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Père Charles Mallard-Les faux signes

13 novembre 2022

Les faux signes

33° Dimanche du Temps Ordinaire – Année C

Ml 3, 19-20a ; Ps 97 (98) ; 2 Th 3,7-12 ; Lc 21, 5-19

L’année liturgique se termine la semaine prochaine. Dans quinze jours nous entrons dans l’Avent qui commence un nouveau cycle de célébration et de méditation des mystères du Seigneur. Et comme tous les ans, les textes qu’on lit à la fin de l’année liturgique évoquent la fin des temps. Ce n’est pas forcément une mauvaise nouvelle puisque nous sommes invités à contempler la plénitude de la présence et de la puissance de Dieu. Mais comme le rappelait le prophète Malachie dans la première lecture, l’avènement du jour du Seigneur implique aussi la destruction de ce qui lui est opposé. Comme on est parfois plus habitués à ce qui n’est pas Dieu plutôt qu’à ce qui est Dieu, il n’est pas inutile de se préparer pour se trouver du bon côté au bon moment ! Et il ne s’agit pas de faire comme ceux qu’évoquent saint Paul et qui attendaient le jour du Seigneur en se laissant vivre, profitant des autres. En revanche, c’est sans doute pour avoir le temps de se préparer que l’on demande à Jésus, dans l’évangile : « quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? ».

Or, si l’on scrute bien les paroles de Jésus, sa réponse est très surprenante. Sans doute avez-vous remarqué qu’il annonçait un tas de choses désagréables, pourtant chaque fois il relativise : « ce ne sera pas aussitôt la fin » et encore « avant tout cela ». Donc si l’on comprend bien ce que le Seigneur dit, les signes qu’il donne, ne sont pas les signes de la fin ! Il parle des faux prophètes et des usurpateurs, des catastrophes et des persécutions, mais chaque fois il dit que ce n’est pas le signe ! Au lieu de donner les signes du Jour du Seigneur, il met en garde contre les faux signes. Finalement, le seul conseil qu’il donne pour se préparer c’est la conclusion de l’évangile : « par votre persévérance, vous garderez votre vie ».

Ainsi il y a d’abord les faux prophètes, ceux qui se font passer pour Dieu ou qui annoncent l’imminence de la fin. Et tout au long de l’histoire il n’a pas manqué d’homme soi-disant providentiel ou de prophètes de malheur. Que ce soit pour rassurer ou pour affoler, chaque époque a ses peurs et ses espoirs. Mais Jésus nous avertit de ne pas nous laisser égarer. En la matière, la persévérance, c’est la fidélité à sa parole. C’est elle qu’il faut garder, c’est elle qu’il faut suivre. Et ça n’est pas parce que quelqu’un se réclame de l’évangile qu’il lui est fidèle … la triste actualité nous rappelle que les prédicateurs les plus brillants ne sont pas toujours les plus recommandables ! C’est à l’évangile que nous devons nous attacher, c’est dans notre fidélité à la Parole de Dieu que nous devons persévérer pour éviter de nous laisser égarer par les faux prophètes ou les charlatans !

Ensuite il y a les catastrophes. Qu’elles viennent de la bêtise des hommes ou des caprices de la nature, elles sont spectaculaires ! Naturellement, quand on est pris dans la tourmente d’une guerre, d’une famine, d’une épidémie ou d’un tremblement de terre, on pense instinctivement que c’est la fin de tout. Il est facile de se décourager ou de se résigner dans ce genre de moment. Et pourtant Jésus nous avertit : « ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord ». Une manière de viser le beau temps après la pluie, de ne pas oublier le calme qui viendra après la tempête. Dans les catastrophes, la persévérance c’est la confiance qui nourrit la résistance. Confiance dans le mystère de Pâques qui nous rappelle que de tout mal peut sortir un bien, et que c’est ce bien que Dieu veut pour nous. Là encore, l’actualité de ces dernières années peut nous permettre de vérifier en quoi ou en qui nous avons mis notre confiance !

Enfin Jésus évoque les persécutions. Au moment où saint Luc écrit son évangile, elles sont déjà bien d’actualité, et elles le seront pour de nombreux siècles ! C’est peut-être l’épreuve la plus difficile car lorsqu’elle survient, elle nous concerne personnellement au plus intime de nous. Et pourtant Jésus nous donne les moyens de résister. « Vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense », « je vous donnerai un langage et une sagesse », « pas un cheveu de votre tête ne sera perdu ». Il nous invite donc à cette persévérance qui est fermeté. Quand on a peur, ce n’est pas le moment de lâcher la main qui nous conduit, mais c’est le moment de la serrer plus fort. Il nous appartient donc de rester fermement unis au Seigneur, surtout quand on cherche à nous en séparer.

Ainsi les faux prophètes, les catastrophes ou les persécutions ne sont pas les signes de la fin du monde mais des moments de persévérance. Persévérer dans la fidélité à la Parole de Dieu, persévérer dans la confiance en la Providence, persévérer dans la fermeté de notre communion au Christ. C’est ce que résumait sainte Thérèse d’Avila dans sa prière : « Que rien ne te trouble, que rien ne t’effraie. Tout passe, Dieu ne change pas. Qui tient à Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit ».

Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Etoile du Matin qu’elle nous préserve de nous laisser égarer par les faux prophètes ; Secours des chrétiens qu’elle nous préserve du découragement et de la résignation ; Reine des martyrs qu’elle nous soutienne dans les difficultés pour que nous puissions témoigner que le Christ est notre Vie, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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