Père Charles Mallard-En contemplant le signe
En contemplant le signe
Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie
Ap 11,19. 12, 1-6. 10 ; Ps 44 ; 1 Co 15,20-27a ; Lc 1, 39-56
« Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles ». Ces mots de l’Apocalypse ouvrent naturellement la liturgie de la Parole pour la fête d’aujourd’hui et ils ont inspiré tout au long des siècles les images par lesquelles on représente la Vierge Marie depuis son Assomption. Arrêtons-nous sur cette description pour mieux saisir ce que signifie le mystère qui nous rassemble ce matin.
Tout d’abord, la Femme a le soleil pour manteau. Le soleil est le symbole de la gloire de Dieu. Astre du jour, source de lumière et de chaleur, c’est lui qui permet l’éclosion de la vie. Familier et lointain, bienfaisant et redoutable, il évoque la puissance et la présence divine. Mais la femme n’est pas le soleil, elle en est enveloppée. « Il s’est penché sur son humble servante, tous les âges me diront bienheureuse » reconnaît Marie dans le Magnificat. Ce manteau de soleil est donc le signe d’une gloire mais d’une gloire reçue, d’une présence qui accompagne. C’est l’image de la sainteté, mais d’une sainteté qui participe au resplendissement divin à la mesure de notre disponibilité. Marie n’est pas Dieu, et cela tombe bien parce que nul d’entre nous ne peut l’être, mais elle porte la gloire de Dieu ce que nous pouvons faire nous aussi, si nous acceptons de ne pas rester sur le trône de nos pouvoirs, et de nous laisser élever par celui qui disperse les superbes.
Ensuite, la lune est sous ses pieds. La lune est l’astre de la nuit, son apparition marque la fin du jour, et l’alternance de ses transformations mesure le défilement des mois. Elle est donc le symbole du temps qui passe. Si la lune est sous les pieds de la femme, c’est qu’elle est devenue inutile : par l’Assomption, Marie est entrée dans l’éternité. Mais cela signifie aussi que le temps est dominé. Or c’est bien la fidélité qui permet de vaincre le temps et de ne pas se laisser emporter par les caprices des changements. Marie est bien témoin de cette fidélité, de l’Annonciation jusqu’au pied de la croix, elle reste fidèle à la Parole de Dieu. Une fidélité qui s’appuie sur la fidélité de Dieu, de celui dont « la miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent », de celui qui « se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères ». Pour Marie, comme pour nous, l’éternité est en germe quand on accueille la parole de Dieu et qu’on la garde.
Enfin, la Femme a une couronne de douze étoiles. Les marins savent combien sont utiles les étoiles pour se repérer quand on manque de repères. Elles sont douze comme les tribus d’Israël ou comme les apôtres du Seigneur. La couronne d’étoiles représente donc l’ensemble de ceux qui nous précèdent et qui nous montrent le chemin. Elle rappelle que nous n’avançons pas tout seul, que la vie chrétienne n’est pas une affaire individuelle et que la sainteté n’est pas une aventure solitaire. L’évangile nous rappelait d’ailleurs que le Magnificat jaillit au cœur d’une rencontre et non pas dans l’isolement d’une expérience mystique. L’Assomption, ce n’est pas un spectacle mais un appel, comme le dira la préface c’est « un signe d’espérance et une source de réconfort pour nous qui sommes encore en chemin ».
Alors, contemplons le grand signe apparut dans le ciel. Reconnaissons en Marie la présence divine qui se déploie à la mesure de son humilité, avançons avec elle dans l’éternité en gardant fidèlement les paroles qui nous sont dites de la part du Seigneur, entrons résolument dans l’assemblée des saints les mains vides de nos richesses pour les ouvrir aux biens dont Dieu veut nous combler.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, éclaire nos cœurs en cette fête de l’Assomption. Humble Servante du Seigneur qu’elle nous rende disponible à la présence du Seigneur. Vierge fidèle qu’elle nous garde dans la confiance à la Parole de Dieu. Reine des Saints qu’elle nous accompagne tout au long de notre vie pour que nous puissions devenir ce que nous sommes et demeurer en Dieu comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.