Père Charles Mallard-Les bases de l’ordinaire
Les bases de l’ordinaire
2° Dimanche du Temps Ordinaire – Année A
Is 49, 3.5-6 ; Ps 39 (40) ; 1 Co 1,1-3 ; Jn 1,29-34
Tout d’abord nous avons entendu le témoignage d’Isaïe qui rapporte le sens de sa mission. Il a été appelé pour rassembler le peuple de Dieu, et même plus largement toute l’humanité. On retrouve cette notion d’appel au rassemblement dans le nom même d’église, qui signifie – en grec – assemblée convoquée, c’est-à-dire rassemblement de ceux qui ont été appelés. Ce qui est premier dans notre vie chrétienne c’est donc la parole de Dieu, une parole qui nous appelle à nous rassembler auprès du Seigneur. Et cet appel n’est pas réservé à un petit groupe de rescapés mais il retentit jusqu’aux extrémités de la terre. Il y a un lien très fort entre la dynamique d’appel et la perspective de rassemblement universel. C’est parce que Dieu est à origine, que le but est à sa mesure. Le signe que nous écoutons la Parole, c’est que nous ne choisissons pas ceux qui nous rejoignent. Nous devons être attentifs à vivre notre foi dans cette dimension d’Église, non pas comme institution à défendre ou comme communauté à préserver, mais comme élargissement de notre cœur aux dimensions du cœur de Dieu.
Ensuite il y avait le témoignage de Jean-Baptiste, qui désigne Jésus comme « l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ». Voilà une expression qui revient souvent au cours de la célébration, mais qui reste souvent mystérieuse. Il faut dire que nous ne sommes plus vraiment habitués aux sacrifices, surtout ceux qui se pratiquaient dans le Temple ! L’agneau étant ce que l’on offrait pour demander pardon d’un péché, il s’agit donc de se rappeler la dimension de salut. C’est Dieu lui-même qui vient nous sauver en nous pardonnant, en nous libérant du poids de nos péchés. Jésus vient briser le cercle infernal du péché qui nous éloigne de Dieu : trop souvent le péché entraîne le péché et ce qui était refus ou négligence devient incapacité. Ce témoignage de Jean-Baptiste, nous sommes invités, avant la communion, à l’accueillir en reprenant la prière du centurion : « Seigneur je ne suis pas digne de te recevoir … ». Si le salut est donné, encore faut-il le recevoir. Aussi devons-nous veiller à vivre notre foi dans cette disponibilité au salut qui s’exprime par l’humilité de la prière. Le désir de Dieu, l’invocation de sa puissance est comme l’inspiration de la vie spirituelle.
Enfin il y avait le témoignage de Paul, à travers la salutation aux Corinthiens, il manifeste une troisième dimension de la vie chrétienne : « ceux qui ont été sanctifiés dans le Christ Jésus et sont appelés à être saints ». Cet appel à la sainteté est un rappel de notre objectif : demeurer en Dieu, non pas comme des observateurs ou des accessoires, mais en partageant sa vie, en lui ressemblant toujours plus. C’est pourquoi Jésus vient baptiser dans l’Esprit-Saint : pour que nous soyons plongés dans le souffle de Dieu, que nous nous laissions transformés par lui. C’est le troisième point d’attention pour ce temps ordinaire : être dociles à l’Esprit-Saint, nous appuyer sur lui et le laisser guider nos vies, qu’il assouplisse ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rende droit ce qui est faussé. Notre vie ne sera spirituelle, que si elle est une vie dans l’Esprit-Saint.
Voici donc les repères qui nous sont donnés pour ce temps ordinaire, pour vérifier que nous sommes ordinairement fidèles à notre baptême : écouter l’appel du Seigneur qui nous rassemble ; être disponibles au salut dans l’humilité de la prière ; rester dociles à l’Esprit-Saint pour nous laisser configurer par lui.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette Parole et à la mettre en pratique. Mère de l’Église qu’elle nous apprenne à aimer aux dimensions du cœur du Père. Refuge des pécheurs qu’elle creuse en nous le désir du Salut. Temple de l’Esprit-Saint qu’elle nous entraine dans le souffle de Dieu, pour que nous demeurions en lui comme il demeure en nous dès maintenant et pour les siècles des siècles.