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Père Charles Mallard-Suivre l’exemple de Marie

1 janvier 2023

Suivre l’exemple de Marie

Sainte Marie, Mère de Dieu

Nb 6,22-27 ; Ps 66 (67) ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21

Nous voici donc au huitième jour de la Nativité. Autrefois, calquant le calendrier liturgique sur la chronologie, l’Église fêtait la circoncision du Seigneur, le moment où – comme l’indiquait la conclusion de l’évangile – l’enfant reçut le nom de Jésus. Depuis la réforme liturgique, ce jour prend pour titre « Sainte Marie, Mère de Dieu », rappelant la décision du Concile d’Éphèse, en 431, de ne pas séparer les deux natures de Jésus, qui sont unies dans la même personne. C’est d’ailleurs typique de Marie : on ne peut pas en parler correctement sans se référer au Christ. Ce qu’on dit d’elle, renvoie toujours au Seigneur. Il ne s’agit donc pas de substituer la mère au fils, mais plutôt de prendre exemple sur Marie pour vivre le mystère.

Ainsi, en ce temps-là, Marie se trouve avec Joseph et le nouveau-né lorsque les bergers arrivent et racontent ce qui leur avait été annoncé. Sans doute, comme tous ceux qui étaient là, s’étonne-t-elle de leur récit. Mais saint Luc précise : « Marie cependant retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ».

La première attitude est donc la mémoire : « elle retenait tous ces événements ». Les savants suspicieux s’obstinent à trouver les plus mauvaises raisons du monde pour expliquer que les événements de l’enfance de Jésus ne peuvent qu’être inventés par ceux qui ne l’ont connu qu’une trentaine d’années plus tard ! C’est oublier cette présence discrète de Marie, au cœur de l’église naissante. Quoi de plus naturel pourtant, que les disciples interrogent la mère du Seigneur pour mieux le connaitre ? Mais plus profondément, la mémoire est un élément essentiel à la foi et à la vie spirituelle … en vérité, à la vie tout court aussi ! Aurions-nous vraiment besoin que le récit détaille ce que les bergers racontent devant la mangeoire de Bethléem ? Non, bien sûr, parce que nous nous souvenons de l’évangile proclamé dans la nuit, la semaine dernière, et nous savons donc ce qu’ils ont raconté … au moins dans les grandes lignes ! La mémoire est le lieu où s’inscrit en nous la Parole de Dieu, c’est par le souvenir que cette parole vient prendre corps dans notre vie. Tous les maitres spirituels insistent sur l’importance de prendre le temps de se souvenir de ce que nous avons vécu pour reconnaître la présence et l’appel du Seigneur.

Mais Marie ne fait pas que retenir, elle « médite dans son cœur ». La méditation est en quelque sorte la contemplation du mystère. Cela consiste à prendre et reprendre les choses pour en découvrir le sens. Comme on s’arrête devant un paysage ou un tableau pour en apprécier les détails, comme on caresse un diamant ou une perle pour en admirer les éclats. La parole de Dieu n’est pas un film qu’on cesse de regarder quand on réalise qu’on en connaît la fin, c’est un trésor inépuisable qui se déploie au fur et à mesure qu’on la médite. Dans la lettre aux Galates, saint Paul invite à cette méditation : « la preuve que vous êtes des fils, c’est que Dieu a envoyé l’Esprit de son Fils dans nos cœurs ». On passe de l’expérience à la compréhension, de l’observation à l’engagement : méditer, c’est comprendre que la Parole de Dieu s’adresse à nous, qu’elle nous concerne. Marie n’est pas la caméra de surveillance de l’enfance de Jésus, qui se contente d’enregistrer. Elle fait partie de l’histoire et cette histoire est aussi son histoire. Ainsi, par la méditation l’évangile devient notre histoire.

Enfin, il y a un troisième exemple que nous donne Marie. On le découvre derrière les mots de l’évangéliste : « l’enfant reçu le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception ». Marie a fait ce que l’ange avait dit, elle a choisi le nom qui avait été indiqué. Après tout, elle aurait pu choisir n’importe quel autre nom, personne n’en aurait jamais rien su, à part Joseph peut-être ! Mais non, elle accomplit la Parole de Dieu ! La parole n’est pas faite pour rester dans la tête, ni même dans le cœur, elle est faite pour être mise en pratique. Pour accomplir la Parole, Marie nous indique qu’il faut non seulement y consentir mais aussi s’impliquer. La Parole ne s’accomplit pas sans nous. La bénédiction que Dieu donne à Moïse pour qu’il la transmette à Aaron, celle que rappelait le livre des Nombres, ne se fait pas sans celui qui la dit, mais elle ne se fait pas non plus sans celui qui la reçoit. « Que le Seigneur tourne vers toi son visage », cela suppose que nous-mêmes aussi nous tournions vers Dieu notre regard pour contempler le visage qui se donne à voir.

Suivons donc l’exemple de Marie pour que le mystère de Noël ne soit pas une fête oubliée dès que les décorations seront rangées et que la vie reprendra son cours habituel. Soyons attentifs à retenir ce que Dieu nous donne à vivre ; méditons la Parole pour l’entendre résonner au cœur de notre cœur ; mettons en pratique ce que nous aurons découvert de la présence du Seigneur.

Que la Vierge Marie, Mère de Dieu, Avocate des Toulonnais, nous accompagne auprès de l’enfant de la crèche. Fille de Sion, qu’elle nous apprenne à nous souvenir de la Parole. Etoile du Matin, qu’elle guide nos cœurs pour que nous remarquions le souffle de la brise légère. Trône de la Sagesse, qu’elle nous encourage à répondre à l’appel du Seigneur, pour que resplendisse sur nous son visage et que nous participions à l’œuvre de Dieu, dès maintenant et pour les siècles des siècles.

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