Père Charles Mallard-Une lumière à porter
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Une lumière à porter
Présentation du Seigneur au Temple
Ml 3,1-4 ; Ps 23 (24) ; He 2,14-18 ; Lc 2,22-40
Nous fêtons aujourd’hui la Présentation du Seigneur au Temple, qu’on appelle couramment la chandeleur, c’est-à-dire la fête des chandelles. Les chimistes et les spécialistes disserteront autant qu’ils voudront sur la différence entre chandelle, cierge et bougie ; pour notre vie spirituelle ce qui est à souligner dans la fête de ce jour, c’est bien sûr la lumière, en écho au cantique de Syméon qui reconnaît Jésus comme « la lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël ».
Il s’agissait donc pour les parents de Jésus d’accomplir les prescriptions de la loi de Moïse. Curieusement saint Luc entremêle deux rites différents : la consécration du premier garçon et la purification de la mère. Mais ce qu’il y a de plus curieux encore, c’est qu’en soi, ces deux démarches pourraient paraître inutiles : Jésus, Verbe de Dieu, avait-il besoin d’être présenté au Seigneur ? Marie, la Toute Pure, avait-elle besoin d’être purifiée ? Pourtant c’est en obéissant humblement à la Parole de Dieu, que les parents de Jésus permettent que s’accomplisse la prophétie de Malachie « soudain viendra dans son Temple, le Seigneur que vous cherchez ». La première lumière que nous portons est celle de la foi qui nous guide et qui permet que Dieu rejoigne ceux qui le cherchent. Dans la foi, il y a ce renversement où le Seigneur fait pour nous ce que nous faisons pour lui. Ainsi en est-il de la lumière : nous disons que nous éclairons, mais en fait nous sommes éclairés. La flamme des cierges nous rappelle que la lumière est reçue quand nous l’acceptons, que la foi est une lumière qui nous confiée.
Ensuite, il y a la rencontre avec le vieillard Syméon. Étonnante rencontre où la bénédiction de l’enfant se fait action de grâce pour celui le reçoit ; étonnante prophétie qui annonce chute et relèvement, signe de contradiction et souffrance de la mère. Bien sûr, nous y reconnaissons l’annonce du salut et du mystère de Pâques. L’auteur de la lettre aux Hébreux nous rappelait l’importance de la Passion dans la mission du Christ. Syméon est le témoin de l’accomplissement de la longue attente du peuple de Dieu, il est aussi témoin de la promesse du Salut. Il nous invite à entrer dans la lumière de l’espérance qui est à la fois présence et attente. La flamme vacillante des cierges nous rappelle par sa fragilité qu’il nous faut rester vigilant et persévérant pour que ne s’éteigne pas ce qui appelle l’éblouissement de la pleine lumière. L’espérance est le déploiement dans le temps de la splendeur éternelle.
Enfin il y a la figure d’Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser. Survenant à cette heure elle partage ce qu’elle a contemplé. Dans son attitude, il y a quelque chose du souffle de la Pentecôte où la puissance de l’Esprit déborde du cénacle. Le don de Dieu est fait pour être partagé. C’est la lumière de la charité qui est signifiée. Lorsque saint Thomas d’Aquin parle du Corps du Christ il dit « sans le diviser, on le reçoit tout entier ». De la même manière, la lumière ne diminue pas quand on la partage, on contraire elle s’agrandit. C’est la dynamique de la charité qui augmente quand elle se donne. Ce qui vient de Dieu ne peut pas être confisqué sans se perdre.
Lors de la Présentation de Jésus au Temple, l’accomplissement des prescriptions de la Loi permet l’accomplissement des promesses : le Seigneur vient dans son Temple ; Syméon peut s’en aller dans la paix, en annonçant le salut qui déjà commence ; Anne partage les louanges de Dieu pour que rayonne la lumière des nations et la gloire de son peuple. Les cierges bénis aujourd’hui nous rappellent de porter cette lumière par la foi, l’espérance et la charité.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous accompagne et nous guide pour faire rayonner la lumière du Christ. Humble servante du Seigneur, qu’elle nous apprenne à entendre la parole de Dieu et à la mettre en pratique ; Porte du Ciel, qu’elle nous encourage à persévérer dans l’espérance ; Mère du Bel Amour qu’elle nous entraine à partager ce que nous avons reçu pour que nous puissions demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles de siècles.