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Père Charles Mallard-Une image de la prière

16 octobre 2022

Une image de la prière

29° Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Ex 17, 8-13 ; Ps 120 (121) ; 2 Tm 3,14-4,2 ; Lc 18,1-8

Les récits de l’Ancien Testament ont la réputation d’être plus durs et plus difficiles à comprendre que ceux du Nouveau Testament … réputation largement imméritée, et que les lectures de ce jour viennent contredire remarquablement ! Personnellement, je trouve que la première lecture nous propose une image très parlante pour comprendre ce qu’est la prière.

Rappelons-nous : le peuple de Dieu doit se défendre et affronter les vicissitudes de la vie sous la conduite de Josué. Plus haut Moïse est en train de prier et pour se faire, il lève les bras dans un des gestes les plus antiques de la prière. Et quand Moïse prie, le peuple a le dessus. Mais voilà que Moïse fatigue, il baisse les bras et le peuple perd pied … alors ils trouvent une astuce qui me ravit : Moïse s’assoit et deux hommes lui tiennent les bras pour que le peuple puisse vaincre. La scène est pittoresque et déjà cela vaut la peine de la goûter. Mais en plus l’image donne à penser et à méditer, on peut y trouver de nombreux symboles pour notre vie spirituelle. Détaillons-la pour essayer de mieux profiter de l’enseignement qu’elle contient.

D’abord il ne faudrait pas la comprendre de travers … Il ne s’agit pas d’un acte magique. Ce n’est pas parce que Moïse lève les bras que le peuple gagne. Les bras levés sont signes de la prière et cette histoire nous dit que c’est la prière qui soutient le combat du peuple, un combat qui est le signe du combat spirituel. C’est le premier enseignement de ce texte : sans la prière, nous nous affaiblissons, nous ne pouvons pas vaincre les difficultés de la vie. La prière est la clé du matin et le verrou du soir. Quelle que soit sa forme nous ne pouvons pas vivre pleinement sans prier.

Or, il vient un moment où nous fatiguons, où nos mains s’alourdissent comme celles de Moïse et nous sommes tentés de baisser les bras. Nous pouvons les baisser par habitude, en disant après tout nous avons suffisamment prié, comme s’il s’agissait d’un élan et que nous allions pouvoir continuer à avancer sur notre lancée. Nous pouvons les baisser aussi par lassitude, parce que nous avons l’impression que le Seigneur ne nous entend pas, qu’il ne fait pas ce que nous attendons, que ça ne marche pas ! C’est là que nous devons nous souvenir de l’enseignement de Jésus de l’histoire de ce juge inique qu’il raconte à ses disciples pour qu’ils comprennent qu’il faut toujours prier sans se décourager … Avoir la foi ce n’est pas tellement croire telle ou telle chose, c’est rester fidèle dans la confiance en Dieu, même quand ce n’est pas évident !

Mais comment persévérer ? Et bien faisons comme Moïse ! D’abord il s’assoit sur le rocher. Le rocher sur lequel nous pouvons nous appuyer c’est le Christ … Notre prière ne pourra persévérer que si elle s’appuie sur la prière du Christ. Il n’y a pas à inventer des formules extraordinaires ou de gestes sophistiqués, mais entrer dans la prière du Seigneur. Et pour savoir comment le Seigneur priait, nous avons le Notre Père, nous avons aussi tous les passages de l’évangile qui nous montrent Jésus en train de prier : n’hésitons pas à nous en inspirer !

Ensuite Moïse se fait aider par Aaron et Hour pour qu’ils tiennent ses bras, c’est-à-dire pour qu’ils soutiennent sa prière et partagent sa peine. Aaron, c’est le grand prêtre, il est signe du culte du peuple de Dieu, de la prière communautaire. Voilà pourquoi la messe est importante : elle est le souffle de notre prière, elle soutient notre imploration. Hour … on ne sait pas grand-chose de lui, il n’apparaît que deux fois dans la Bible (la deuxième fois il est encore avec Aaron). Il est le signe de nos frères et sœurs dans la foi, de la foule de ceux que nous connaissons plus ou moins bien mais qui prient avec nous. Il est le signe de la prière amicale et compatissante, de la communion des saints qui est aussi une aide très précieuse, soutenant notre prière comme le culte du peuple.

Oui, l’image de Moïse sur la colline est riche d’enseignement : elle nous rappelle que c’est la prière qui est la force de notre vie, que cette prière demande de la persévérance et de la fidélité, que cette persévérance s’appuie sur la fidélité du Christ, qu’elle est soutenue par la prière de l’Église et la prière des autres

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Mère de l’Église, Reine des Saints et Vierge fidèle qu’elle nous conduise dans une prière toujours plus solidement enracinée dans le Christ, soutenus par la liturgie et en communion avec tous ceux qui prient. Qu’elle nous obtienne la grâce de persévérer et de mériter ainsi ce beau nom de fidèles. Dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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