Père Charles Mallard-La paix soit avec vous
La paix soit avec vous
Dimanche de la Miséricorde – Année A
Ac 2,42-47 ; Ps 117 (118) ; 1 P 1,3-9 ; Jn 20,19-31
Cela peut paraître anecdotique. On peut y voir la salutation orientale classique. Pourtant un détail surprend. Pourquoi Jésus répète-t-il « la paix soit avec vous » après leur avoir montré ses mains et son côté ? Ainsi par trois fois l’expression se retrouve dans le texte. Une expression qui n’est pas si banale, puisque c’est la seule fois dans l’évangile de Jean que cette salutation est utilisée. A la réflexion d’ailleurs, cette formule n’est pas si courante dans la Bible. Même l’ange à l’Annonciation utilise plutôt la formule grecque : « réjouis-toi ». Et s’il y avait dans cette formule quelque chose qui nous invite à mieux accueillir ce mystère de Pâques ?
La première fois, Jésus s’adresse aux disciples qui se cachent par crainte des juifs. On comprend aisément cette situation, mais les paroles du Seigneur invitent à sortir de l’enfermement de la peur. La menace n’a pas disparu, le danger est toujours le même, mais la présence du Christ ressuscité permet la paix et débloque le verrou de la peur pour ouvrir la porte de l’espérance. C’est sans doute le premier message de la Résurrection, le plus évident : la lumière luit au fond de ténèbres, toute situation même la plus désespérée peut conduire à la gloire de Dieu.
La deuxième fois Jésus répète la salutation. Cette fois-ci les disciples sont remplis de joie car ils ont reconnu que leur maître et ami qui était mort est toujours vivant. Là encore, on imagine facilement la scène. On doit même pouvoir parler d’excitation. Dans le tumulte de la joie, Jésus appelle la paix et communique sa mission : « comme le Père m’a envoyé, je vous envoie » ; soufflant sur eux l’Esprit Saint il donne à leurs actions terrestres un retentissement céleste : « à qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ». C’est que la joie, même pour un autre peut être un peu égoïste. Aussi il s’agit que nos cœurs, même joyeux ne soient pas tournés vers nous mais vers les autres. Le Christ ressuscité débloque le verrou de l’égoïsme pour ouvrir la porte de la charité qui est ce souffle divin transformant notre vie.
La troisième fois se situe donc huit jours après. Les disciples sont toujours entre eux, rien n’a vraiment changé dans leur vie. Comment Thomas pourrait-il les croire ? Leur témoignage semble n’être qu’une sorte d’idée qui permet de s’installer dans le confort d’un groupe chaleureux. Mais c’est la paix du sommeil et elle est illusoire. Aussi Jésus les bouscule à travers l’interpellation de Thomas. Le Christ ressuscité débloque le verrou du confort pour ouvrir la porte de la foi. Car le mystère de Pâques ne peut retentir que si l’on renonce à tout contrôler, que si l’on prend le risque de la confiance.
A travers la triple salutation du Christ ressuscité, nous découvrons combien le grand mystère nous sort de la peur pour que nous puissions accueillir la paix que donne l’espérance ; nous recevons par l’envoi en mission la paix qui rayonne de la charité en unissant le ciel et la terre ; nous sommes invités à risquer la confiance pour entrer dans la paix que promet la foi.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, fasse retentir cette parole dans nos cœurs. Secours des Chrétiens qu’elle nous guide dans les difficultés pour que nous percevions la lumière de la Résurrection ; Mère du Bel Amour qu’elle nous entraîne dans la mission pour que nous nous laissions guidés par le Souffle de Dieu ; Porte du Ciel qu’elle ouvre nos cœurs à l’annonce de la Bonne nouvelle : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !