Père Charles Mallard-Quelques conditions de la vie chrétienne
Quelques conditions de la vie chrétienne
13° Dimanche du Temps Ordinaire- Année A (fête de Saint Pierre et Saint Paul)
2 R 4,8-11.14-16a ; Ps 88(89) ; Rm 6,3b-4.8-11 ; Mt 10,37-42
Si les textes que nous venons d’entendre sont ceux du 13ème dimanche du Temps Ordinaire, ils nous invitent à méditer sur la vie chrétienne, dont saint Pierre et saint Paul que nous honorons aujourd’hui sont des témoins et des exemples.
L’évangile commence par des paroles qui peuvent choquer et paraître excessives. Mais elles ne disent pas qu’il ne faut pas aimer son père et sa mère, son fils ou sa fille … ce serait bien étonnant que Jésus nous demande de ne pas aimer ! L’évangile nous rappelle surtout qu’il y a un choix fondamental à l’origine de notre foi : préférer le Christ. Et comme tout choix, cela implique de sortir du confort de nos habitudes. Si le pêcheur voulait rester solidement attaché au quai où son navire est en sécurité, il ne rapporterait pas grand-chose ! La pêche de loisir, tout honorable soit-elle, n’a pas la même ampleur ni la même importance que la pêche professionnelle ! Eh bien le Christ nous invite à ne pas être des chrétiens de loisir ! Nous pouvons espérer ne pas être confronté à des choix dramatiques, mais c’est parfois dans les petites choses que se manifestera notre préférence pour le Christ : participer à la messe avant de rejoindre une réunion de famille, exprimer une opinion différente de celle de nos proches qui ne partagent pas notre foi … Si nous voulons suivre le Christ, il faut le choisir et ne pas se laisser porter par la routine ou les caprices de notre entourage.
Ensuite Jésus évoque le fait de prendre sa croix, de perdre sa vie à cause de lui. Cela rejoint l’enseignement de saint Paul, dans la deuxième lecture : « par le baptême nous avons été unis au Christ ». Il s’agit de réaliser que la vie chrétienne implique une ressemblance avec le Seigneur. N’est-ce pas lui le premier qui a porté la croix ? Lui le premier qui a donné sa vie pour nous ? Dans sa lettre aux Romains, saint Paul explicitait ce que signifiait cette ressemblance : « pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus Christ ». Il ne s’agit pas tant d’une situation que d’un apprentissage. On pourrait dire qu’il y a un savoir-faire chrétien qu’il faut apprendre et cultiver. Comme le pêcheur de profession s’efforce d’avoir un savoir-faire plus grand et plus précis que le pêcheur amateur, nous ne pouvons pas nous contenter d’être des chrétiens amateurs. Bien sûr il ne s’agit pas de savoir-faire le signe de la Croix ou de connaître les prières … tout cela est bon, mais ça n’est pas suffisant ! Le savoir-faire chrétien, c’est d’abord ce combat spirituel pour mourir au péché et mener une vie nouvelle.
Enfin l’évangile évoquait l’accueil, en écho à la première lecture et à l’accueil du prophète Élisée par la femme de Sunam. « Qui vous accueille m’accueille, et qui m’accueille accueille celui qui m’a envoyé ». En vérité, si ces paroles sont sans doute un encouragement pour les apôtres, il s’agit surtout d’une invitation à l’accueil. Mais Jésus précise : accueillir un prophète en sa qualité de prophète, accueillir un juste en sa qualité de juste. Il y a donc un discernement, un accueil qui est commandé par la reconnaissance dans celui qu’on rejoint de la présence de Dieu en lui. Cela vient d’ailleurs corriger ceux qui verraient dans les premières paroles de l’évangile un appel à s’isoler en négligeant toute relation. Comme il y a un savoir-être chez le pêcheur qui sait où pêcher, quand pêcher et quoi pêcher pour préserver les ressources, il y a un savoir-être chrétien qui sait reconnaître la présence de Dieu dans ceux qu’il rencontre, et qui manifeste sa relation à Dieu dans sa relation aux autres. Ce n’est pas une technique, mais une disposition du cœur à laquelle rien ni personne n’oblige, mais qui donne sens à ce que l’on vit et à ce que l’on proclame.
Comme saint Pierre et saint Paul, colonnes de l’Église, ont témoigné par leur engagement, leurs efforts et leur fidélité, du choix qu’ils ont fait de suivre le Christ et de répondre à son appel, soyons, nous aussi, à notre manière, de ceux qui suivent le Christ parce qu’ils l’ont choisi et préféré, qui s’efforcent de lui ressembler et de le reconnaître dans ceux qu’ils croisent.
Que la Vierge Marie, Avocate des Toulonnais, nous aide à entendre cette parole et à la mettre en pratique. Vierge fidèle qu’elle nous apprenne à choisir de Christ à chaque moment de notre vie. Miroir de la Sainteté de Dieu qu’elle nous accompagne dans le combat spirituel pour que nous puissions ressembler toujours mieux au Seigneur. Mère du Bel amour, qu’elle nous encourage à reconnaître la présence de Dieu dans ceux que nous rencontrons, pour l’accueillir en les accueillant, et demeurer en lui comme il demeure en nous, dès maintenant et pour les siècles des siècles.