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Père Charles Mallard-Le temps de la foi

7 mai 2023

Le temps de la foi

5° Dimanche de Pâques – Année A

Ac 6,1-7 ; Ps 32 ; 1 P 2,4-9 ; Jn 14,1-12

En ce temps-là, Jésus s’apprête à quitter ses apôtres pour rejoindre le Père. Il le dit au moins deux fois, d’abord au début de l’évangile que nous venons d’entendre, mais aussi à la fin du texte. Un peu spontanément, on pense au temps qui précède sa Passion, c’est d’ailleurs à ce moment-là que le texte est situé dans l’évangile de saint Jean. Mais à la réflexion, le temps où Jésus part vers le Père, c’est aussi le temps de Pâques, avant l’Ascension. Ainsi les paroles qui nous sont données aujourd’hui ne nous replongent pas dans la gravité d’une fin de carême, mais elles éclairent le sens du temps pascal. Un temps où nous ne sommes pas invités simplement à goûter la joie de la résurrection, mais à entrer dans le temps de la foi, celui qui s’ouvre avec le départ du Seigneur vers le Père.

Cela commence par une promesse : « je vais vous préparer une place et je reviendrai pour vous emmener auprès de moi ». Comme une présence qui nous précède et nous accompagne. Voilà pourquoi Jésus est le chemin, une présence qui nous précède et nous accompagne. Or Thomas lui objecte « nous ne savons pas où tu vas, comment saurions-nous le chemin ? ». Mais est-il besoin de connaître l’arrivée pour connaitre le chemin ? Bien sûr, cela peut rassurer et motiver. Mais ce n’est pas nécessaire … on peut aussi se laisser guider par le chemin pour découvrir là où il nous emmène. Parfois le chemin – par exemple en montagne – nous semblera faire des détours qu’on pourrait juger inutiles, mais qui nous épargnerons des efforts trop grands, ou nous éloignerons de dangers que nous ignorons. Suivre un chemin suppose de lui faire confiance. Puisque croire c’est se mettre à la suite du Christ, la foi est l’attachement à la promesse du Seigneur

Ensuite Jésus évoque la connaissance. « Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père ». Mais Philippe réagit : « Montre-nous le Père, cela nous suffit ». La réflexion n’est pas irrespectueuse, on pourrait la comprendre comme une manière de dire « on n’en demande pas tant, ne te donne pas tout ce mal ». Pourtant Jésus semble attristé par les paroles de Philippe. Il lui reproche de ne pas avoir reconnu la vérité de ce qu’il est. Et nous comprenons ce qu’il peut y avoir d’ambigu dans la demande de Philippe. Comme s’il disait, « ne t’inquiète pas, nous nous débrouillerons tout seuls ». Il y a là un enjeu important sur la vérité. Si voir donne une certaine connaissance, toute connaissance ne vient pas de ce qu’on voit. Et même peut-être ce qui est le plus important, ce n’est pas ce que nous voyons mais ce que nous croyons (à condition de ne pas croire n’importe qui, bien sûr !). Comme disait le Petit Prince : L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le cœur. Ainsi la vérité que propose le Christ est-elle de l’ordre de la révélation, de ce qu’on ne peut pas voir, mais qu’il faut croire. Voilà pourquoi la foi est aussi l’accueil d’une révélation.

Enfin Jésus parle des œuvres. Les œuvres qu’il a faites, mais aussi celles que nous ferons, qui sont, dit-il, « plus grandes parce que je pars vers le Père ». On peut rapprocher cet enseignement de sa parole : « je suis la vie ». Car, qu’est-ce que la vie sinon un don à recevoir et à déployer. Un mystère qui s’épanouit par l’effacement de son origine. Comme un passage de témoin. On sait qu’il y a quelque chose de la réflexion de Jean-Baptiste dans l’attitude des parents pour leurs enfants : « il faut qu’il croisse et que je diminue ». C’est vraiment bouleversant d’entendre Jésus se placer dans les mêmes dispositions : il part vers le Père pour nous laisser la place. Pour que nous puissions déployer ce qu’il nous a donné. La foi est aussi l’acceptation d’une mission, c’est accepter que Dieu remette sa grâce entre nos mains, c’est une confiance en Dieu qui répond à la confiance de Dieu.

Parce que Jésus est le chemin, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme attachement à la promesse. Parce que Jésus est la vérité, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme accueil de sa Révélation. Parce que Jésus est la vie, lorsqu’il part vers le Père, s’ouvre le temps de la foi comme acceptation de sa mission.

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous guide sur le Chemin à la suite du Christ pour que nous avancions dans l’espérance. Arche de la Nouvelle Alliance qu’elle nous dispose à la Vérité manifestée par le Christ pour que nous soyons fortifiés dans la foi. Mère du Bel Amour qu’elle nous encourage dans la Vie communiquée par le Christ pour que nous déployons la charité et que nous puissions resplendir de la lumière de Pâques : le Christ est ressuscité ! Alléluia ! Il est vraiment ressuscité ! Alléluia !

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