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Père Charles Mallard-Une certaine idée de la gloire

21 mai 2023

Une certaine idée de la gloire

7° Dimanche de Pâques – Année A

Ac 1,12-14 ; Ps 26 ; 1 P 4,13-16 ; Jn 17,1b-11a

Entre l’Ascension et la Pentecôte, nous voici invités à nous joindre aux Apôtres, dans la chambre haute, où ils se tenaient habituellement, assidus à la prière avec Marie la mère de Jésus. Et la prière de l’Église commençante est comme un écho de la prière de Jésus que rappelait l’évangile. Dans les paroles du Seigneur, il est beaucoup question de glorifier : « Glorifie ton Fils afin que le Fils de te glorifie » ; « je t’ai glorifié sur la terre, maintenant glorifie moi auprès de toi » ; « je suis glorifié en eux ». Si nous voulons rejoindre la prière du Seigneur, essayons de mieux comprendre ce que cela signifie.

Tout d’abord, il faut entrer dans la conception biblique de la gloire qui est peut-être un peu différente de la nôtre. Pour nous, la gloire est sans doute de l’ordre de la renommée, de la célébrité ou des honneurs. Or, en hébreu, la gloire évoque l’idée de poids, elle ne vient pas tant de ce qu’on dit d’une personne que de sa valeur. La gloire, ne vient pas des autres, mais de soi : c’est en quelque sorte le rayonnement d’une personne, la véritable mesure de ce qu’elle est. Quand Jésus dit : « glorifie-moi pour que je te glorifie » il ne s’agit pas d’une sorte de pacte plus ou moins honnête où l’on renvoie l’ascenseur des honneurs ! Il s’agit au contraire d’entrer dans une plénitude de relation : que le Père manifeste le Fils comme Fils, pour que le Fils manifeste le Père comme Père. Nous sommes donc invités à contempler le mystère même Dieu, ce dynamisme d’amour entre le Père et le Fils qui depuis l’Ascension se déploie et s’épanouit.

Ensuite, Jésus évoque sa mission pour aspirer à cette plénitude : « je t’ai glorifié sur la terre […] glorifie-moi auprès de toi ». On comprend aisément qu’il y a deux lieux différents : la terre et le ciel. A vrai dire c’est une évidence, mais il est bon de s’en souvenir car il est facile d’oublier le ciel pour n’avoir que la terre comme horizon de nos vies, ou d’oublier la terre en pensant être déjà dans le ciel. Ce ne sont pas deux mondes séparés, mais ce sont deux mondes différents. Et parfois cette différence peut engendrer quelques frottements ! C’est ce dont témoigne la lettre de saint Pierre. Sans doute écrite au moment où les chrétiens commencent à subir quelques tracas, l’apôtre y rappelle l’importance de s’attacher d’abord à ce que nous avons reçu : l’Esprit de Gloire, l’Esprit de Dieu. Il ne s’agit pas de rechercher systématiquement la souffrance ou la persécution, ni de les fuir systématiquement. Elles n’indiquent ni le mal, ni le bien. Elles n’indiquent pas systématiquement le mal : puisque Jésus a souffert et été insulté, on sait que la gloire de la terre n’est pas la gloire du ciel. Mais la souffrance et la persécution n’indiquent pas non plus systématiquement le bien. Avec beaucoup de réalisme, saint Pierre avertit aussi « que personne n’ait à souffrir comme meurtrier, voleur, malfaiteur ou agitateur ». En d’autres termes, ce n’est pas parce que vous êtes incompris que vous avez raison ! L’Ascension nous rappelle la distance entre le ciel et la terre, pour que nous puissions orienter nos vies dans le bon sens : de la terre vers le ciel, sans nous croire déjà arrivés, que ce soit sur la terre ou dans le ciel.

Enfin Jésus témoigne : « je suis glorifié en eux ». C’est-à-dire que ce sont ses disciples qui manifestent qui il est vraiment. Si le Père glorifie le Fils dans le ciel, les chrétiens glorifient le Christ sur la terre. Comment ? En gardant la parole qu’il nous a donnée et qu’il avait reçue du Père ; en reconnaissant sa nature et sa mission divine. « Ils ont reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé ». Ainsi la gloire du Christ repose sur notre fidélité et sur notre foi. Être chrétien, ce n’est pas seulement avoir certaines idées ou certaines habitudes, ce n’est même pas suivre un personnage historique ou être fasciné par son enseignement ; depuis l’Ascension être chrétien c’est rejoindre le regard du Père sur le Fils, manifester par notre vie ce que le Père manifeste dans son amour.

Puisque Jésus avait recommandé aux disciples de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre le don de Dieu ; tenons-nous avec l’Église naissante dans la chambre haute, d’un même cœur assidu à la prière, pour contempler le mystère de Dieu qui déploie sa plénitude quand le Père glorifie le Fils qui le glorifie ; pour nous attacher à l’Esprit de Gloire qui repose sur nous, en nous détachant de la gloire du monde ; pour garder fidèlement ce que nous avons reçu et manifester toujours mieux la vraie nature de celui en qui nous croyons.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Reflet de la clarté divine qu’elle guide nos cœurs vers le cœur de Dieu ; Tunique d’espérance qu’elle nous garde unis à l’Esprit de Gloire ; Rayonnement de Joie qu’elle soutienne notre fidélité pour que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques : le Christ est resuscité ! Alléluia ! Il est vraiment resuscité ! Alléluia !

 

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