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Père Charles Mallard-L’action de grâce

9 octobre 2022

L’action de grâce

28° Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

2 R 5,14-17 ; Ps 97 ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17,11-19

Tout d’abord j’ai été contrarié que la première lecture ne commence qu’au milieu de l’histoire de Naaman. J’ai trouvé dommage qu’on ne nous rappelle pas les réticences du général syrien à faire ce que lui demandait Élisée et qu’il trouvait un peu trop banal. Et puis, je me suis dit que si l’on n’entendait que le dénouement heureux de l’aventure c’était sans doute, en lien avec l’évangile, pour qu’on se concentre sur l’action de grâce, sans se laisser distraire par d’autres attitudes spirituelles. Aussi, nous souvenant que la source et le sommet de la vie chrétienne est l’eucharistie – ce qui signifie précisément action de grâce – approfondissons ce que les textes de ce jour nous enseignent sur le sujet.

Évidemment, il s’agit non seulement de politesse, mais surtout de la justice la plus élémentaire : il est normal de remercier lorsqu’on nous a fait du bien ! Mais dans le cas de Naaman, il est intéressant de noter qu’Élisée va refuser le cadeau qu’on lui propose. Sans doute est-ce une manière de rappeler que c’est Dieu et non le prophète qui a guérit. Pourtant le syrien avait déjà reconnu l’action du Seigneur. Alors, Élisée aurait pu accepter d’être remercié pour son intervention et sa prière. Mais non. Il refuse. Comme s’il voulait que Naaman reste son obligé ! Ainsi, celui-ci se retrouve à demander plutôt qu’à donner en guise d’action de grâce. C’est une manière de nous faire comprendre qu’on reste débiteur de Dieu. Il ne s’agit pas d’un échange de bons procédés, où un cadeau répond à un cadeau. Parce qu’on pourrait croire alors que remercier nous rend quitte vis-à-vis du Seigneur et qu’on ne lui doit plus rien ! L’action de grâce ce n’est pas l’attitude de celui qui ne doit plus rien, mais de celui qui reconnait devoir toujours ! Il ne s’agit pas de rétablir un équilibre dans la relation, mais d’accepter de continuer à dépendre de Dieu. En termes spirituels, on peut dire que l’action de grâces ne relève pas tant de la justice que de l’adoration.

Ensuite il y a l’histoire du samaritain et des autres lépreux, que nous avons entendue dans l’évangile. On peut penser que les neuf autres sont allés jusqu’au Temple pour se montrer aux prêtres, comme Jésus leur avait demandé. Mais s’ils étaient revenus plus tard pour remercier Jésus, les disciples n’auraient pas raconté l’épisode ! Et lorsque Jésus dit « ta foi t’a sauvé » on comprend alors que la démarche de celui qui est revenu l’a conduit plus loin qu’une simple guérison. Peut-on, pour autant, reprocher aux neuf d’avoir obéit à la parole du Seigneur ? Non, bien sûr ! Mais on peut remarquer que l’obéissance ne suffit pas, elle manifeste sans doute une confiance mais elle n’est pas encore la foi qui sauve. L’évangile nous fait donc comprendre que l’action de grâce est plus grande que l’obéissance, elle nous conduit plus près du cœur de Dieu. L’obéissance est le début, l’action de grâce est l’épanouissement de la foi.

Enfin nous avons entendu aussi l’exhortation de Paul à Timothée : « Souviens-toi de Jésus-Christ, ressuscité d’entre les morts ». Ce n’est pas sans rapport avec l’action de grâce, car s’il s’agit de se souvenir du Christ, c’est pour se souvenir du salut et donc pour garder un cœur reconnaissant. On comprend, par les paroles de l’apôtre, que cette exhortation est particulièrement importante dans les épreuves : « c’est pour lui que j’endure la souffrance, jusqu’à être enchaîné » dit-il. Ainsi nous découvrons qu’on peut aussi rendre grâce dans les épreuves, non pas pour les épreuves elles-mêmes, mais pour garder l’espérance et renforcer notre persévérance. L’action de grâces est aussi le garant de notre la fidélité.

Puisque nous voilà rassemblés pour l’eucharistie, pour l’action de grâce, laissons-nous conduire par les textes que nous avons entendus pour déployer en nous cette attitude qui nous apprend l’adoration, qui manifeste notre foi, qui fortifie notre fidélité.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Humble servante du Seigneur, que son Magnificat forme nos cœurs à l’adoration ; Rayonnement de joie qu’elle nous conduise à la plénitude de la foi ; Consolatrice des affligés qu’elle soutienne notre fidélité pour que nous demeurions en Dieu comme Il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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