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Père Charles Mallard-Le maître de l’unité

28 mai 2023

Le maître de l’unité

Pentecôte – Année A

Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; 1 Co 12, 3b-7. 12-13 ; Jn 20, 19-23

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, saint Jean rassemble en un même jour le mystère que nous célébrons sur cinquante jours : D’abord la joie de Pâques, celles de la rencontre avec Jésus ressuscité ; ensuite l’envoi en mission que nous avons célébré à l’Ascension ; enfin le don de l’Esprit, que nous fêtons aujourd’hui, et que le Seigneur souffle sur ses apôtres. Ainsi nous pouvons d’un seul coup d’œil embrasser l’ensemble du mystère, en percevoir son unité et sa dynamique.

Mais il ne faudrait pas nous laisser distraire par une interprétation restrictive des paroles de Jésus qui accompagnent le don de l’Esprit : « à qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus ». Puisque ces paroles sont liées au don de l’Esprit elles concernent tous les baptisés et non pas seulement les prêtres. Les prêtres, dans la confession, les accomplissent d’une certaine manière ; mais c’est tout chrétien qui est amené à vivre cette parole de Jésus. Non pas dans un sacrement, mais par sa vie, par ses relations, par sa prière, par son engagement. Ce que disent surtout ces paroles, c’est que Jésus nous confie par l’Esprit Saint, ce lien unique entre le ciel et la terre qu’il incarnait afin ce que nous vivions sur la terre retentisse dans le ciel.

L’Esprit vient de Jésus, puis que c’est lui qui le souffle sur les apôtres ; mais réciproquement, c’est l’Esprit qui conduit à Jésus puisque, comme l’indique saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens, nul ne peut dire « Jésus est Seigneur », sinon dans l’Esprit Saint. Ainsi Jésus est inséparable de l’Esprit, et l’Esprit inséparable de Jésus. Nous voilà plongés au cœur du mystère d’une alliance. Ce que manifeste d’ailleurs la fête de la Pentecôte qui est la fête de l’Alliance entre Dieu et les hommes, puisqu’il s’agissait du jour où l’on rappelait le don de la Loi sur le Sinaï. Ainsi la nouvelle alliance, ce ne sont plus les tables de la Loi, mais l’Esprit-Saint.

Et l’image de l’unité à laquelle conduit le don de Dieu nous est rappelée dans la première lecture. Tous les hommes entendent proclamer les merveilles de Dieu, chacun dans sa langue. La diversité n’est plus comme à Babel, le tragique échec d’une humanité qui se prend pour Dieu, c’est le signe du concert des nations où chacun est appelé dans la particularité de son histoire. C’est aussi ce que rappelait saint Paul : les dons sont variés, les services sont variés, les activités sont variées … mais c’est toujours le même Seigneur. Nous sommes comme les membres d’un corps : unis parce qu’uniques. L’Esprit-Saint ne fait pas de nous des clones, il nous permet de déployer notre propre vocation : ce que nous sommes, personne ne peut l’être à notre place.

Et cette unicité, parce qu’elle est communion, ne nous éloigne pas les uns des autres. Au contraire d’une station-service où chaque voiture vient se ravitailler pour suivre des routes différentes, l’Église est le lieu du rassemblement et de la complémentarité pour que les différences des uns soient richesses pour les autres. L’unicité n’est pas isolement, mais un souffle qui nous met au service les uns des autres. L’Esprit Saint nous entraine dans le mystère de l’unité dans la multiplicité, dans la Tri unité ou Trinité, mystère que nous méditerons dimanche prochain.

Ainsi, nous découvrons combien l’Esprit Saint est le maître de l’unité. Unité avec le Christ qui révèle l’unicité de chacun de nous, unicité de chacun de nous qui fortifie l’unité entre nous et avec le Christ. L’Esprit Saint est celui qui permet notre communion au Christ, une communion qui nous introduit dans la communion divine et nous fait communier les uns aux autres.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Elle qui est le Temple de l’Esprit, l’Arche de la nouvelle alliance et la Mère de l’Église. Qu’elle nous apprenne à nous laisser unir toujours plus au Christ par l’Esprit Saint. Qu’elle nous montre comment laisser l’Esprit Saint déployer en nous les dons de sa grâce, pour que nous puissions, avec Marie, vivre déjà entre nous le rassemblement du genre humain en Dieu auquel nous sommes appelés dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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