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Père Charles Mallard-Se laisser étonner par la Parole de Dieu

29 octobre 2023

Se laisser étonner par la Parole de Dieu

30* Dimanche du Temps Ordinaire – Année A

Ex 22,20-26 ; Ps 17 ; 1 Th 1,5c-10 ; Mt 22,34-40

A l’écoute de l’évangile, certains se seront peut-être fait la réflexion que le passage était bien connu et que ce n’est pas aujourd’hui qu’ils seront surpris par la Parole de Dieu. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en désole, entendre un texte biblique en se disant qu’on le connait déjà est toujours un signal d’alerte, c’est le signe qu’il faut creuser davantage notre compréhension du texte. Si on n’est pas étonné par l’enseignement du Seigneur, c’est qu’on ne l’a pas bien écouté !

Déjà, une première chose qui peut nous étonner c’est que les deux commandements que cite Jésus demandent d’aimer. Mais est-ce qu’on peut commander d’aimer ? Ne dit-on pas, au contraire, que l’amour ne se commande pas ? Il est vrai que le mot désigne des choses tellement différentes : on l’utilise pour parler de la relation entre époux, comme de la relation avec ses parents ou ses enfants, c’est toujours le même mot pour évoquer ce que l’on mange et ce que l’on fait, pour parler d’une passion ou d’un goût, d’un enthousiasme ou d’une complaisance. Il faut donc comprendre que l’évangile nous parle d’un amour qui se décide et non pas d’une émotion qui se ressent, d’un amour qui s’exprime et non pas d’un plaisir qui s’éprouve. La précision est loin d’être anecdotique, en particulier dans les difficultés. Quand on n’a pas envie de prier, on peut décider de se tourner vers Dieu ; lorsque l’autre ne nous intéresse pas, on peut décider de ne pas rompre le lien ; lorsqu’il nous énerve, on peut décider de rester positif. Ce que décrivait la première lecture : ne pas accabler, ne pas imposer des intérêts, laisser le minimum nécessaire, paraît bien ordinaire, mais parce que c’est le premier pas de la justice, c’est aussi la porte de l’amour.

Une autre chose peut aussi nous étonner : que la relation à Dieu soit décrite en termes d’amour. En fait, c’est loin d’être une évidence dans le monde comme conception de la religion. Souvent la religion est comprise comme une idée à défendre, ou comme des rites à observer ou encore comme une certaine manière d’agir. Mais Jésus nous rappelle qu’il s’agit d’abord d’un amour. Nous sommes donc invités d’abord à une mystique … ou si le mot vous fait peur à une vie spirituelle. Ça ne veut pas dire que la doctrine, la liturgie ou la morale ne soit pas importantes, mais elles découlent de l’amour, et permettent de l’authentifier et de l’exprimer. Est-ce que nous pouvons dire en vérité « j’aime le Seigneur » ? Quand nous scrutons la Parole de Dieu, quand nous essayons d’expliquer les mystères du Seigneur, est-ce un exercice intellectuel ou une manière de mieux le connaître pour mieux l’aimer ? Quand nous venons à la messe ou que nous faisons nos prières, surtout quand on préférerait faire autre chose ou être ailleurs, est-ce que nous pensons en faire une preuve d’amour en nous disant qu’il s’agit d’abord de faire plaisir à Dieu ? Dans nos choix de vie et dans nos comportements, nous arrive-t-il de faire cette courte prière : « Seigneur, je vais faire ça, puisque tu le demandes » ? Sans doute savons-nous qu’il faut aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de tout son esprit … mais il ne suffit pas de le savoir, il faut le vivre !

Enfin une troisième chose peut encore nous étonner. C’est peut-être ce qu’il y a de plus original dans la réponse de Jésus au docteur de la loi, c’est de rapprocher les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain en disant qu’ils sont semblables. Bien sûr toutes les religions comportent une morale, mais le rapprochement de Jésus va plus loin : puisqu’il s’agit d’aimer son prochain comme soi-même, il ne s’agit pas simplement de faire ce que Dieu dit être bien, il s’agit de découvrir que notre relation aux autres est le reflet de notre relation à Dieu. L’expérience nous montre que prétendre aimer l’autre sans aimer Dieu est une ambition décevante, mais  prétendre aimer Dieu sans aimer l’autre est une dangereuse illusion. Peut-être que selon les circonstances de la vie nous serons plus attentifs à l’un ou à l’autre des commandements, mais le texte que nous avons entendu nous rappelle que tout découle des deux commandements et non pas d’un seul. Et parce que c’est difficile de les tenir tous les deux, il est important de ne pas s’habituer à l’enseignement du Seigneur, mais de se laisser toujours surprendre et déranger pas cet évangile.

Aussi ne croyons pas que nous n’ayons rien à apprendre de la Parole de Dieu aujourd’hui. Ce n’est pas parce que nous la connaissons, qu’elle ne peut pas nous étonner. Jésus nous demande d’aimer d’un amour qui décide, qui donne et se donne, il nous invite à grandir dans la foi pour progresser dans l’amour, il nous montre combien notre relation aux autres est la mesure de notre relation à Dieu

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère du Bel Amour, qu’elle nous apprenne à aimer selon le Cœur de Dieu. Etoile du Matin, qu’elle ouvre notre cœur, notre âme et notre esprit à l’Esprit d’Amour. Trône de la Sagesse, qu’elle fasse rayonner dans nos vies ce que nous avons reçu pour que nous puissions demeurer en Dieu, comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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