nous progresser ? Le premier dépouillement du carême, c’est accepter de s’étonner des mystères de Dieu, ne pas renoncer à écouter sous prétexte que l’on ne comprend pas, ne pas refuser de changer sous prétexte que l’on a toujours fait comme ça.
Ensuite il y a la demande. La femme demande de cette eau vive dont Jésus parle, et puis elle demande aussi un conseil sur la manière d’adorer le Seigneur. Elle aurait pu rester avec sa perplexité, hausser les épaules en se disant que tout cela ce sont des belles paroles qui ne servent pas à grand-chose. Si l’étonnement est la clé de la disponibilité, la demande en est la poignée : ce qui permet d’ouvrir la porte d’une rencontre qui transforme. Comment Dieu pourrait-il nous donner ce que nous ne demandons pas ? Attention, il ne s’agit pas d’une exigence, comme le peuple à Massa et Mériba dans le désert. Ce n’est pas la réclamation d’un droit, mais la demande d’une grâce. C’est une deuxième étape dans la rencontre avec le Christ : ouvrir nos vies à sa présence en renonçant à nous débrouiller avec nos propres forces. Cela impliquera une petite blessure narcissique, un petit accroc à notre orgueil ; mais comme disait saint Paul aux Romains : « nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu ». Le deuxième dépouillement du carême, c’est accepter de dépendre du Seigneur, reconnaître qu’on a besoin de son aide.
Enfin il y a ce qu’on peut appeler la communion, le temps où l’on demeure en présence. La rencontre n’est plus un instant mais une durée. Ainsi les Samaritains proposent à Jésus de demeurer chez eux. Comme le montre l’exemple de la femme, ce temps de communion n’est pas un face à face égoïste, mais il s’épanouit dans le partage. Parce que la présence de Dieu nous ouvre aux dimensions de son cœur, toutes nos relations sont ainsi transformées. On peut même dire que ce témoignage est le signe d’une authentique communion. Et la réflexion des villageois indique le troisième dépouillement qui rend cette communion possible : accepter que nous ne soyons plus le centre de notre vie, mais que ce soit le Christ lui-même !
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à suivre l’exemple de la Samaritaine pour que ce temps de carême soit l’occasion d’une rencontre avec le Christ qui transforme notre vie. Porte du Ciel, qu’elle nous apprenne à nous laisser étonner par le mystère de Dieu. Consolatrice des affligés qu’elle nous montre comment demander ce que le Seigneur veut nous donner. Mère de l’Église qu’elle nous accompagne dans la communion à laquelle nous sommes invités, pour que nous demeurions en Dieu comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.